30- 𝚃𝚛𝚘𝚞𝚋𝚕𝚎𝚜 𝚎𝚝 𝚎́𝚟𝚒𝚝𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝𝚜.

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𝐓𝐢𝐭𝐚̀𝐧.

— Diesel pour mon anniversaire, je veux que tu m'offres tes dreads. Plus les voir, quoi. Je fournis le sécateur, mais tes...

— Sérieux Tayla, casse-toi avec tes idées à la con ! le rembarre mon frère qui vire ses mains baladeuses de sa jungle brune. C'est mon arme de séduction massive. Pas touche et va t'occuper ailleurs ! Je sais pas moi, une manucure, ou Zeus a pas un bain à prendre avant ce soir?

— Mêle pas mon chien à tes problèmes, vieux. Tayla n'est pas sa nounou.

— Ta gueule Médusa. Je vais tout couper !

— Fais-gaffe à comment tu parles à ma gonzesse si tu veux pas que j'y foute le feu à ta paillasse de Bob Marley de mes deux, lui envoie Lenny pour défendre sa femme.

— Ouais, on sait tous qui est la gardienne officieuse de ton fiston, se fout-il de moi sans relever les menaces du couple. Tu devrais te méfier Titàn, vu comment il lui colle au train à son idole, il serait bien capable de la suivre à l'aéroport pour partir avec elle ! D'ailleurs elle est où la véto badass ? J'ai comme une envie d'apprendre une nouvelle langue, si vous voyez ce que je veux dire. Et ma truffe reniflerait bien son derrière. Quant à ma queue, elle a envie de danser le french cancan...

Je me raidis en l'entendant parler ainsi de Rose. Je me retiens de ne pas balancer la caisse dans mon Dodge – ou sur sa gueule – et me retourne. Ce vieux pervers ondule le bassin et se frotte les mains comme un bienheureux qui viendrait de trouver une mine d'or, puis refout l'objet des désirs de Tayla aux doigts d'argent dans son habituel man-bun ; coiffure en vogue dans le coin. Je sens une vague d'agacement me saisir, bien que je ne comprenne pas moi-même ce qu'il se passe, et je n'ai aucune envie de m'y pencher, à vrai dire. Mais je dois bien avouer que l'image de lui et ma Calamity se roulant des pelles à l'horizontal, c'est pas fait pour m'apaiser. J'ai encore la saveur de la langue encodée sur la mienne.

Et plus encore.

Je n'ai rien oublié des derniers événements sanglants, je suis juste sur pause le jour du pow-wow Shá. Tous les Lakiens sont dans le même état d'esprit : leurs peurs sont reléguées au second plan, aujourd'hui. Place à la célébration, à la fête, pour apprécier ce que nous avons et ceux que nous aimons. Ce qui nous lie dans ce bled sableux et rocheux. Demain, il nous faudra nous remettre au boulot, rouvrir les vannes de l'enquête, nous nourrir de notre haine indicible pour traquer le danger polymorphe.

On ne comprend toujours pas comment on a pu se laisser surprendre ainsi, comme des putains de bleus. Une bande de prospects sans formation.

On a beau tourner le problème dans tous les sens, plus on avance moins les éléments s'imbriquent. La cohérence se fait la malle à nous filer des migraines carabinées. La seule explication plausible, c'est qu'un de ces enfoirés de Red ait réussi à nous prendre en filature, dans le silence le plus total. Un fantôme. En se foutant à découvert, en une fraction de seconde de mauvais jugement, on lui a offert l'opportunité de nous descendre. C'est presque si on ne lui a pas fourni le flingue.

Heureusement, notre erreur de jugement n'a conduit personne au cimetière. J'en ai déjà perdu deux, quatre sont toujours on ne sait où. S'ajoute à cette liste de questionnements qu'on ne sait toujours pas non plus comment les Red s'y sont pris pour enlever nos frères, comme s'il s'agissait de gamins non surveillés dans un parc d'attraction où personne ne regarde plus loin que le bout de son nez.

La seule civile à qui ils ont tenté de s'en prendre, c'est Lexie, la cousine de Naya. Ces connards se sont approchés de plusieurs concitoyens pour essayer de leur soutirer des infos, sans plus. Les provocations pour nous prouver qu'ils pouvaient nous approcher ont fait monter la pression dans le Club. Puis ils ont tapé plus haut dans le Clan à la place, ciblant la difficulté. Et ils ont réussi.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now