L'art dans la peau - [Tome 3] Sur le tapis rouge

Chapitre 16 :

Liam m'a appelé plusieurs fois mais je n'ai pas répondu. Ce n'est pas le moment de m'expliquer avec lui, il faut d'abord que je digère la nouvelle que mon père vient de me donner. Nous sommes chez Alice et mon père, attablés à la grande table du salon. Mon père est toujours sous le choc, Alice ne réalise pas ce qu'il se passe et Thomas ne comprend pas pourquoi tout le monde est inquiet et perplexe. Après que j'ai dit à mon père que j'étais sa fille, il m'a regardé, et n'a rien dit. Il ne savait pas comment réagir, comment se comporter devant la fille qu'il avait abandonnée des années plus tôt. Alice a compris la situation et nous a tous amené chez elle.

À présent, nous voilà dans le salon à chercher à comprendre la situation. Je n'arrive pas à croire que mon père est là, devant moi et que Thomas est mon demi-frère. Et donc qu'Alice est ma belle-mère. C'est peut-être pour ça que je considérais Thomas comme mon frère et que je trouvais ça incroyable que nous ayons les mêmes goûts en des tas de choses.
 
— Tu as vraiment changé, Eva. Tu es magnifique, dit mon père.
 
Je souris. Je suis heureuse de le revoir mais à présent, je ne sais pas quoi faire de la situation qui se présente à moi. Est-ce que je dois le dire à ma mère ? Est-ce que je peux rester en contact avec Thomas sachant que mon père est là, qu'il est marié à une nouvelle femme et que je peux me sentir de trop dans cette famille ? Je dois le laisser vivre sa nouvelle vie, je ne peux pas essayer de renouer le contact avec mon père, cela serait trop difficile, n'est-ce pas ?
 
— Attends, Marc, que les choses soient bien claires. Eva... est ta fille ? demande Alice.
 
Mon père passe une main dans ses cheveux, gêné.
 
— Et oui... j'avoue que je ne pensais jamais te revoir, Eva, murmure-t-il.
 
— J'espère que tu n'es pas déçu, dis-je.
 
Mon père secoue la tête.
 
— Non, non ! C'est juste que c'est étrange, ça me fait bizarre. Je pensais avoir tiré un trait sur mon passé.
 
Je baisse la tête.
 
— Tu m'as manqué, papa. Sache que je t'en ai voulu. Tu nous as abandonné. Mais je te comprends.... si je le pouvais, je ferais la même chose. J'en veux à maman, c'est sa faute, c'est à cause de son travail, de son comportement.
 
Mon père se lève et me fait un câlin.
 
— Eva, ne dis pas ça. Il est hors de question que tu dises ça, ta mère est une femme merveilleuse, j'ai été ravie d'avoir passé de longues années à ses côtés et de t'avoir élevé. J'ai vécu les meilleurs moments de ma vie mais... tu dois savoir que notre relation n'était plus pareille qu'avant. Son travail lui a fait oublier sa vie, sa vraie vie, oui mais aussi, nous n'étions plus aussi amoureux l'un de l'autre. Ce n'est la faute de personne et ce n'est pas celle de ta mère même si elle m'a laissé tomber pour son travail. Il y avait d'autres raisons, crois-moi.
 
Mon père recule et serre la main de sa femme. Alice sourit faiblement.
 
— J'avoue que je suis plutôt surprise. Ton père m'avait bien sûr expliqué sa situation mais je ne pensais pas qu'un jour, j'allais rencontrer sa fille. Tu m'as l'air d'être une personne merveilleuse et tu es très gentille – je l'ai vu à ta façon de te comporter avec Thomas – et je crois savoir d'où vient ta personnalité, elle vient de ton père. Tu dois savoir que même si ton père n'était pas là, je pense qu'il y avait une part de lui en toi. Tu n'étais pas seule, déclare Alice.
 
Je souris. Quelques larmes coulent de mes joues. Je me sens chanceuse d'avoir revu mon père après toutes ces années. Je m'aperçois que mon père est heureux avec cette famille et que je dois l'accepter. Thomas me prend la main.
 
— Donc tu es ma demi-sœur ?
 
J'acquiesce. Il me fait un câlin.
 
— Je savais que tu avais quelque chose de particulier. Tu es une fantastique sœur.
 
— Et toi, tu es un adorable petit-frère, je murmure.
 
Mon père soupire.
 
— J'espère que tu n'es pas déçue, Eva.
 
Je secoue la tête.
 
— Tu es heureux, c'est tout ce qui compte. Et si tu es heureux, je le suis aussi.
 
Mon père sourit.

~

Après avoir discuté pendant plusieurs heures, il est temps pour moi de rentrer. J'ai prévu de passer encore du temps avec Thomas et d'apprendre de nouvelles choses sur mon demi-frère, cela ne pourra me faire que du bien. Je comprends à présent pourquoi je suis si proche de lui. Normalement, je devrais rejoindre Liam et l'aider à vendre les cupcakes. Je lui avais promis de rester jusqu'à ce que la vente se termine et donc, je n'irais pas en cours demain mais je n'en ai pas envie. J'ai besoin de réfléchir cette nuit, seule. Mon père me fait un dernier câlin et nous échangeons nos numéros.
 
— Appelle-moi si tu as besoin.
 
— Pas de problème.
 
Je m'apprête à partir quand mon père m'interpelle.
 
— Tu vas réussir ton rêve. Et ne t'inquiète pas, le changement ne fait pas de mal.
 
Je souris puis je m'éloigne en lui disant au revoir. Il a peut-être raison.