Chapitre 22 Légendes dangereuses

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Des heures durant, ils soignèrent Geoffrey. Chaque nouvelle plaie qu'ils découvraient sur son corps horrifiait d'avantage Adam. Le jeune fée l s'en voulait. C'était en partie sa faute si son père était parti courir un tel danger.

Quand Adam avait laissé ses parents partir à la côte pour chercher les enlevés, il n'avait en rien imaginé qu'ils courraient de tels risques. S'il avait su, il aurait insisté pour échanger sa place contre celle de son père, kraken ou non. Cette journée semblait vouloir propulser Adam vers le gouffre de la réalité. Les morts, les blessés... tant de choses qu'il n'avait pas imaginées ainsi. Pourtant, il avait cru savoir dans quoi il s'était embarqué. N'avait-il pas lui-même tiré une main de sorcière arrachée à coups de dents d'un aquarium géant ?

Des images s'imposèrent peu à peu à l'esprit du jeune fée. Les visages sans vie des deux chiens et l'ogre hurlant de douleur se superposaient et se mêlaient à tant de scènes qu'ils n'avaient encore jamais vues et qui pourtant lui semblaient si réelles. Des visages inconnus défigurés par la douleur et la peur. Des familles courant à toutes jambes pour échapper aux ténèbres étranges qui les poursuivaient. Du sang ruisselant sur la neige. 

"Adam ?" Appela la voix de Rose, le tirant ainsi de ses visions. "Les bandages !"

Secouant la tête pour se reprendre, Adam tendit le rouleau de toile blanche à sa mère. 

Heureusement, Rose et particulièrement Campanule s'avérèrent très douées en matière de restriction des dégâts. Bientôt, Geoffrey reprit une couleur plus naturelle. Les effets de la magie des fées n'étaient pas aussi efficaces sur un humain que sur l'un de leurs congénères mais c'était mieux que rien. L'homme restait faible et semblait très malade, mais au moins ses plaies adoptèrent un aspect moins dévastateur et son teint ne ressemblait plus à celui d'un mort-vivant.

Les autres jeunes gens attendaient en silence dans la salle à manger. Ils ne savaient ni quoi dire, ni quoi faire. Louise et Daniel n'osaient pas raconter les circonstances de ce malheur aux autres tant qu'ils n'étaient pas certains de revoir Geoffrey vivant. Et les trois autres n'avaient pas le courage de leur poser des questions.

Collie priait pour que les pouvoirs protecteurs de la maison de Rose fassent leur effet et qu'aucun chien du gouvernement ne vînt frapper à leur porte. Il espérait avant toute chose que ceux-là ne possédaient pas d'autres familiers plus effrayants encore qu'un ogre de la forêt. 

Par chance, personne ne vint frapper à la porte des Marronniers ce soir-là. Peut-être, les chiens étaient-ils persuadés que les évadés avaient tous pris la fuite par les bois. Ou alors, ils préparaient éventuellement quelque chose de plus efficace qu'une patrouille de chiens. Collie l'ignorait mais pour l'instant, ils semblaient en sécurité. 

Après une longue nuit d'attente, la porte du salon s'ouvrit enfin et, épuisée, Rose en sortit la première pour aller se servir un verre d'eau. Sa fille l'imita mais Adam ne quitta pas la pièce.

"Il va... bien ?" Demanda Rémy.

"Mieux, je dirais." Répondit Rose.

Les deux femmes allèrent s'asseoir en silence. Tous purent voir qu'elles étaient au bout du rouleau. Campanule se massait sans cesse la nuque.

Rémy se tourna vers elle et posa sa main sur l'une de ces épaules tendues au possible.

"Et toi, ça va ?" S'enquit-il.

La jeune fée n'était pas d'humeur à exhiber son affection pour cet humain. Voir son père si grièvement blessé l'avait rappelée à ses craintes les plus effroyables.

Ne voulant pas être ingrate, elle tenta néanmoins un sourire.

"Oui, oui." Soupira-t-elle. "Ne t'en fais pas."

Les portesTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang