Épopée d'une Popa'ā

Administratif quand tu nous tiens.

En France, nous avions regardé les différents opérateurs téléphoniques. Pour les portables, on n'a pas à aller cherché loin. En Polynésie, à part Vini et Vodafone, tu as... ben Vini et Vodafone.

Les deux fournisseurs sont présents au Carrefour de Arue. De retour du travail, Jules prend une douche rapide avant de sauter dans la voiture. Nous nous garons donc dans le parc de stationnement souterrain situé en dessous du supermarché. Pour ma part, j'apprécie fortement cette installation. Je me voyais mal revenir dans une voiture qui aurait tout du four ambulant. Nous montons par le tapis roulant. C'est la première fois que j'en vois un utilisable avec les caddies. J'ai l'impression d'être une attardée tellement cela me paraît magique et bien pensé.

Après un aller-retour entre les deux boutiques, nous en choisissons un. Nous nous empressons de mettre nos nouvelles carte SIM dans nos téléphones, avec l'impression que la civilisation a reprise ses droits. Cette idée nous fait rire bien cinq minutes, temps qu'il nous faut pour rejoindre la personne s'occupant des abonnements ORA, au rayon multimédia du supermarché. Leur système de modem que l'on peut emmener partout est plutôt bien vu. C'est comme transporter son WIFI avec soi. L'idée de forfait rechargeable ne conviendra pas à nos besoins. J'aime le « illimité ». Ça a l'avantage d'être illimité, justement. Sauf que le « illimité » en question a ses limites en Polynésie. Il n'existe pas les offres tout illimité comme chez nous. Nous devrons nous acquitter du coût des appels. Pour Vini, il faut déjà ouvrir une ligne à l'OPT qui n'est autre que la poste, la banque postale et l'ancien France Télécom de chez nous. Puis attendre quinze jours pour que cette ligne soit accessible. Ensuite, il faut encore attendre pour avoir le net.

Nous apprenons qu'en Polynésie on ne dit pas numéro de portable, mais Vini. Ce mot a lui tout seul suffit. Même si à la base Vini est le nom d'un tout petit riquiqui oiseau, qui est d'ailleurs le symbole du fournisseur internet, on donne son vini pour être téléphoné.

Ouvrir les compteurs d'eau et d'électricité est plus simple. Enfin « ouvrir », si je peux dire. Le parrain de mon homme s'était assuré que nous aurions eau, gaz et électricité à notre arrivée. Nous avons donc finalisé l'ouverture officielle des compteurs en nous rendant aux agences. La similitude entre les noms EDT et EDF me font sourire. Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple.

Le mardi matin, je m'attelle aux formalités civiques. Un petit tour à la mairie de Pirae pour être dans les bons registres et pouvoir ainsi mettre notre fille dans le bon collège. Le bâtiment de la mairie me fait automatique pensé à l'ère coloniale. Je suis autant ébahie par la beauté de ce bâtiment, avec ses grandes colonnes, qu'attristée de ne pas voir une bâtisse typiquement polynésienne. Le parc autour de la mairie est simple, mais grand et convivial. Un rond-point dans l'enceinte du parc permet de déposer des personnes ou du matériel devant la porte ou les escaliers de la mairie, et de partir sans avoir à manœuvrer. Le kiosque à musique est magnifique. À droite de la mairie, un fare pōte'e, petit abri qui ressemble à une maison sans murs, est niché au milieu des arbres, près de la rivière Hamuta.

Après avoir rempli mes obligations administratives, nous faisons le tour du parc. Je remarque l'entrée de la police municipale dans la partie droite du bâtiment. Nous sortons de l'enceinte de la mairie par le portail qui donne face à la police pour ressortir rue Anthony Bambridge. Nous décidons de nous promener un peu. Nous remontons la rue en direction de la montagne. La route du Belvédère retient notre attention. Jules en a entendu parler par ses collègues cyclistes à son travail. Il a hâte de recevoir la caisse pour enfin se lancer sur les routes de Tahiti. Il me propose d'aller voir, mais après quelques minutes d'accessions, nous faisons demi-tour la langue pendante. Nous mesurons la nécessité d'avoir toujours de l'eau sur nous.

Trempés, nous rentrons chez nous pour un bain d'ombre et de fraîcheur.