L'infirme et l'oiseau

La colère des monstres

Soudain, un hurlement bestial déchira le drap de cette rumeur. Il enfla, comme une litanie sinistre. Un fracas de pierre brisée retentit de concert avec les hurlements des esclaves, du bétail et des habitants. La bête que j'aperçus me glaça le sang : une masse de fourrure bleu électrique hérissée, énorme, des griffes de la taille du katana qui tremblait dans ma main, des crocs affûtés que la bête exhibait, une queue touffue et des pattes massive. Mon chameau paraissait ridiculement petit à coté... Mais le pire restait ses yeux... Deux puits immenses de sang et de violence.Tel un chat en pleine bagarre, la créature faisait le gros dos, hérissant la masse de poils bleu qu'était son corps. Le monde semblait se transformer en une gigantesque explosion de cris, de sang, de griffes et de fourrure. Les archers se tournèrent vers la bête qui venait de faire sauter l'un des bâtiments qui surmontaient la place. Les flèches sifflèrent, de concert, avant de percuter la masse lapis-lazulite , la faisant hurler de fureur. Tout le monde se boucha les oreilles, tandis que la créature neutralisait les archers, à grand renforts de gravats et de lambeau de murs. Une apocalypse de pierres et de sable. Les plus courageux profitèrent de la panique générale pour sortir de la ville. Moi, j'étais incapable de bouger, hypnotisé par la puissance de la bête. Soudain, la lune sortit de son drap de nuages et fit miroiter ses griffes. Un éclat de lapis-lazulite ornait chacune d'elles... Où avais-je déjà vue ce motif bleu? Un croissant de lune... Les shurikens d'Alina!! Avant de pouvoir formuler ma conjecture, un bruit perçant me lacéra les oreilles. Une autre bête, plus immonde encore que la première se redressa à l'autre bout de la place. Un cobra rouge-braise lança un deuxième cri, dévoilant des crocs de la taille de mon bras avant de sauter avec une détente formidable par dessus moi et la pagaille environnante. sa gorge aux reflets mouvants déploya sa collerette, véritable reproduction des braises ardentes. L'explosion de fourrure bleu se jeta sur la monstruosité rouge qui battit l'air de sa collerette forçant l'autre à lutter contre de violentes rafales. Je voulais intervenir. Sans que je puisse me l'expliquer, j'étais du coté de la créature bleu. Je n'avais pas encore vus que la jeune esclave était toujours à mes cotés. La trompe d'alerte scintilla au clair de lune et ébranla tout ce qui restait de l'esplanade. Le cobra se tourna lentement vers moi et je compris que c'était ce qu'attendait la créature bleu: une diversion. Je rassemblai le peu de courage qui me restait avant de dégainer le katana avec un tintement maladroit. Le fait est que je n'avais jamais utilisé ce genre d'armes jusqu'à aujourd'hui, donc je m'apprêtais à me faire transpercer la gorge par les crocs imbibés de sang et de venin de la bête avant d'avoir pus dégainer entièrement. Celle-ci ne vit pas l'éclair rouge décrire une trajectoire gracieuse et rapide des doigts de la jeune esclave jusqu'à la gorge carmin d'où jaillit jet sanglant, suivit d'un un cri déchirant . Ce fut un de ces cris qui percent les tympans et donnent de acouphènes à vous faire saigner les oreilles. Puis, ce fut comme si elle fondait, la masse rouge qui composait son corps se liquéfia pour ne devenir qu'une petite flaque écarlate aux reflets sombres sous la lune. Une tache de sang parmi les autres. La créature bleu avait suspendue son geste. Elle posa sa patte par terre et ses yeux prirent une teinte bleu, presque noire. Elle avança vers nous et regarda l'ancienne esclave dans les yeux. Pendant presque une minute. Puis, doucement, la jeune fille posa sa main sur le museau du gros chat bleu... qui se mit à ronronner puis à rapetisser pour former une boule de poils de la taille d'une jeune fille qui se transforma lentement en Alina.

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Voilà, voilà! Désolée pour le retard, j'ai pas vraiment eu le temps d'écrire ce mois-ci.