𝟸𝟺 - 𝚃𝚘𝚌 𝚃𝚘𝚌 𝚃𝚘𝚌, 𝙳𝚘𝚌.

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Rose.

Je ne comprends pas immédiatement que les bruits qui bourdonnent à mes oreilles endormies ne viennent pas de mon rêve dans lequel j'étais encore il y a peu. Sonnée, mon premier réflexe est de chercher à tâtons mon téléphone pour consulter l'heure. Je ne sais plus quel jour nous sommes, et j'ai du mal à me situer tout court. Je m'ébroue sous le drap, pour remettre ce qui peut l'être en ordre là-haut.

Puis ça me revient : le cocktail du tonnerre que m'a quasiment forcé à boire Winny La Tornade quand nous avons rejoint ensemble mon chalet. Elle est même allée braquer la cuisine de la pension pour enfiler son costume de Barmaid dans les règles de l'art et créer une boisson qui m'a désinfectée l'intérieur.

Mon chalet ? Non mais je débloque !

— J'espère que c'est la troisième Guerre Mondiale, sinon je tue quelqu'un ! grogné-je blasée, refusant d'émerger.

— Tout pareil...

Ah oui. J'ai dit que ma copine avait non seulement kidnappé ma petite personne pour ne pas que je reste seule, obligé à boire son truc qui est sûrement interdit à la vente dans tous les pays du globe tellement ça déboucherait un WC rempli de ciment, et qu'après ça, elle n'a plus été capable de faire deux pas sans se vautrer en beauté ? Bah voilà, c'est dit. Cette journée était mémorable en tous points... Un plongeon dans le plus simple appareil devant des hommes pas plus vêtus que moi, et une cuite après des travaux manuels.

Si Naya voyait ça.

Les coups à la porte reprennent, résonnant dans mon cuir chevelu. Ou n'avaient pas cessé, je ne sais pas. Je me rends donc à l'évidence : il n'y a pas d'erreur, un poing est bel et bien en train de prendre ma porte pour un tam-tam, ce qui me donne envie de me servir d'une poêle en fonte sur un crâne comme de baguettes sur une batterie un soir de concert de hard-rock.

Punaise, je déteste qu'on me tire du lit !

N'ayant pas eu la force d'aller jusqu'aux volets avant de plonger la tête la première sur mon matelas et dans mes oreillers, ils sont ouverts. La nuit est encore noire dehors. Avec la chance que j'ai -il n'est jamais trop tôt pour une dose de sarcasme-, les parents de miss Au Bois Dormant se sont rendus compte de son absence et ont averti la cavalerie : le jumeau surprotecteur. Pas de jugement ici, simplement une constatation, mettant de côté tout ce que m'a raconté Winny devant notre film quand elle était encore capable d'aligner huit mots cohérents.

Elle l'aime plus que tout, mais il l'étouffe. J'ai bien senti qu'elle cadenassait des trucs, qu'elle utilisait des paraboles que je n'ai pas captées et pour plusieurs raisons, mais je n'ai pas joué la fouineuse, ne voulant pas profiter de sa fragilité éthylique.

Le moulin à paroles n'a fermé le rideau qu'une fois l'alcool ayant fait son œuvre, et j'ai ainsi eu The Witcher ³ pour moi toute seule. J'ai quand même manqué la moitié des deux épisodes, mais j'ai juré sur l'honneur de rattraper le coup. Dès ce soir.

En parlant de coup...

Winny Jolie, l'interpellé-je dans ma langue, je t'adore hein, mais si c'est Deacon, biker de l'enfer ou pas, je lui refais le portrait ! Il sait que tu vas avoir vingt-six ans ?

Ah bah oui, jumeaux...Combien de verres j'ai bus moi déjà ?

Je pourrais même imaginer que je tape sur Tarzan pour booster ma force toute relative, me sentant plus comme un chamallow périmé qu'un bloc de granit sous OGM tandis que je soulève ma carcasse molle pour aller déverrouiller la porte. Malheur, je ne suis pas de première fraîcheur. Tous mes muscles me tirent.

SAUVAGES | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Where stories live. Discover now