𝟹𝟻 - 𝚃𝚠𝚘 𝚠𝚘𝚛𝚕𝚍𝚜 : 𝚌𝚑𝚊𝚚𝚞𝚎 𝚌𝚑𝚘𝚜𝚎 𝚊̀ 𝚜𝚊 𝚙𝚕𝚊𝚌𝚎... ♥

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𝐑𝐨𝐬𝐞.

— Saleté de serrure...

Je peste toute seule face à la large porte au bois sculpté. Je ne me souviens plus si j'avais déjà remarqué les détails du dessin. À la lumière de l'application torche de mon smartphone, alors que la fête bat encore son plein et que je n'ai personne à ne pas réveiller dans le coin, j'admire la rigueur qu'a mis l'artiste dans ses gestes à la précision chirurgicale. La pulpe de mes doigts vient d'instinct caresser les ornements caverneux qui racontent une histoire, probablement celle de la tribu des Tokela dont Naya et Winny m'ont fait le cours magistral, ou de cette région qu'elles affectionnent tant, leur monde. Presque leur religion. Les sensations familières reviennent tel un boomerang et ma tête s'invente le film d'un ébéniste en plein travail.

Je vois l'une de ses mains maintenir le ciseaux à bois pendant que l'autre tient la batte. J'entends le son rythmé du petit marteau taper l'outil dont la lame en acier frappe les dessins sur la planche massive encore brute, puis son souffle venir chasser le surplus après l'évidage. L'odeur du noyer se mêle aux essences prenantes de cires tout en liant mes souvenirs à l'instant présent. Des paires de mains et des éclats de rires se superposent à l'image. Quand ma vue commence à se brouiller en symbiose avec mon cœur qui se serre de la nostalgie qui m'enlace, c'est pour moi l'alarme qui sonne la fin de mon apnée devenue douloureuse.

La fatigue et le reste me font perdre la tête. Surtout le reste.

Les doigts tremblants autant que le reste de mon corps, je vise de nouveau le verrou doré et ne rate pas ma cible.

Je ne sais pas avec quoi est fait « l'alcool maison » ici, mais je suis bien heureuse de ne pas avoir été au-delà d'un verre que m'a servi Gary à notre retour. Si le goût n'était pas désagréable et plutôt floral sans être médicinal, le volume d'alcool à lui-seul doit conférer au liquide ambré plusieurs propriétés, dont celle de déboucher n'importe quelle tuyauterie encrassée depuis la naissance de Jésus Christ, au moins.

Ou le Big Bang.

Je rentre me réfugier dans l'obscurité de ma cabane calme et laisse tomber mon sac au sol. Au bruit de sa chute me répond celui de mon dos qui bute soudain contre le bois de la porte derrière moi. Je lâche un hoquet de surprise mais le cri de frayeur qui allait naître est étouffé dans l'œuf quand mes narines comprennent avant ma tête et mes yeux ce qu'il se passe, et qu'une bouche chaude ne vienne s'écraser contre la mienne.

Tarzan est là.

Je m'amarre à ses épaules larges déjà nues et me mets sur la pointe des pieds pour me grandir, quelques centimètres qui me donnent une hardiesse qui me fait vibrer et me permettent de ne plus être seulement la soumise dans l'action ; de me hisser sur le podium des prises de décisions. Il bascule un peu plus sa carrure contre moi, m'emprisonnant plus fermement. Je commence à me frotter vigoureusement à lui, son sexe déjà dur massant mes grandes lèvres gorgées d'envie et mon clitoris qui sort de sa courte sieste avec enthousiasme. Sa langue au goût de Gin prend d'assaut la mienne pas moins ivre, brigue une cadence soutenue qui me fait gémir, s'emballer mon cœur et ma respiration.

Nos expirations et les frictions de nos deux corps font se liquéfier mon anatomie impatiente de l'accueillir en son creux. Des flots de décharges électriques me traversent, mes poils se hérissent tandis que sa gorge nous joue la partition de son gutturaux qui me rendent folle. Il est excité, et ça m'excite.

— Sawyer... anhèle-t-il en descendant dans mon cou sans négliger de mordiller ma peau au passage. Tu m'as fait attendre.

— La patience, est une vertu Adamson, me moqué-je.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now