Prologue

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8 ans.

Crayon en main, je laisse mes doigts guider mes yeux sur les lignes noires qui apparaissent sur la feuille blanche. J'aime dessiner. Même si je ne sais jamais ce que je gribouille au départ. Maman dit que je dessine avec mon subonci... Je crois qu'elle a parlé d'un truc comme ma tête ne réfléchissait pas à ce que je voulais faire avant de le faire, mais je ne sais plus trop c'était quoi le mot qu'elle avait utilisé. Il était compliqué aussi.

Mes yeux continuent à suivre mes mains qui noircissent la feuille à certains endroits sans pour autant deviner ce que c'est. Avant, quand je réfléchissais à ce que je voulais dessiner, je n'arrivais pas à le faire. C'était comme si je ne savais plus utiliser un crayon. Donc, maman m'a dit de ne plus penser et de gribouiller. Depuis, c'est ce que je fais. Je gribouille et c'est elle qui me dit ce que j'ai fait. C'est devenu notre petit jeu. J'aime beaucoup, parce que c'est drôle de la voir faire semblant de réfléchir pour trouver ce que j'ai dessiné.

En parlant de maman, j'entends ses talons claquer sur les marches de l'escalier. Je termine rapidement mon dessin et lève la tête pour la voir. Une fois au salon, elle lève les bras en souriant pour me laisser admirer sa tenue. Je la regarde attentivement. Sa robe rouge est très jolie et longue. C'est pour ça qu'elle a mis ses chaussures à talons noirs. Son rouge à lèvres lui va trop bien. D'habitude, ses jolis cheveux noirs sont lisses, mais aujourd'hui, ils sont bouclés. J'aime pas trop quand ils sont comme ça, car ils ne ressemblent plus aux miens, mais ça lui va. Je lui fais signe de tourner sur elle et hoche la tête le pouce en l'air. Elle est magnifique, ma maman.

— Tu aimes ? C'est bon ? elle me demande, un peu inquiète.

Je lui fais mon plus gros sourire et confirme :

— Tu es parfaite, maman.

Ses yeux verts brillent et elle vient m'embrasser en me serrant dans ses bras.

— Aww ! Merci, mon amour. Tu as fini ?

— Oui.

Elle prend ma feuille et tire la bouche en l'analysant. On dirait une petite fille, comme ça et elle me ressemble. Elle caresse mes cheveux qui sont plus clairs que les siens en le regardant toujours.

— Qu'est-ce que mon amour a bien pu faire, aujourd'hui ?

— Alors ? C'est quoi ?

Maman me regarde et joue avec ses sourcils en faisant semblant de créer un suspens. Je rigole et elle commence.

— D'abord... On va dire que c'est noir. Y a beaucoup de noir...

— Mam ! C'est normal que c'est noir. C'est du crayon, je râle. Dis-moi c'est quoi.

Elle se moque de moi.

— OK, OK ! J'abrège. Miss impatiente. Je vois... Un chat ? C'est Micha que t'as dessiné. Je reconnais sa tâche à l'œil droit.

— Oh ! J'ai dû trop le voir cette semaine, je hausse les épaules.

— Sûrement. Tu t'améliores chaque jour, mon amour. Toi et ton subconscient faites des merveilles.

Ah ! C'est ça qu'elle vient de dire. Le mot compliqué que je cherchais. Subconscient. Je vais le noter cette fois.

Elle repose ma feuille et pose un baiser sur ma tête. Son parfum fruité rempli mes narines et j'adore ça. Elle sent trop bon, ma maman.

ET SI... On Recommençait ?Where stories live. Discover now