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I. une bulle nocturne

- « J'y arrive pas Jeno

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- « J'y arrive pas Jeno. »

Sa voix était secouée de sanglots, son téléphone au bout du bras, Jeno au bout du fil.

- « C'est pas grave, je suis sûr que tu y arriveras la prochaine fois. »

Renjun avait plongé ses yeux dans le vide omniprésent, celui qui pressait sa poitrine et sa gorge pour lui arracher des hoquets. « Je sais pas » lâcha-t-il dans un souffle. « J'ai envie de réussir mais j'ai l'impression que ça donne rien. »

L'ampoule était en train de rendre l'âme, la lumière bleutée avait perdu en puissance et provoquait des ombres aux allures monstrueuses. Il regardait son reflet, le miroir était accroché au mur orange et lui renvoyait un garçon aux allures fantomatiques ; une peau pâle, des yeux noirs, cernés, qui jouaient à cache-cache derrière une frange brune trop longue. Ses joues brillaient, ses lèvres avaient un goût salé et ses ongles étaient rongés.

- « Et puis, il y a lui, il se répète, ça en devient chiant. Il me dit que le talent n'est pas un mérite, qu'il faut savoir l'utiliser. Moi je sais pas le faire. Il me dit aussi que j'ai des mains dorées et une tête vide. »

Renjun laissa son corps tomber mollement sur l'étroit matelas qui jonchait le parquet. Il tenait son téléphone au-dessus de sa tête, le numéro affiché à l'écran lui paraissait flou à cause de toutes ses larmes.

- « Qui ça ? »

Il faisait nuit, le désespoir le rongeait souvent quand tout le monde dormait. Les volets électriques n'étaient pas baissés, les fenêtres étaient encore ouvertes et elles laissaient une brise glaciale s'engouffrer dans la petite pièce. Renjun était en t-shirt et crevait de froid mais il n'avait même plus l'énergie pour se lever, l'indifférence semblait être une bonne option.

- « Mon cerveau. »

Jeno soupira, la tristesse pouvait vite devenir contagieuse. Renjun n'était pas du type à se plaindre. Renjun était du type à couler tout seul, sans donner de nouvelles à l'équipage. Il était du type à regarder la mer l'engloutir en souriant.

- « Il faut que tu te reposes, tu dors jamais. » Souffla son ami, tendrement.

- « Je peux pas me le permettre. Je sais que tu as raison, mais si je dors, je vais encore perdre du temps. »

- « à rester pleurer sur ton manque d'inspiration tu perds autant de temps Renjun. Et puis, si tu devais perdre du temps, autant que ça soit rentable. »

Un sourire microscopique naquit sur ses lèvres gercées et il renifla. « T'as raison. Ça ira mieux demain. »

Il se mentait à lui-même pour oublier le monstre derrière lui.

𝗵𝘆𝗽𝗲𝗿𝗯𝗼𝗹𝗲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant