22| souvenirs douloureux

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Cherchant des yeux sa petite amie parmi les invités, Roméo a le cœur qui bat à toute allure. Il a quelque chose d’important à dire à Nawell et, pour cette raison, il ne tient plus en place. Son organe vital cogne dans sa cage thoracique au rythme des percussions de la musique, et une sorte de fierté, de joie et d’excitation se mêle à l’euphorie de l’atmosphère qui l’entoure.

Il l’aperçoit soudain, près du parasol et s’avance. Elle sourit en le voyant, et lorsqu’il pose les mains sur ses hanches, leurs lèvres s’unissent.

— Ta fête te plaît ?

— Oui ! C’est incroyable comme anniversaire. Je pouvais rêver mieux. Tous ceux que j’aime sont là. Il fait beau. Merci d’avoir aidé à organiser ça.

— J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, Nawell. J’ai reçu ma réponse pour le CLCF. Je suis accepté !

Il la prend dans ses bras, la soulève du sol en l’embrassant et la fait tournoyer. Lorsqu’il la repose, Roméo remarque que son expression a changé et laisse place à un visage grave.

— Nawell, ça va pas ?

— Faut qu’on parle, Roméo…

— Euh, tu m’inquiètes là…

— Viens, l’interrompt-elle.

En disant cela, elle le tire par le bras pour l’entraîner à l’écart des invités. Roméo la suit à travers les gens,  tandis qu’elle soulève le rideau de perles de la cabane. Cette dernière n’en est pas une réellement, il s’agit en fait d’une petite pièce de la maison, collée au garage, qui donne sur le jardin. Nawell l’avait présenté ainsi la première fois qu’elle avait emmené Roméo chez elle. Depuis, c’est devenu leur endroit, là où ils se retrouvent en cachette, là où ils s’échangent leurs secrets. La lumière y est plus tamisée et une sorte d’intimité y règne. Ici dans la cabane, ils laissent donc l’agitation derrière eux et peuvent discuter au calme.

— Écoute moi jusqu’au bout, s’il te plaît. Ça fait un petit moment que j’y pense… mais j’ai l’impression que ça marche plus trop entre nous. Je sais pas ce qui a changé, si c’est toi, si c’est moi, si c’est nous deux en général, mais c’était plus pareil ces derniers temps. C’est plus comme avant.

— Oh, je…

— Quand tu m’as appris que tu t’étais inscrit à cette école de cinéma sur Paris, continue t-elle, j’étais trop contente pour toi. Sincèrement. Je savais à quel point cette admission c’était un rêve pour toi. Mais après, tu m’as demandé de te suivre si t’étais accepté. Je suis désolée, mais je ne peux pas abandonner mon école de commerce. Ni maintenant, ni jamais.  J’ai trop galéré pour y rentrer, c’est mon rêve d’enfant à moi cette fac.

— Mais nous alors ? Qu’est-ce qu’on va devenir ?

— Je sais pas, Roméo. On pourrait continuer, comme si de rien n’était, mais je ne veux pas d’une relation à distance.

— Je rentrerai à Cannes certains week-ends, tu sais.

— Ce sera pas pareil. On sera plus ensemble au quotidien. Moi j'ai besoin de quelqu’un à mes côtés.

— Je peux encore dire non. J’ai deux semaines pour me rétracter. Ma décision n’est pas encore prise…

— Non, vas y, le coupe t-elle. Tu m’as tant parlé de cette école, je ne veux pas tout gâcher en étant celle qui te prive de tes rêves. Je… je pense que le mieux pour nous deux, ce serait de s’arrêter là.

T'aimer En VersWhere stories live. Discover now