SAUVAGES | En pause jusqu'au 6 octobre 2024

𝟸𝟿 - 𝚀𝚞𝚎𝚜𝚝𝚒𝚘𝚗𝚜, 𝚙𝚒𝚜𝚝𝚎𝚜 𝚎𝚝 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚎́. 𝙿𝚊𝚛𝚝𝚒𝚎 𝙸.

Rose.

— Oh gamine, ça va ?

     Une main se pose un peu bas sur ma hanche en plus de la voix qui m'interpelle. Tayla ne me laisse pas le temps de lui dire que tout va bien -à elle, et lui- qu'elle lui saute déjà dessus en hurlant comme une valkyrie en furie, fourchette en main :

— Tiger, je t'avais déjà prévenu hier espèce de brute mal élevée ! Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi pour que tu veuilles absolument que je m'occupe de tes roubignolles sèches pour te les servir en carpaccio au dîner ? Elle s'appelle Rose ! R.O.S.E ! Analphabète de mes deux ! Soit tu te rentres ça au fond du crâne, soit tu vas chez ta mère pour ton petit déj ! Ne t'avise plus de...

— T'as pas de couil...

     Ah mon pauvre pépère aux mains baladeuses, là, je ne peux plus rien pour toi !

     Il s'interrompt de lui-même comprenant qu'il est à un scalpel d'avaler un truc moins sympa que prévu à leur petite fête de ce soir. Ce qui honnêtement serait dommage, vu le cœur que nous mettons depuis hier à l'ouvrage ; dès l'aube.

     C'est qu'il y a du monde à nourrir et le compteur de mes heures de sommeil en moins a cessé de tourner !

     Et en plus, Bella, cet astre formidable faisant de l'ombre au soleil qui nous cuit ici jour et nuit, reste autant qu'elle le peut au chevet de son Gary, qui se remet de la frayeur qu'il nous a fait. Elle ne passe qu'en coup de vent, nous laissant gérer les bikers, et donc, la pension.

     Cette rencontre aussi, je ne risque pas de l'oublier.

— Rose, ouais, ok ! capitule-t-il dans un grognement sonore.

     Il m'envoie ensuite un clin d'œil de connivence absolument pas discret, et je choppe le volcan Tayla au vol et par la taille avant qu'elle ne lui crève un œil ou l'ébouillante avec sa chope pleine de café fumant :

— Tayla c'est bon, y'a pas de soucis, je sais que ce n'était pas méchant comme surnom. J'ai entendu pire à mon arrivée. Mon honneur est sauf.

     Mais ma libido ne sait plus comment se calmer.

     Puis j'ajoute pour Tiger –rapport au tatouage proéminent d'un gros tigre qu'il aurait dans le dos– :

— Il a bien compris que ses mains restent en évidence, ou alors je me ferai un plaisir de m'entraîner à la castration sur lui. Parce que bon, il ne faudrait pas que je perde la main pendant mon année sabbatique, n'est-ce pas ? Tout le monde connait mon CV, hein Tiger ?

     Je lui sors mon sourire machiavélique du chat Cheshire. Il déglutit tandis que ses mains se frayent un chemin rapide vers l'objet de nos menaces. Il est sympa le quarantenaire, pas mal physiquement en plus, un peu dans le genre de Luka, un choya grisonnant et une barbe sexy, mais un brin trop tactile pour moi. Rien de trop, il drague de manière cavalière, certainement pas habitué à devoir y mettre les bonnes manières. En dehors de ça, il s'est montré relativement courtois, autant que faire se peut. C'est simplement l'occasion de mettre une fois pour toute les points sur les i.

— Certaine ma Rosie ?

      Je lève mentalement les yeux. Elle aussi m'a filé un pseudonyme.

— Promis, et puis je connais aussi quelques techniques de défense, lui assuré-je en fermant mes poings pour la détendre.

— Perfectionne-toi ma belle, ça peut toujours servir, t'as vu un peu les bêtes sauvages qu'on doit supporter ici ? Et n'hésite pas à viser là où ça fait mal, pas sûre que la reproduction soit une bonne chose pour tout le monde !