12h00 : Le temps de panser ses blessures

Start from the beginning
                                    

Enora se releva et observa un instant la peinture abstraite de corps de démon qui s'offrait à ses yeux. Elle ramena ses yeux sur le walkman et remarqua que la flèche vers le bas, c'était transformé en un pouce vert levé.

— Pardon ?

Enora les yeux plus que perplexe regarda autour d'elle comme si soudainement une personne allait lui dire "t'inquiète c'est normal que la flèche parle et te félicite de ton incroyable moove". 

La petite vignette verte reprit sa forme de flèche et pointa cette fois-ci vers la gauche tout en se mettant à clignoter vivement.

Enora ramena son regard vers la gauche et vit une porte semblable à celle de gauche ; pareille en tout point à celle de droite ; identique à toutes celles qui jonchaient ce couloir. Rien n'était sûr, elle pouvait retomber dans une dimension horrible similaire à l'enfer. Des voix groggy lui rappelèrent que chaque seconde comptait. Elle regarda de nouveau la porte, puis ses opposants. Une décision, maintenant ! Allez Enora !

Elle voulait reprendre son destin entre ses mains ! C'était l'occasion ou jamais. Se rappelant cette promesse faite à elle-même, elle s'élança et toucha la poignée qu'elle tourna vivement.

Priant pour que le néant ne l'accueille pas, elle se surprit à recevoir un vif courant d'air doublé de nombreux flocons de neige qui gelèrent presque immédiatement son visage. Alors que, malgré le froid évident, elle se jeta, tête la première au travers de la porte, une main la saisit par l'avant-bras et la tira.

Enora, les yeux fixés sur ce décor neigeux, désormais inatteignable, se sentie ramenée en arrière. Le tapis rouge qu'elle vit se dessiner sous ses pieds se changea en le sol uniforme blanc et un bruit régulier et mécanique en un silence pesant seulement habité par les cris de ses poursuivants.

Le sol blanc entra finalement au contact de son coccyx et Enora regarda inquiète le démon rouge qui lui faisait face.

Elle avait échoué. Une nouvelle fois, elle avait déçu quelqu'un.

Les mains sur le sol, son corps sembla se geler dans la glace. La bouche fermée aucun mot ne sortait. Elle ne pouvait plus fuir, bouger était inutile ; elle était déjà désignée comme coupable, argumenter sa défense ne servirait à rien.

— Cheffe, ici Lyto. On l'a retrouvée.

Une main rouge se saisit de son bras la forçant à se relever alors que son réceptacle glissa de sa main et roula sur le sol. Alors qu'un Actryx se pencha pour le récupérer, une flamme noire tomba du plafond.

— Quoi ? demanda le dénommé Lyto.

Il releva la tête et, paniqué, il regarda le plafond à présent victime d'un véritable incendie. Des flammes noires dévoraient le plafond et glissaient à présent le long des murs. L'un des subalternes d'Alice s'approcha et toucha les flammes.

Un cri s'échappa de ses lèvres, profond et guttural, preuve de la souffrance qui prenait à présent possession de son corps. Il se tenait la main là où il avait tenté de toucher les flammes et recula vivement imité par ses comparses. Il regarda sa main et s'aperçut que le haut de ses doigts avait à présent disparu. Ils n'étaient pas brûlés ou cassés, il avait seulement disparus. Comme s'ils avaient été gommés de la réalité.

— Reculez ! cria-t-il à ses collègues.

Ces flammes noires étaient totalement différentes de celles du pont des comptables ! Ils ne fallait pas qu'ils les touchent. L'Actryx regarda Enora au centre toujours devant la porte et immobilisé fixant la source des flammes au plafond. Il ne pouvait pas laisser une âme mourir. Ce n'était pas envisageable. Il regarda le cylindre rouler dans leur direction s'arrêtant juste devant les flammes et compris. C'était un réceptacle. Lyto remonta ses manches et prit une profonde inspiration. S'il devait se sacrifier qu'il en soit ainsi. D'un geste entendu à ses camarades, il s'apprêta à s'élancer quand un mouvement au niveau des flammes toujours perchées au plafond attira son attention.

Une forme sembla tomber lentement. Enora regarda et reconnu un corps désarticulé se rendant lentement à l'atmosphère. La jeune femme n'en crut pas ses yeux. James ! C'était James ! S'en prendre garde aux flammes qui continuaient de s'éparpiller le long du couloir et tomber comme les gouttes d'une pluie, elle s'élança et rattrapa le jeune Time inconscient. Du sang s'étalait le long de sa chemise auparavant d'une blancheur similaire à la neige immaculée qu'elle avait pu observer de l'autre côté de la porte. Son visage aussi pâle qu'un fantôme fit craindre le pire à la jeune fille. Elle tenta de poser sa tête sur sa poitrine en quête d'un battement de cœur, mais se rendit compte de sa bêtise. Est-ce qu'un Time avait un cœur ?

Elle regarda autour d'elle et remarqua les Actryx des yeux habités de toute évidence par la terreur et le désespoir. De toute évidence, ce spectacle qu'offrait James malgré lui n'était pas non plus à leur goût.

— Non... je... je vais... Oui pas le choix... S'il vous plaît ! Je me rends, mais aidez-le ! implora-t-elle.

Les Actryx, oreilles baissées tentèrent une nouvelle approche, mais un jet de flamme dans leur direction qu'ils évitèrent difficilement accueillit leur tentative.

— Non... Enora... Traverse la porte...

Enora regarda James qui bougea difficilement la tête et la leva des yeux fatigués pour la regarda un instant de ces prunelles rouges.

— Mais tu vas mourir !

— Non... mais toi si, si tu ne traverses pas la porte. Ferme-là et ils ne pourront plus nous poursuivre... Et... je t'en prie... Emmène-moi avec toi...

La dernière phrase formulée dans un souffle sembla à Enora résonne autrement comme habitée d'une nouvelle émotion. Pourtant, dans l'esprit en désordre de la jeune fille trop soumise au stress et aux multiples traumas que les Time lui avaient fait subir, la réaction fut claire.

Elle se leva et traîna difficilement James jusqu'à la porte.

— Non !

Une voix plus forte s'éleva dans le couloir et une jeune fille les cheveux blancs lui arrivant au-delà de sa petite taille courut dans leur décision. Juste derrière elle, Enora reconnu Alice, le regard habité d'une profonde est terrible colère.

— Non ! James ! répéta, cette fois-ci en hurlant, la jeune fille.

— Miwi ? souffla James rapidement rattrapé par l'inconscience.

Enora paniqua. Une autre Time ! Non ! Elle ouvrit la porte et tira James suivit d'une traînée de sang qui suivait son propriétaire comme son ombre. Une fois de l'autre côté, elle ferma la porte espérant ainsi échapper à ses poursuivants.

— Non ! James ! cria la dénommée Miwi. Ne retourne pas là-bas !

Mais c'était trop tard. James et Enora, tout deux avait finalement disparut. La porte s'était refermée et ils pouvaient à présent être partout dans l'espace-temps dans lequel ils venaient de pénétrer.

Miwi se laissa tomber à genoux rattrapée rapidement par Alice. Miwi était la consciencieuse de la famille. Jamais elle ne quittait son poste auprès de la toile d'Existence. Pourtant, cette fois-ci, elle l'avait quitté ; cette fois-ci, elle s'était octroyé une pause. Et pourtant, malgré ça, elle avait échoué. James avait disparu et elle avait le sentiment qu'elle ne le reverrait jamais.

La jeune fille fondit en larmes rapidement entourée des Actryx s'inquiétant pour la jeune Time. Alice regarda de nouveau la porte et serra son poing. Tout était de sa faute. Elle s'était fait la promesse de retrouver James et de le ramener auprès de sa famille. 


Time FamilyWhere stories live. Discover now