Chapitre 46 : Cœur de dragon

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Quand la fumée se dissipa, il se retrouva à genoux, crachant ses poumons, et ne remarqua que trop tard qu'un Gardien se dirigeait vers lui, dégainant son épée. Un heaume masquait à moitié son visage et l'empêchait de voir ses yeux, mais il arrivait à voir sa bouche crispée dans la fumée alors qu'il approchait d'un pas lent.

— Jette ton arme, crache le soldat en faisant un pas.

— Je suis désolé, je ne peux pas!

— Je vais devoir te forcer, alors. Désolé, p'tit gars.

L'homme leva son épée d'un seul bras. Le cœur d'Ayden rata un battement et son esprit commença à surchauffer. Devait-il esquiver? A gauche, à droite? Devait-il parer? Attaquer? Lui prendre son arme? Hurler? Après une énième crampe d'estomac qui manqua de le faire vomir de nouveau, ses pieds agirent contre sa volonté et il bondit en arrière alors que l'épée s'abattait sur lui. Le fil de la lame lui frôla le torse sans le toucher. Alors que l'homme retrouvait son équilibre, ses pieds le poussèrent en avant et avec un cri qui lui déchira la gorge, il plongea vers l'avant, le poignard droit devant lui.

La dague atteint le milieu de la poitrine du Gardien, mais glissa le long de la maille. Ayden fut emporté dans son élan et le soldat lui attrapa le poignet, le tordant et le forçant à lâcher son arme sous la douleur. Son cœur battit plus fort en se sentant piégé et, ses mains étant entravées par la poigne de fer, il se jeta sur l'homme de tout son poids, épaule contre torse d'acier. La surprise du coup fit basculer le Gardien un instant, mais ses pieds se campèrent fermement au sol et Ayden fut totalement immobilisé. Un coup de genou l'atteint en plein milieu du torse et toute son énergie le quitta, essoufflé. Néanmoins, alors que la courte épée fusait vers lui pour lui asséner un coup fatal, une autre lame la dévia, envoyant la lame valser juste au-dessus de son crâne. Ayden tourna la tête et sourit en voyant Räeghan zébrer le bras du soldat d'une large estafilade qui lui fit lâcher son arme et le bras d'Ayden. L'homme siffla de douleur et serra son bras ensanglanté de son autre main, infime moment de vulnérabilité que Räeghan utilisa pour asséner un coup bien placé dans la tempe, l'assommant sur le coup.

— Fais attention, Ayden!, siffla le blond en lui rendant son arme. Essaie de déconcentrer l'adversaire pour l'atteindre. Vise les mains ou le visage, surprends-le!

Un nouveau groupe de Gardiens arriva et Räeghan s'élança pour s'en occuper. Un frisson traversa l'échine d'Ayden quand il remarqua que la poigne de ce dernier avait commencé à trembler. Combien de temps allait-il encore pouvoir se battre avant d'être trop épuisé? Que feraient-ils quand le moment fatidique de son abandon allait arriver?

Ses pensées furent chassées par un aboiement sourd. Il se tourna et vit avec horreur un limier, visiblement trop malin pour être dupé par la menace sans actions de Sÿervik, contourner sa masse noire et se jeter sur Orthal avec un grondement. Ils roulèrent tous les deux dans la terre pendant un instant, mais ce fut le molosse, bien plus massif que le dragonnet avec son corps musclé et son mufle d'ours, qui parvint à le plaquer au sol. La queue d'Orthal battit vainement les pattes de la bête pour tenter de la désarçonner et pattes tentaient de dévier ses mâchoires qui claquaient l'air juste devant sa gorge, mais rien n'y faisait : le monstre mit tout son poids sur le reptile et parvint finalement à enfoncer ses crocs dans la fragile peau de sa gorge, arrachant au dragonnet un cri strident et étranglé.

Ayden put sentir le sang brûlant couler de la plaie et la douleur se répandre le long de la gorge frémissante d'Orthal comme si elle avait été la sienne, lui arrachant un soupir tremblant. Ce fut à cet instant qu'une impulsion, familière et étrangère à la fois, le poussa à faire à un pas vers la lutte. Sa poitrine était brûlante, si bien qu'il avait l'impression de cuire de l'intérieur et que sa respiration en devenait laborieuse. Ses dents se serrèrent avec un sifflement tout comme sa poigne sur sa dague. Cette rage qui le consumait et lui brûlait les entrailles... il ne l'avait jamais connue, mais elle était la seule réponse qu'il connaissait à cet instant, si ce n'était celle de la peur, qui s'était définitivement éteinte en voyant le regard terrifié et désespéré d'Orthal.

Le Vœu du Dragon (LES ÉVEILLÉS - I)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora