Partie 2 - Prise de conscience - Grandir

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Pour le dernier jour à « Sport & Fun » et pour la première fois des vacances, Kilian fut le premier réveillé. Alors même que le soleil se levait timidement, il s'était rendu dans le plus simple appareil dans le bassin sportif du camp. Il avait enchainé les longueurs sans personne pour le regarder, le questionner ou le juger. Il ne pensait à rien. Le flot frais et l'effort contractaient tous les muscles de son jeune corps. Puis, après de longues minutes à se maltraiter lui-même, il sortit de l'eau, fit trois pas et se laissa tomber encore mouillé dans l'herbe verte. Il était Adam avant la création d'Eve. Seul au monde. Le gazon lui chatouillait le ventre et le reste tandis que de légers courants d'air lui caressaient le dos et les fesses. Il ne sut pas combien de temps il resta dans cette position. Il s'en fichait. Le soleil était son horloge. Les rayons de l'astre lui indiquaient l'heure en séchant ses cheveux. C'était Phoebus lui-même qui réchauffait le jeune Apollon.

Quand enfin, il eut la certitude que le moment était venu, il se rhabilla et se rendit au réfectoire. En le voyant arriver, Jules lâcha ses tartines et se jeta sur lui.

« Kilian, t'étais où ? Il s'est passé quoi hier ? Je t'ai vu partir avec Aaron, mais t'es jamais revenu et on t'a retrouvé en train de dormir comme un bébé sous tes draps ! Et ce matin, je me réveille, t'étais plus là ! »

Kilian ne regarda même pas son camarade. Il s'assit et se servit un verre de jus d'orange qu'il but d'un seul trait, avant d'enfin répondre :

« Tu sais Jules, je t'aime bien mais… Stop, là. Juste… Arrête de poser des questions. S'il te plait. »

Le jeune garçon resta bouche bée devant la réaction de son copain. Pour la première fois en quinze jours, Kilian venait de l'envoyer bouler. C'était largement suffisant pour lui faire comprendre qu'il s'était passé quelque chose, mais aussi qu'il ferait mieux de ne pas chercher à savoir quoi. Kilian continua :

« Excuse-moi de te parler comme ça, je devrais pas… Mais… S'il te plait, pas de question. »

Jules n'avait plus la moindre volonté d'en poser. Il n'allait quand même pas se fâcher avec Kilian le dernier matin au risque de gâcher son petit déjeuner.

Aaron, lui, ne se montra pas. Il était resté dans la chambre pour préparer son sac, grignotant quelques barres de céréales qu'il avait retrouvé dans une poche. Lorsque Lucas lui demanda pourquoi il ne voulait pas se rendre avec eux chercher la collation du matin, il répondit d'un air laconique, le visage marqué par un large sourire.

« Pas faim ! Déjà mangé ! »

Puis ce fut déjà l'heure des « au revoir ». Avec le visage tiré d'un homme de quarante ans alors qu'il n'en avait que vingt-cinq, Fred souhaita un bon retour à tous les jeunes vacanciers, récitant par cœur le discours d'adieu qu'il avait soigneusement appris. Quand il souhaitait à tous les jeunes de revenir l'année prochaine, il se souhaitait à lui-même de ne jamais revoir certains des monstres qui lui avaient pourri ces deux semaines. Personne ne l'écoutait vraiment, mais ça n'avait pas l'air de le gêner plus que d'habitude. De son côté, Kilian attendait le départ de manière paisible, assis sur son sac et vêtu de son jogging vert. Il savait que son père était en déplacement et que c'était donc Cédric qui viendrait l'accueillir à la sortie du car. Il voulait absolument faire plaisir à son grand frère en lui montrant à quel point il aimait cet ensemble qui méritait d'ailleurs un bon passage dans la machine à laver. Il ne lui restait de toute manière plus une seule tenue propre, et n'ayant porté celle-ci qu'à peu de reprises afin de ne pas l'abimer, elle demeurait encore ce qui lui restait de moins sale.

Juste avant de monter dans le car qui le ramenait chez lui, Léna lui agrippa le bras et l'entraina à l'écart.

« T'as bien noté mon Skype Kilian hein ! Tu m'appelles dès que tu es chez toi ? »

Ce qu'il aimaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant