Chapitre 4. « Comme deux inconnus qui prennent le métro »

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Coucou ! Comment ça va vous ?

Bon, désolée, je trouve ce chapitre vraiment pas ouf. Je suis assez contente du début, mais la suite... J'arrive plus trop trop à écrire en ce moment avec les cours, et j'ai l'impression que je stagne un peu niveau qualité d'écriture. Mais bon, j'espère que vous aimerez quand même !

Plein de bisous et bonne lecture ! ❤️

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En prenant le bus pour aller à mon entraînement de basket, le rituel un peu obsessionnel que j'y ai depuis des années illustre plus que jamais la conversation que j'ai eu avec mon père la veille.

Même si je considère que ma génitrice est morte depuis le jour où mon père m'a avoué pourquoi les autres avaient une maman et pas moi, toutes les journées que je passe en dehors de chez moi sont rythmées par la même chose : mes pensées incessantes à propos de chaque femme d'origine Maghrébine que je croise.

Depuis tout petit, c'est la même chose : j'analyse d'abord la tranche d'âge de la femme, me demandant si elle correspond à peu près à celle de mon père ou pas, comparant avec Maëlle puisqu'elle paraît toujours plus jeune que son âge. Ensuite je checke la teinte de la peau, mais je m'y attarde pas trop parce que c'est pas super fiable : je me suis juste toujours dit que ma génitrice devait être plus mat que mon père, parce que ce dernier a une peau un poil plus claire que la mienne. Les cheveux m'aident pas beaucoup puisque les miens sont semblables à ceux de mon père. Les yeux par contre, ça m'aiguille : je suppose que ma génitrice a les yeux un peu plus foncés que ceux de mon père, parce que les miens sont bien noirs alors que les siens côtoient plus le noisette. Vient ensuite la taille : je pense que ma génitrice est de taille moyenne, puisque j'ai pas du tout hérité du mètre quatre-vingt-un de mon père et qu'à cause de ça j'ai l'impression d'être le petit frère de Jude alors que je suis plus âgé que lui. Au tout début, j'éliminais les femmes en hijab ou en burka parce que dans un élan de colère en parlant d'elle, mon père m'avait glissé une fois qu'il aurait eu moins de problèmes avec une femme muslim. Mais j'ai rapidement capté qu'elle aurait pu se tourner vers la religion à n'importe quel moment de sa vie. À force de faire ce genre de truc, je connais mon propre visage par cœur ; je me souviens de soirées entières devant le miroir de la salle de bain à essayer de mémoriser chaque détail de mes expressions pour mieux analyser les femmes que je croisais dans la rue le lendemain. À une époque j'en suis même venu à raser ma barbe pourtant bien fournie naturellement pour mieux analyser chacun de mes traits avant de sortir. Un vrai psychopathe. Je me demande ce que les gens pensaient en me voyant fixer des femmes dans les transports en commun. Surtout que même si par le plus grand hasard, j'aurais trouvé quelqu'un qui ressemble en tout point à l'image que je me faisais de ma génitrice, je serais jamais allé lui parler. De toute façon la probabilité que je la croise un jour à Paname alors qu'elle habite peut-être encore à Dijon est vraiment minime.

Je pense que c'est ça qui me rend le plus fou : c'est que j'essaye de me forcer à croire qu'elle est morte, mais que je pense à elle tous les jours parce qu'elle est vivante.

Et pourtant je la hais, putain qu'est-ce que je la hais. 

J'ai aucune envie de la revoir. Ni même de la chercher, alors que c'est ce que je fais comme un rituel quasiment tous les jours. Parce que quel genre de mère abandonne son enfant d'un an putain ? Et pourquoi elle m'a abandonné moi ? Je lui ai rien fait bordel, elle peut pas me reprocher d'être né en se barrant. Quand je vois comment est Maëlle avec Jude, Oscar et Louise, je comprends pas qu'on puisse aussi peu aimer son enfant. Bon, ok, je suis assez intelligent pour savoir que tout le monde n'est pas fait pour être mère. J'ai aussi capté que j'étais un accident, même si askip je suis la plus belle connerie que mon père ai fait. Mais au pire je lui demandais pas de rester. Juste... D'au moins donner des nouvelles de temps en temps. Me garder les weekends. Me faire savoir comment elle s'appelle. Putain en fait je sais même pas ce que je préfère entre par connaître ma génitrice et avoir une mère absente la plupart du temps. En tout cas, si elle s'était montrée de temps en temps pendant dix-huit ans, je me serais moins torturé à savoir d'où je tiens chacun de mes traits physiques et de caractère. Parce que là je cumule absence d'amour de ma génitrice, et ignorance sur sa personne.

Bal MasquéWhere stories live. Discover now