𝟷𝟺 - 𝙸𝚗𝚝𝚛𝚘𝚜𝚙𝚎𝚌𝚝𝚒𝚘𝚗.

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𝐓𝐢𝐭𝐚̀𝐧

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𝐓𝐢𝐭𝐚̀𝐧.


Il est encore tôt et habituellement, je ne regarderais pas ma montre toutes les deux minutes avec l'espoir que la grande aiguille ait avancé d'une demi-heure au moins à chaque coup d'œil. Je me fais l'effet d'un écolier guettant la fin des cours. Mais ce soir, le temps me joue une partition pourrie sur un tempo trop lent, comme si la page de cette journée ahurissante ne devait jamais se tourner, mais au contraire s'éterniser.

Ces derniers jours ont vu s'enchaîner une vague de merdes à gérer dont je me serais bien passé. Entre des réunions interminables à la scierie, la gérance de notre affaire principale, les craintes de civils suite à l'incendie chez Ed et au vol d'une voiture pour pénétrer la ville en contournant notre système de sécurité, puis deux capteurs infrarouges qui ont mystérieusement grillé sur deux zones stratégiques dans la colline, j'ai eu de quoi m'occuper. Un saut à Albu, aussi. Sans compter Austin qui s'est battu avec un codétenu, fusillant un peu plus ses possibilités de remise en liberté rapidement. C'était il y a bientôt deux semaines, mais je le rumine depuis.

Lui, il ne paie rien pour attendre, je vais lui montrer ce que c'est que le bagne quand il sera dehors ! Le seul truc qu'il va construire ou rénover ce sera des brosses à chiottes pendant les douze prochains mois.

Point culminant de cette montagne de conneries, l'enquête sur l'intrusion qui piétine de plus belle depuis qu'on a trouvé deux dépouilles en décomposition aujourd'hui. Deux mecs étaient ensevelis sous un peu de terre à moins de trois miles de chez Ed, et ce sont des charognards qui les ont sortis de leur tombe superficielle. D'après leur fringues, il est sûr que ce sont eux qui l'ont attaqué chez lui, mais il pensait qu'ils étaient trois. Le mystère reste donc entier et s'épaissit.

Pourquoi le troisième aurait-il flingué les deux autres de plusieurs balles dans le dos ?

Tout ce qu'on sait, c'est que j'étais visé à travers Zeus. Y'a pas plus pitoyable comme attaques sournoises, mais on voit jusqu'où ces enflures sont capables d'aller. On n'a pas de piste ni indices concluants, car une liste longue comme le Nil de possibilités et que les empreintes de ces enfoirés de pyromanes ont toutes été effacées par les flammes, et celles sur leurs cadavres brûlées à l'acide. Les débris sont en train d'être déblayés puis viendra le temps de la reconstruction de la barraque.

Mais pour Ed, que peut-on faire ?

Comme si ce n'était pas assez, je dois encore supporter la présence d'Ariella, qui est venue avec son frère pour la livraison de ma commande spéciale. Mon impassibilité face à ses œillades insistantes ne l'ont pas découragée. Elle me prend pour une sorte de défi à relever, et Dieu sait que cette gonzesse n'a peur de rien et pas froid aux yeux. Faire son petit numéro devant son frangin ne semble pas l'incommoder, je pense même que cela est en phase de devenir une histoire d'égo qui doit gagner que de me faire plier et l'emmener dans une des chambres privées pour la satisfaire. Ce qui, soyons clairs, ne risque pas de se produire.

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