Correspondance colorée

Eleanor Williams

Princess,

Ton absence de réponse m’inquiète. J’ai eu vent, de part nos amis en commun, que tu souffrais de nouveau de mal–être. Je sais que dans ces moments tu prends le parti de t’isoler, de quelque peu rejeter ceux que tu aimes. Cela ne te fait pas du bien. Mais j’ai également la certitude que tu arriveras à en sortir. Je reviendrais d’Angleterre dans trois jours. Cela me permettra de prendre soin de toi Love. J’aimerais que tu lises cette lettre, pour que, dans des moments de tristesse et de mélancolie, elle te réchauffe et te rassure.

J’ai beaucoup parlé de toi à ma sœur ainée. C’est le seul membre de ma famille qui nous comprenne, qui me comprenne. Elle est toute autant que moi détachée de certaines de ces traditions chrétienne archaïques. Je me suis de nouveau confiée à elle. Je dois avouer que cela me procure un bien fou. Pouvoir parler librement de mes sentiments relève du miracle dans cette famille. Elle est d’ailleurs impatiente de faire ta connaissance. Je suis sûr que vous vous entendrez à merveille. Cela ne peut pas plus mal se passer que la rencontre avec ma mère.

Elle avait failli nous surprendre en train de nous enlacer. Nous nous étions caché dans le grenier, je suis sûr que tu t’en souviens. Elle y allait chercher d’anciens objets à offrir en dons à l’église. Ses yeux sont devenus aussi ronds que ceux d’un hibou et nous dévisageaient d’un air soupçonneux. Je n’ose pas imaginer le scandale que cela aurait été si le prêtre l’avait suivi. Il ne m’apprécie guère depuis que je l’ai questionné sur sa vision de la femme dans une famille. Constater qu’une femme n’a même pas besoin d’homme en matière d’amour lui aurait sans doute posé quelques problèmes cardiaques.

Ma sœur est la seule raison pour laquelle je ne passe pas les fêtes en ta douce compagnie. Il me tarde de te revoir. J’ai ajouté à cette lettre des pétales de rose pour parfumer tes bains. Merry Christmas ,Love.

Prends soin de toi,

Ton aimée