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La musique résonnait depuis de longues minutes dans la salle vide d'autre présence humaine que la sienne. C'était la version au violon de Black Swan qui résonnait dans les grosses enceintes, et le corps de Jimin, dans son action, semblait torturé. Et ce n'était pas qu'une impression. C'est comme s'il laissait une force intérieure le traîner, le balancer dans tous les sens, son corps se projetant contre le sol, roulant, se soulevant. La douleur était lisible, si un réel passionné de danse le regardait en pleine action, il en aura sans aucun doute les larmes aux yeux, car le spectacle qu'il offrait aux miroirs était des plus déchirant. 

Et il dansa ainsi jusqu'à ce que ses pieds ne le supplient d'arrêter, jusqu'à ce que sa poitrine brûle au bout de rendre ses respirations difficiles, jusqu'à ce que son corps soit trempé d'une sueur trop poussé, et même avec tous ces signaux, il eut envie de continuer. Mais son corps, lui, ne le toléra pas. Il donna un puissant coup à ses genoux qui le força à s'échouer vulgairement contre le parquet. Sa respiration était erratique, sa poitrine se soulevait de manière saccadée et ses yeux étaient entrouverts, ayant du mal à le rester totalement. Et contre la peau collante, suante de son cou, s'était rabattu sa chaine, avec le pendentif de la ballerine à son image, le cadeau que Yoongi lui avait fait, il y avait de cela, ce qui semblait être une éternité. Il attrapa alors ce dernier et loucha pour le regarder. Il revit alors le bonheur peint sur le visage de Yoongi lorsque Jimin ouvrit l'écrin et découvrit cette petite merveille faite pour lui et seulement lui. Et sa souffrance ne put qu'être plus grande encore. Il se recroquevilla sur lui même, en boule, son cœur n'était qu'un reste de miettes...

Il eut du mal à se relever et à extraire son corps de la salle de danse, mais il finit quand même par le faire. Il sortit ensuite carrément de l'école, la capuche de son sweat sur la tête, rejoignant discrètement le métro pour rentrer. Il évitait Christian. Il savait qu'il était la seule personne qui lui restait ici -et Madame Brown, bien sûr-, mais il ressentait quelque chose de mauvais au fond de lui, quelque chose qui le faisait stresser en se trouvant en sa présence. Et surtout, ce qu'il n'aimait pas c'était la manière dont il essayait de lui faire oublier Yoongi, dont il essayait de le remplacer. Jamais cela ne serait le cas. Yoongi était l'amour de sa vie, jamais personne ne lui sera comparable, jamais personne ne prendrait sa place, et il ne l'oublierait encore moins.

Le trajet lui sembla interminable jusqu'à ce qu'il n'atterrisse devant la porte de son appartement... Il y faisait tellement froid, et il s'y sentait tellement seul. Il était tellement tiraillé, il ne savait pas quoi faire. Il était à deux doigts de tout abandonner, de ne pas rester une seconde de plus dans cet enfer. Il n'arrivait même plus à apprécier ses études qu'il adorait pourtant avant. Rien n'avait plus de sens maintenant, absolument rien. 

Il déverrouilla sa porte et entra à l'intérieur. Toujours ce même vide, cette même tristesse, cette même mélancolie. Il avança tel un automate, retira ses chaussures, posa son sac sur le canapé, et se dirigea directement jusqu'à sa chambre, ne prenant pas la peine de se prendre un petit quelque chose à manger. Il ne le faisait plus beaucoup de toute façon. Il se laissa alors tomber sur son lit, mollement, lourdement et se recroquevilla de nouveau sur lui même en soupirant. Pourquoi le bonheur n'était qu'une phase passagère duquel résultait la souffrance? Rien n'avait de sens. Il resta ainsi un moment, se perdant dans le douloureux flot de ses pensées incessante, sentant un étaux se refermer sur sa gorge et le faire souffrir plus que de raison. 

Puis, ses pensées changèrent. Ô, il pensa à Yoongi, par ce qu'il n'y avait que lui dans sa tête, mais d'une façon différente. Cela faisait maintenant tellement de temps que leur corps ne s'étaient pas rencontrés, que leur chaleur ne s'étaient pas épousées, tout comme leurs lèvres, si rouges sous le coup de leurs baisers, morsures délicates dans leurs charnues désireuses. Et que les mains de son amant manquaient à son corps, qu'il avait envie de les sentir parcourir sa peau, caresser les longs sillons de ses vergetures aux hanches, aux fesses, dans le creux de ses cuisses... Et qu'il désirait l'y sentir, son visage perdu entre elles, son corps se cambrant sous la chaleur de sa bouche qui envelopperait son membre tellement étroitement qu'il en viendrait dans sa gorge...

artifice +yminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant