Chapitre 8: Un semblant de répit !

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-Je suis désolée Madame mais je ne quitterai pas ma femme d'une semelle ! Je suis son mari et elle porte mon enfant, par conséquent, je suis autant concerné par sa grossesse qu'elle-même donc je dois aussi être présent à cette consultation ! Exigeait fermement Birima mais avec un sourire charmeur, se faisant ainsi passer pour le mari attentionné qu'il était très loin d'être.

Il tenait toutefois à être présent, au cas où sa femme tenterait de le griller, on ne sait jamais avec cette folle se disait-il.

Surprise et touchée par autant d'attention de la part de l'époux de sa patiente, la sage-femme se laissa facilement berner et laissa donc le trafiquant de personnalité entrer dans la salle de consultation. Birima tenait si délicatement la main de Mata et la couvait d'un regard si amoureux, qu'on y croirait presque.
Décidément, Mame Birima NDAO méritait amplement l'Oscar du meilleur acteur de tous les temps car il était assurément un excellent comédien.

-Madame, croyez-moi, cela fait longtemps que j'exerce ce métier dans cette ville mais un mari aussi attentionné et impliqué que le vôtre, c'est bien la première fois que je tombe dessus ! Vous en avez de la chance ! Souriait la sage-femme en s'adressant à Farmata.

De la chance ?
A-t-on la même définition de ce terme ? Se posait Farmata intérieurement. Si pour vous chance équivaut à se faire tabasser régulièrement tel un âne récalcitrant en plus de se faire violenter et même intimement alors oui, c'est je devais bien en avoir ! Ironisait amèrement Ndèye Farmata en son fort intérieur.

Ndeyssane, dire qu'elle se faisait jalouser par certaines parce qu'elle avait, semble-t-il un mari "beau, riche, galant et attentionné", en somme le "il est beau, il est gentil et il donne de l'argent " comme le caricaturaient certains.
Birima revêtait toujours son costume de charmeur à l'extérieur et de ce fait, jamais l'on ne soupçonnerait le monstre hideux qu'il était à l'intérieur. Rien ne le laissait deviner en effet.
*Ndeyssan ñak xam limou waral bari në* = Et Farmata pensa amèrement au vieil adage qui disait que les apparences étaient souvent trompeuses en se contentant de se forcer à afficher un sourire triste sans plus devant cette dame qui était plus bavarde qu'autre chose.

Cette sage-femme, pas si sage que cela finalement, l'avait en effet "consulté" et n'avait même pas remarqué ses lésions intimes causées par les multiples sévices sexuels qu'elle subissait à répétition ou même les marques de coups très visibles sur certaines parties de son pauvre corps meurtri ni même pas d'ailleurs, son air mélancolique et son sourire forcé. Ou alors la soignante les avait-elle remarqué mais avait décidé de fermer l'œil dessus ? Qui sait ? Toujours est-il que Ndèye Mata tentait de jouer le jeu et de ne rien laisser paraître comme le lui avait ordonné son vicieux de mari qui lui avait même donné tout à l'heure un coup de coude quand la sage-femme avait eu le dos tourné pour lui intimer l'ordre d'être plus convaincante dans son faux sourire.
Un vrai malade mental ce type !

Ndèye Farmata savait cependant que si elle n'obéissait pas, ce scélérat n'hésiterait pas à mettre sa menace à exécution et dans l'état où elle était mieux valait éviter de tenter le diable et pour elle et pour le bébé qu'elle portait.

Sa grossesse fut donc ainsi confirmée et ses visites prénatales fixées. Comme par miracle ou peut-être une accalmie ou une chance qu'amenait avec lui ce petit bout qu'elle portait dans son ventre, Ndèye Farmata eut un peu de répit durant les semaines qui suivirent.
Birima lui fichait presque la paix maintenant, s'étant trouvé une nouvelle occupation ailleurs. Farmata en avait la certitude car son pseudo mari rentrait de plus en plus tard, il ne découchait jamais mais sentait des fois des parfums aux effluves féminins. Et un jour que Ndèye ramassait les habits de Mame Birima pour le linge, qu'il laissait d'ailleurs traîner un peu partout, un préservatif s'échappa d'un de ses pantalons.
"Au moins il se protège !" Avait-elle alors sarcastiquement pensé.
Au point où elle en était, très peu de choses pouvaient encore le choquer de la part de ce goujat.
Et dire que c'était cet homme vil, le père de son futur enfant ! Pauvre gosse, il n'avait rien fait pour mériter un tel père ! Se désolait-elle, plaignant déjà le triste sort de cet enfant alors même qu'il n'était pas encore né.

De Victimes à Bourreaux Where stories live. Discover now