XXII - Ce n'est plus une enfant

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Alexander

Trente minutes que je tente de calmer Léna et la faire sortir de ce placard, mais rien n'y fait. Elle reste prostrée, les genoux repliés et la tête enfouie dedans. J'aimerai tellement la prendre dans mes bras, la rassurer, lui dire qu'il ne remettra jamais les pieds ici, qu'elle est en sécurité. Mais je me demande si elle arrivera encore à me faire confiance. Il a réussi à s'approcher de ma maison. Heureusement, la sécurité à pour ordre de ne pas laisser entrer quiconque qui n'est pas annoncé ou sur la liste des personnes de confiance. C'est pour cette raison qu'il n'a pas pu passer ce foutu portail. Mais de la fenêtre de la cuisine, on peut avoir une vue directe dessus.

Je relève la tête en entendant une voiture arriver. Pourvu que ce soit Irina et qu'elle puisse aider Léna. Je vois la cousine de ma belle débouler dans le hall... avec un lapin en peluche. Je dois avoir des hallucinations. Je me redresse sur mes jambes et l'enlace quand elle s'approche. Elle aussi semble effrayée.

— Comment va-t-elle ?

— Pas de changement. Elle pleure en silence. Je ne sais même pas s'il elle m'entend, ou me voit.

— Elle est vraiment en état de choc. Cela faisait des années que ça ne lui était pas arrivé.

— Et comment la sort-on de cette crise ?

— En lui donnant ce lapin, dit-elle en me tendant la peluche.

Je prends l'animal et l'observe. Il semble avoir vécu de nombreuses séances de câlins si j'en crois sa texture moins duveteuse. Je relève la tête vers Irina, afin qu'elle me donne une explication.

— C'est la peluche qu'elle avait dans les bras, quand ses parents ont été tués, souffle-t-elle doucement. Les premiers mois après son arrivée chez nous, elle ne s'en séparait jamais. Et lors de ces crises d'angoisses, c'était la seule chose qui arrivait à la calmer et la ramener avec nous.

— Et tu crois qu'aujourd'hui ça peut encore fonctionner ? Ce n'est plus une enfant.

— Celle que tu as devant toi à l'instant, n'est pas la jeune femme de vingt-cinq ans que tu connais. Elle a à nouveau cinq ans.

— Ok, alors essayons.

Je m'accroupis près de Léna et lui tends doucement la peluche, mais c'est à peine si elle bouge.

— Léna, regarde ce que j'ai pour toi.

Elle bouge légèrement sa tête vers la bestiole grise, avant de tendre une main pour l'attraper. Elle le serre contre elle et plonge son visage dessus. Après quelques secondes, elle relève la figure, me regarde avant de tourner son regard vers Irina. Ses yeux, rougis par les larmes, captent ceux de sa cousine, avant de lui tendre la main. Derrière nous, des bruits de voiture roulant sur les graviers me font tourner la tête. Nos amis arrivent, et Léna est toujours prostrée dans ce placard. Et merde !

— Je vais m'occuper de Léna, murmure Irina. Va accueillir les autres. Je vais l'amener à sa chambre pour qu'elle reprenne ses esprits.

— Ok, c'est la porte au fond à gauche, à l'étage.

— Ne t'inquiète pas, nous allons vite vous rejoindre. C'est impressionnant, mais elle revient vite à elle.

— Merci Irina.

Je me relève et pose un dernier regard sur la jeune femme effrayée devant moi. Cette ordure paiera pour tout ce qu'il lui a fait endurer, je m'en fais la promesse. Je quitte l'entrée pour aller accueillir mes amis qui arrivent. Ma soeur est la première à voir que quelque chose ne va pas. Je n'ai jamais réussi à lui cacher mes humeurs.

Killer's eyesWhere stories live. Discover now