XXII - Ce n'est plus une enfant

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— Alex ! Qu'est-ce qu'il se passe ? me demande-t-elle en arrivant devant moi.

Je jette un œil derrière moi et constate qu'Irina n'est plus là. Elle a dû monter avec Léna.

— Entrez, je vais vous expliquer.

Quatre paires d'yeux m'observent et ne peuvent que constater mon désarroi. Nous nous installons dans le salon et prenons place chacun sur une assise.

— Où est Léna ? m'interroge Marina la cherchant dans la pièce. Elle ne supporte déjà plus d'être dans la même pièce que toi ?

Sa tentative d'humour n'arrive même pas à m'arracher un sourire.

— Jusqu'à ce matin tout se passait très bien. Mais... j'ai eu une visite qui l'a secoué.

— Tu peux être plus clair s'il te plait, me fusille Marina.

— Notre père est passé avant que vous n'arriviez. Il a été bloqué au niveau du portail. Il voulait me parler, mais le ton est monté entre nous. J'espérai que Léna ne le voit pas, ni ne l'entende, mais elle se trouvait dans la cuisine au moment de l'altercation. Elle a donc vu qui était là.

— Tu n'es pas en train de nous dire que Léna a croisé ton père ? s'inquiète Nikolaï.

— Non, elle n'est pas sortie. Mais l'entendre et l'apercevoir l'a ramené au soir du meurtre.

— Tu avais promis qu'elle serait en sécurité ici, Alex, souffle Marina. Imagine s'il était entré dans la maison et l'avait vu ?

— Elle ne craint rien à l'intérieur, et tu le sais. S'il avait franchi le portail, mes gars lui aurait tiré dessus. Ils ont des consignes le concernant.

— Où est-elle à présent ? s'enquiert Nicky.

— Dans sa chambre avec sa cousine. Je l'ai appelé, car Léna était prostrée dans le placard sans que je n'arrive à l'en sortir.

— Tu penses qu'on peut aller la voir ? demande ma sœur.

— Oui, ça lui fera sûrement du bien de voir des visages familiers. Sa chambre est au fond sur la gauche.

Marina et Nicky se lèvent et se dirigent vers l'escalier pour aller rejoindre Léna. Je jette un regard vers mes deux amis. J'ai l'impression de voir les rouages du cerveau de Niko tourner à plein régime. Anton, lui, semble plus anxieux.

— Comment vas-tu ? me demande ce dernier.

Je souffle un bon coup avant de répondre.

— Je suis en colère contre mon père, bordel ! Il y a encore un peu plus d'une heure, Léna était souriante, heureuse. Et en quelques minutes... Si ça se trouve, elle va vouloir quitter la maison dès aujourd'hui.

— Eh ! Elle est bien plus forte que tu ne le penses, intervient Niko. Elle a très certainement été choquée de l'apercevoir et l'entendre, mais elle comprendra rapidement que tu n'y es pour rien et qu'il faut qu'elle reste ici.

— J'aimerais être aussi confiant que toi.

— Et sinon, comment se sont passées ces deux semaines ? m'interroge Niko.

— On ne s'est pas beaucoup vu. J'ai pas mal bossé. On s'est croisé quelques fois le soir. On a plus interagis ensemble hier soir et ce matin, que ces deux dernières semaines.

— Tu as cherché à l'éviter ? devine Anton.

— Disons que je voulais la laisser s'habituer à la maison.

— Donc tout se passe bien entre vous, continue Anton.

J'observe mon ami. Son sourire en coin vaut tous les discours. Il veut me faire parler de l'évolution de notre relation amicale, voire peut-être plus.

Killer's eyesWhere stories live. Discover now