8 - Rince toi les yeux j'perce les prunelles.

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Je fumais toujours et j'étais toujours dans les affaires, rien avait changé mis à part que maintenant on peut vraiment dire que je contrôle la zone, que j'suis la Madre, la patronne, la boss, l'Aigle. Me demandez pas pourquoi le patron m'a choisit moi pour prendre sa place et pas un autre il a jamais voulu m'le dire.

J'vais pas me prendre la tête plus que ça, tant mieux pour moi en vrai j'aurais plus besoin de passer ma vie au quartier. Ça a pas trop plu à Lyes, le bras droit de l'ancien chef, que ce soit une meuf qui prenne le relais, ou p'têtre tout simplement que ce soit moi. J'vais pas le bouger de poste c'est le mieux placé pour me conseiller j'pense et j'cèderai pas mal place.

J'suis pas l'genre de chef qui veut le respect et le pouvoir absolu, j'suis pas la grosse impulsive qui va tout casser et tirer des coups de feu à droite, à gauche, devant, derrière. J'suis Ness quoi. J'ai un caractère bien trempé, bien spécifique à moi et moi seule. J'suis un peu imprévisible. Je pars de l'idée où tout se réfléchit, tout se calcule. Alors je réfléchit à tout, et je calcule toujours tout. Cherchez pas à me cerner, c'est peine perdue.

J'étais chez moi, seule, il devait être six heure du mat à tout casser, j'étais devant la télé, entrain de penser à ce qu'il c'était passé, et j'ai décidé d'écrire une lettre à mon frère..

« Issam, mon hob, mon frère.

Comment tu te porte là-bas ? Je sais j'ai déconné, mais j'avais pas le courage de t'écrire.. Et vu que t'accepte pas mes demandes au parloir.....
T'as vu j'ai mon permis ! C'est Smaël qui m'a payé le code. Tu sais Smaël il est présent pour moi, dans les meilleurs comme dans les pires moments il a été là. Sam tu m'manque mon frère, j'suis toute seule à la maison, y'a pas d'ambiance. La mort de maman m'a dévasté de l'intérieur, j'arrive pas y croire.. Enfin bref, t'es incarcéré mais un jour tu vas sortir, on t'oublie pas <3

- Ness »

Smaël c'est un homme compliqué à comprendre.. Il laisse jamais rien paraître. Pourtant j'ai l'impression de le connaître depuis toujours.. C'est chelou. À chaque fois que j'essayait de lui parler de notre éloignement, y'avait quelque chose pour nous interrompre, à chaque fois, mais vraiment à chaque fois.

M'enfin bon, y'a que les montagnes qui n'se croisent pas.

Un soir j'étais dans mon bureau, je comptais les billets et Smaël est rentré (sans frapper d'ailleurs), j'ai stoppé tout c'que j'faisait pour le regarder, il a sourit et à dit :

- Mme E* R***** aurait du temps à m'accorder ?
* *sourire* Bien sur prenez place
- *rires* pourquoi tu fais l'ancienne ?
* *sourire en coin* Pourquoi tu fais le François du coin toi ?
- toooooozz
* *rires*
- Ness ?
* *en me rasséyant* En chair et en or
- *rires* non mais sérieux
* *sourire* Quoi ?
- Nn attends viens en face de moi
*on s'est mis face à face* »

Il m'a embrassé.

J'avais rien vu venir.

Smaël m'a embrassé. Là à l'instant. Dans mon bureau.

Je...

J'm'y attendais pas.

Le plus drôle c'est qu'il m'embrassait et je répondais, donc au fond ça voulait dire que c'était ce que j'attendais aussi. Ses mains exerçaient une pression sur mes hanches, et moi j'sais même plus c'que j'faisait des miennes. J'avais toujours cette sensation d'avoir Bagdad dans le ventre et l'enfer sur les joues, mais ça m'empêchait pas de continuer..

Quand je suis face à lui, j'ai l'impression de plus avoir le contrôle de moi des fois, mon corps refuse de suivre mes directives. Face à lui j'perd tout mes moyens, toute ma crédibilité.. Cet homme m'a ensorcelé.

Nos respirations étaient fortes, nos souffles s'entremêlaient, on pouvait voir nos poitrines se soulever.. Il mordait sa lèvre inférieur, ce qui me laissait pas indifférente du tout (déjà qu'il me laissait pas indifférente à la base)..

On a recommencé.

Pendant cet instant c'est comme si tout autour de nous il y avait personne, comme si le monde autour de nous s'était effondré juste avant.. On se foutait de tout ce qui pouvait arriver, la seule chose qui était importante c'était ce qui se passait à l'instant présent. Le fait qu'on puisse nous voir c'était la dernière des dernières choses auxquelles on avait pensé..

Pourtant, Lyes a bien débarqué (lui aussi sans frapper ) du coup on s'est arrêté net. J'avais poussé Smaël de l'autre coté carrément, Lyes nous a regardé à tour de rôle et a finit par se lancer dans un fou rire. Il riait comme jamais, comme si on venait de lui raconter la meilleure blague de l'année, moi j'étais gênée, Smaël commençait à s'énerver, et puis Lyes a pris la parole :

« L : *rires* j'ai interrompu quelque chose ?
S : *agacé* T'as bien vu nan ?
L : J'ai surtout vu que tu t'tappais la reus d'Issam en faite.
S : Et ?
L : J'suis pas sur que s'il l'apprenait ça lui fasse plaisir.
S : Attends, tu me menaces là ?
L : C'est pas des menaces, si moi j'vous ai vu tout le monde aurait pu vous voir et tu sais que les gens parlent. Mais tu fais c'que tu veux. C'est ton dos.
S : Mêle toi de cqui tregarde Lyes.
L : Jtaurais prévenu.
M : Oui bon réglez ça dehors j'ai du taff moi. »

Ma raison me dit de ne pas le croire, mais mon coeur lui j'sais pas il est encore sous le choque il réponds pas. En fait y'a comme une guerre entre deux espèces en moi et ça m'rend ouf. C'est ça l'amour ? Putain je dois pas ressentir de sentiment, surtout pas ceux là.

* Mon Homme m'apprends de belles techniques, on est tout les deux dans de sales trafics. On fait le mal on fait le bien, mais surtout du mal pour un rien. *

« Macabre est mon macadam. »

Macabre est mon macadam.Where stories live. Discover now