39. Avec et sans toi

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Un quart d'heure plus tard...

L'ex jaloux. 

Voilà le rôle que joue Gabin depuis huit... neuf minutes maintenant, juste après m'avoir entraînée dans un coin sombre du jardin. 

Si ça ne tenait qu'à moi, je l'enfermerais dans le garage avec les chats, mais je me suis attiré assez d'ennuis pour la soirée. 

Tout ça à cause d'Eliott...

— Notre relation ne te concerne pas, lâché-je brutalement dans l'espoir que cela suffise à calmer mon boulet d'ancien petit ami. 

— Ah ouais ? Et elle concernera qui, la prochaine fois que ce looser te laissera tomber comme une vieille chaussette ? 

— Il n'y aura pas de prochaine fois, répliqué-je fermement. 

— T'en es sûre ? 

Non. 

— Bien sûr que oui ! On va mettre les choses au clair, et... et...

Mais malgré tous mes efforts pour le convaincre, Gab' ne décolère pas. 

Pire : il en rajoute une couche.

— Tu m'aurais jamais pardonné, si je t'avais abandonnée comme il l'a fait. 

Les mots s'échappent de ma bouche avant que mon cœur ne cherche à les retenir.

— Parce que je ne t'aimais pas autant que lui ! 

Ils sont vrais, mais tellement blessants qu'ils sonnent faux dès l'instant où Gabin lève la tête vers moi, les larmes aux yeux. 

— Désolée.

— Non, c'est bon. J'ai pigé, bougonne-t-il avant de rejoindre les autres au salon. 

Les autres, dont sa compagne, Arielle, qui donnerait probablement tout pour me condamner à une vie sans livres. 

Si Gab' ne piétinait pas de rage, elle m'aurait probablement lancé des imprécations, là, tout de suite, maintenant.

Comme quoi : envoyer bouler son ex, ça a du bon. 

— Je n'ai pas très faim, mais merci pour le dîner ! Je vais... je vais y aller, lancé-je à la cantonade en récupérant mon manteau. 

— Y aller ? Y aller où ? s'enquiert Rozy, un brin soupçonneuse. 

— Chez Gérard. Enfin, chez moi, balbutié-je, priant pour que mes babillages mal assurés passent au travers de son détecteur de mensonges. 

— Em' m'a demandé de la raccompagner, intervient Gabin. 

Il lâche un long, profond, et faux soupir de frustration.

Nom d'un sapin sans aiguilles ! À quoi il joue, là ?

KENAVO ! beuglé-je en ouvrant la porte d'entrée à la volée. 

Si j'avais laissé ce boulet finir sa phrase, ma mère ne m'aurait jamais autorisée à sortir d'ici vivante. 

Je suis tellement embarrassée que je manque d'écraser Patrick, sa poule, et m'étale tête la première sur la dalle en pierre du jardin. 

— Aïe ! 

Lorsque je rouvre les yeux, une poignée de secondes plus tard, quatre frimousses sont penchées sur moi : Rozy, hilare, Papa et Maman, inquiets, et Arielle, ravie. 

Je prends sur moi pour m'empêcher de lui présenter mon plus beau doigt d'honneur et clopine en direction de Gabin, parti chercher sa voiture. 

Et une bosse de plus à ajouter à mon palmarès de blessures toutes plus gênantes que les autres, une. 

LES AMOURS ÉPONYMES 4Where stories live. Discover now