Introduction

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Les gens se souviennent tous de ce qu'ils faisaient et d'où ils étaient ce triste jour du 5 mai 1789, beaucoup étaient fièrement en train de préparer cette fameuse révolution qui devait changer les choses, mais il n'en fût rien s' ils avaient su.

Pour ma part j'étais sur le point de partir. Je voulais voir la mer, voguer sur les eaux du monde et en récolter les richesses. Ironique maintenant que les seules eaux accessibles sont celles croupies de la Seine et ses seules richesses les cadavres de ceux trop stupides pour survivre.

Je repense souvent à ce 5 mai, le peuple se préparait depuis un mois déjà, il réunissait le peu d'armes qu'il pouvait trouver et planifiait des attaques sur les plus grands symboles de la monarchie parisienne. Ce 5 mai est proclamé l'ouverture des Etats généraux par Louis. Aussitôt la nouvelle arrivée à nos oreilles, le peuple décida de lancer les premières révoltes. Enfin je dis le peuple, mais je devrais dire une partie du peuple, les autres se préparaient à quitter les lieux avant les conflits. J'étais de ceux-là.

Mais le Courroux s'est abattu, le Courroux c'est le nom qu'on a donné à ce mur de vent infranchissable qui a entouré toute la ville. Les premiers fuyards ont essayé de le traverser mais ils ont fini en lambeau, tous les autres ont accepté leur sort, notre sort. Celui d'être coupé du monde dans cette spirale infernale.

Le peuple s'est alors divisé en trois catégories, ceux qui en voulaient à Dieu lui-même d'avoir empêcher leur rébellion. Ceux qui voyaient en Louis une réincarnation divine capable de dompter le ciel pour empêcher la révolution. Et ceux qui essayaient simplement de survivre. La première catégorie et la deuxième entrèrent en guerre, les hérétiques furent anéantis et une nouvelle religion se développa, celle vénérant Louis XVI en lui implorant pardon tout en espérant un retour à la normale.

Six ans passèrent. Enfin six ans je ne sais pas exactement, mais ça doit-être à peu près ça. Six ans, sans règles, où tuer est devenu synonyme de vivre. Six ans à manger de la merde quand ce n'est pas les restes d'un homme mort quelques heures plus tôt. Six ans à picoler ce que je trouve et à baiser la première venue parce que c'est le seul réconfort que j'ai pu trouver. 

Six ans à chercher un foutu rasoir encore en état dans cette ville. J'ai vu mon reflet l'autre jour et ça me fait peur, je ressemble beaucoup trop à mon père avec cette barbe. Qu'est-ce que tu me dirais aujourd'hui sale Ivrogne et coureur de jupons que t'étais ?

Six ans que je suis là à survivre, moi Joseph ivrogne et coureur de jupons, fils de Paul ivrogne et coureur de jupons.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 09, 2021 ⏰

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Le CourrouxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant