La Fille Perdue de Wonderland

Sauvetage et trahison

Notre plan était parfait. Pendant que David, Killian et Régina faisaient diversion, Mallymkun va nous ouvrir un chemin. Le Chapelier nous conduira à travers le château et nous libérons tout le monde. Ceci fait, nous ressortons du château pendant que Mallymkun part faire diversion aussi, au besoin. Rendus dehors, on court le plus loin possible de l’autre côté de la montagne, où Régina et les autres vont nous rejoindre par magie et nous transporter à nouveau à Marmoréal. C’était parfait, c’était…

-       Stupide. C’est complètement fou comme plan, dit David.

-       C’est tout ce qu’il y a de plus classique, mais ils tomberont dans le panneau, affirma mon frère.

-       Les chances de réussite ? interrogeais-je Régina.

-       Ce n’est pas mission impossible, mais ça sera ardu, dit-elle simplement. Je suis pour.

Tous se rangèrent finalement de mon côté, et nous mîmes le plan en action.

-       Tiens, dit-il en me tendant une petite bouteille.

-       Tu es sûr que ça va marcher ? m’inquiétais-je en fixant le liquide ambré.

-       Sûr et certain, confirma-t-il. Santé !

Il cala sa bouteille d’une traite. Après une dernière hésitation, je fis de même. D’abord, rien ne se passa, puis je sentis des picotements étranges sous ma peau, et tout autour de moi, les choses et les personnes se mirent à grandir. Ou c’est plutôt moi qui rapetissais, je crois. Je disparus finalement sous mes vêtements, mais Régina eu la bonne idée de me les faire rapetisser. Killian se pencha sur moi.

-       Je savais que tu étais le nain de la famille, mais là, c’est un peu effrayant, se moqua-t-il.

Je me contentais de lui tirer la langue et lui pincer la joue. Il se releva en rigolant puis, après encore quelques mots, nous nous séparâmes. Nous arrivâmes bien vite devant un fossé rempli d’eau vaseuse et de rochers difformes. De l’autre côté, dans le mur, se trouvait notre porte de sortie car, mine de rien, on va rapetisser tout le monde. Régina avait dupliqué la potion, alors aucun problème en ce qui concerne la quantité. Mallymkun passa la première, puis vint le Chapelier, puis moi. Nous nous mîmes à sauter de rocher en rocher, lorsque mon pied s’enfonça dans une cavité de l’un deux. Je retirais mon pied couvert d’une texture gluante, et je me rendis compte de quelque chose d’horrible.

-       Oh mon dieu, beurk ! Beurk, beurk, beurk ! Ah, mais c’est dégoutant ! m’exclamais-je en secouant mon pied.

Les rochers n’étaient pas des rochers, mais bien des têtes. Des têtes de personnes qui furent décapités par la Reine Rouge. Mais c’est écoeurant ! On m’en avait glissé un mot, comme quoi la Reine de Cœur décapitait des personnes ou des animaux tous les jours lorsqu’elle se sent offensée par ceux-ci. Elle est vraiment cinglée. Nous réussîmes finalement à atteindre l’autre côté du fossé, et nous traversâmes le mur par le petit passage. Nous étions juste à la bonne taille. À peine eûmes nous mis le pied à l’intérieur de la grande cour que des explosions retentirent plus loin. C’était la diversion. Le Chapelier me donna un morceau de Gigancake et, quelques secondes plus tard, je retrouvais ma taille normale, tout comme lui d’ailleurs. Nous nous cachâmes dans des buissons taillés le temps qu’une troupe de soldats rouges dirigés par le Valet passent devant nous, puis nous nous précipitâmes à l’intérieur.

-       Par là ! indiqua le Chapelier Fou en tournant à gauche.

Il nous conduisit ainsi pendant plusieurs minutes, connaissant le chemin par cœur. Ça ne devait pas être la première fois qu’il se rendait aux prisons. Nous dûmes, bien sûr, nous débarrasser de plusieurs gardes, mais aucun d’eux n’eu le temps de donner l’alerte. Dehors, les explosions et les cris étaient plus nombreux qu’au départ.