Les Maraudeurs et la Rose du Chaos (tome 2)

Chapitre 114 - SIRIUS BLACK

La nuit tombait. Du moins, c'était ce que Sirius imaginait. Car sous ces arbres touffus, que le soleil soit haut dans le ciel ou non, il faisait toujours sombre. Ils traversaient la Forêt interdite depuis un petit moment, maintenant, restant sur leurs gardes. Emilia, en tête, évoluait sans aucune hésitation, sa baguette à la main, silencieuse. A côté de Sirius, James suivait le mouvement. Et derrière eux, Peter tentait de ne pas se laisser distancer.

Le cœur de Sirius se mit à battre la chamade. Remus... Jenna... Pourvu qu'il ne vous soit rien arrivé... Au début, il avait eu la hantise de découvrir, au bout du chemin, Remus et Jenna dans le même état que les malheureuses victimes du monstre ; les yeux dans le vide, les lèvres bleues, leurs corps tremblants. Mais, alors qu'il avançait au cœur de la forêt, une pensée plus horrible encore traversa son esprit.

J'ignore si Remus et Jenna sont toujours en vie ; c'est la première fois que les monstres capturent des élèves, avait dit Emilia. Elle avait raison. Et si les monstres les avaient capturés pour les dévorer ?

A cette seule pensée, une envie d'accélérer le pas s'empara de lui. Il voulait intervenir au plus vite et cette marche interminable le rendait malade.

- Est-ce qu'on est bientôt arrivé ? demanda-t-il.

- Bientôt, se contenta de répondre Emilia d'une voix presque inaudible alors qu'elle cheminait toujours en tête du cortège.

- Vraiment ? fit James. Tu sais où ces bestioles ont traîné Remus et ma sœur ?

La réponse d'Emilia tarda à venir.

- Je crois le savoir, oui.

- Il y a quelque chose que je ne m'explique pas. Remus et Jenna ont été attrapé par ces monstres à l'extérieur du château, non ?

- Oui. A la lisière de la Forêt interdite.

- Que faisais-tu à l'extérieur du château, toi ?

- Tu le sais bien. Je cherchais Remus.

- Mais comment savais-tu qu'il s'était rendu à l'extérieur du château ? Comment savais-tu où le chercher ?

- Tu crois que c'est le moment de parler de ça, James ?

- Tu dis que ces monstres ont capturé Remus et Jenna sous tes yeux, que tu as essayé de les sauver, que tu t'es faite blesser et que tu es allée nous chercher pour t'aider... Tout ceci en à peine quinze minutes ?

Soudainement, Emilia s'arrêta de marcher. Ils se trouvaient au beau milieu d'une petite clairière. On pouvait voir le ciel. Il était sombre mais il ne faisait pas totalement nuit, encore.

Emilia se tourna vers eux, une main toujours posée sur ses côtes, où la blessure continuait à saigner.

- Tu te poses ces questions trop tard, laissa-t-elle tomber.

Sirius sentit soudainement un mauvais pressentiment s'emparer de lui. La manière dont s'était arrêtée Emilia... Ce n'était pas une simple pause pour mettre les choses au point avec James comme il l'avait pensé. Il avait l'impression qu'au contraire, ils s'étaient arrêtés précisément là où Emilia voulait les emmener.

Soudainement, une voix désagréablement familière aux oreilles de Sirius retentit, venant de l'obscurité de la forêt.

- Tu me ramènes tes petits fouineurs, Eudocine ?

C'est alors que Bellatrix et son sourire de folle sortirent des ténèbres. Elle s'avança au cœur de la clairière.

Elle avait sa baguette à la main, elle était vêtue d'une longue cape noire et d'un corset et ses longs cheveux bouclés semblables aux plumes d'un corbeau tombaient sur ses épaules. Une lueur de cruauté brillait au fond de ses yeux noirs, sous de lourdes paupières.

Elle avançait dans leurs dos. Sirius, James et Peter se retrouvèrent acculés, coincés entre Bellatrix et Emilia.

- Ils sont tous là, dit cette dernière sans lâcher sa blessure de sa main gauche, les trois autres dont je t'ai parlé, Bella.

- Je vois ça. Et sans surprise, mon petit cousin est parmi eux. Comment est-ce que tu vas, Sirius ? Ta scolarité se passe bien ?

- Espèce de sale... Qu'est-ce que tu fiches ici ? rugit Sirius en fusillant sa cousine des yeux. Qu'est-ce que tu comptes nous faire ?

- Tu te rappelles ce que je t'ai dit, l'été dernier ? Un jour, ta mère ne sera plus là pour te protéger. Mais je ne pensais pas que ce jour arriverait si vite.

Elle leva sa baguette.

- Tu comptes nous tuer ? lança James. Tu comptes tuer trois élèves de Poudlard si proche du château ?

- Oh, mais ne serait-ce pas le fils Potter ? minauda Bellatrix comme si c'était Noël. S'il y a bien une chose que j'ai apprise en étant Mangemort, c'est que pour atteindre un sorcier, il faut s'en prendre à sa famille. Et quelle meilleure façon d'atteindre Fleamont Potter qu'en tuant son propre fils ?

Sirius eut le même réflexe qu'il avait eu face à Mallory, un an plus tôt. Gagner du temps, même si, cette fois encore, il ne savait pas très bien en quoi cela allait les sauver.

- Alors tu l'avoues ? dit-il sans quitter sa cousine des yeux. Tu es bien une Mangemort ?

Derrière lui, il sentit Peter qui tremblait de tout son corps.

- Bien sûr que j'en suis une, répondit Bellatrix avec un sourire cruel, tous les grands sorciers de ce temps en sont un. Ce qui ne le sont pas mourront ou seront soumis à notre pouvoir.

Sirius sentit James se tourner vers celle qui avait été leur surveillante durant toute l'année.

- Emilia, dit-il, toi aussi ? Toi aussi, tu es une Mangemort ?

Sirius quitta Bellatrix des yeux et regarda Emilia. Était-ce possible ? Cette fille qu'ils avaient appréciée, qu'ils avaient admirée, qui avait toujours été gentille avec eux... Pouvait-elle être au service de Tu-Sais-Qui ?

- Ne m'appelle pas Emilia, répondit-elle d'une voix méconnaissable, Emilia Kent n'existe pas. Je suis Eudocine Wandcaster, la fille du Maître des Ombres, Orestus Wandcaster, fidèle dévouée au Seigneur des Ténèbres.

Bellatrix eut un rire de dément, comme si elle savourait pleinement ce moment. Sirius raffermit sa prise sur sa baguette. Même s'il savait qu'ils n'avaient aucune chance face à deux Mangemorts, il ne se rendrait pas sans se battre.

- Je vous l'ai dit à maintes reprises durant l'année, non ? reprit la fille Wandcaster. Je vous ai averti : ne mettez pas vos nez dans des affaires qui vous surpassent. Vous n'avez pas écouté. Voilà où nous en sommes aujourd'hui...