Die Anywhere Else

Here

Ce jour-là, il pleuvait. Il pleuvait très fort. Je me suis fait la réflexion qu'Automne aurait souvent bien aimé ce jour-là. Moi, ça m'a rendu un peu triste, mais ça ne m'a pas pris beaucoup de temps pour comprendre pourquoi: ce temps me rappelait avec une cruauté sournoise en quelle saison on était. Cet automne-ci était terriblement morne, et ça déteignait sur moi. Je ne sortais plus beaucoup, encore moins qu'avant. Je n'avais plus qui que ce soit à voir en dehors de l'école et du petit boulot ennuyeux que j'avais réussi à trouver. Alors, je ne sortais plus. Les nez dans mes livres, je m'efforçais de focaliser mon attention sur tout sauf sur...

Et puis zut.

Il fallait que je me rende à l'évidence: Automne me manquait. Elle me manquait terriblement, tellement que ça me faisait mal. Tellement que quand j'y pensais, j'avais envie de hurler, hurler plus fort que je ne l'avais jamais fait auparavant, même dans la période de mon enfance ou je criais en courant partout.

Une idée presque fixe s'est vide imposée à moi: j'avais envie de l'appeler. J'avais envie de l'entendre parler. J'avais envie de la voir, aussi, sans doute, mais ça ne serait pas pour tout de suite: il fallait d'abord que je la retrouve.

J'ai fait de mon mieux pour fouiller dans mes souvenirs d'enfance. Encore et encore. Mais rien, son nom de famille m'échappait. Alors j'ai choisi de chercher son prénom dans l'annuaire. Peu de gens étaient prénommés Automne, après tout. J'ai fouillé, tourné des pages jusqu'à ce que les chiffres commencent à danser devant mes yeux. Puis j'ai trouvé quelqu'un qui s'appelait Automne. Automne quelque chose, je ne sais plus quoi, et peu m'importait.

J'ai composé le numéro, et après quelques secondes qui m'ont semblé trop longues, ou trop courtes, je ne sais pas, quelqu'un a décroché.

"Allô ? Qui est à l'appareil ?"

J'aurais reconnu cette voix n'importe où. Cette voix au ton si particulier. Cette voix si étrange. Le nœud dans ma gorge bloquait mes mots, mais j'ai réussi à parler quand même.

"C'est moi."

J'aurais voulu éviter qu'elle m'entende pleurer.