12h00 : Le temps de panser ses blessures

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Le souffle court, les pas rapides et ses bras mimant des allers-retours le long de ses hanches sans doute pour lui donner un sentiment de vitesse, Enora courait.

Les couloirs blancs jonchés de portes, d'excentriques à des plus banales, avaient depuis longtemps laissé leur place aux mêmes portes serties d'une unique plaque qu'elle avait croisé lors de sa dernière escapade. La dernière fois qu'elle avait tenté d'en traverser une, elle avait fait sans doute la pire rencontre de toute sa vie.

— Faites que je ne retombe pas sur un monstre, se plaignit-telle.

Elle n'avait pourtant pas le luxe d'hésiter. Elle se contentait de suivre la flèche du walkman de James qui de temps à autre tendait vers une tout autre direction la forçant à changer son cap.

James...

À cette pensée, Enora ne put s'empêcher de ralentir et de jeter un coup d'œil derrière. Cela faisait longtemps qu'elle avait commencé sa course et il était stupide de croire qu'elle pourrait encore voir James combattre sa sœur, mais Enora ne put s'en empêcher.

Elle s'était détestée. Au moment même où elle avait quitté la pièce, elle avait détesté ce geste, cette fuite. Elle s'était haï d'avoir abandonné James.

Il était pourtant sûr qu'il se débrouillerait et aurait plus de chance qu'elle de s'opposer à Alice, mais quand même.

Durant un instant, c'est comme si ses jambes allaient la ramener auprès du jeune Time. Durant le temps d'une seconde, elle se sentit capable de tout dont foutre la torgnole de sa vie à Alice. Mais bien vite, la réalité des choses reprit ses droits : elle n'était qu'une âme qui n'acceptait pas son sort. Rien de plus. Sa condition ne lui octroyait ni supers pouvoirs, ni talents quelconques comme les héros de ses films et livres préférés. Au lieu de ça, elle était là à se morfondre dans ce couloir donc l'uniformité commençait lentement, mais sûrement à la rendre folle.

Non.

La seule chose qu'elle pouvait faire pour James était de suivre ses directives à savoir de s'échapper. Enora serra davantage le walkman dans sa main et son réceptacle dans l'autre. James la rejoindrait, c'était sûr. Elle ne pouvait pas le décevoir. Pas après qu'il l'a aidé.

— La voilà !

Des créatures à la peau rouge apparurent devant ses yeux et la montrèrent du doigt. Elle était repérée ! C'est sûr que c'était le pire endroit et le pire moment pour se laisser aller à un monologue certes des plus émouvants, mais des plus inutiles et débiles possible !

— Stupide Enora ! fustigea-t-elle contre elle-même.

Sans attendre davantage, elle se remit à courir poursuivit par les deux subalternes d'Alice. Rien qu'a cette pensée, elle eut envie de les insulter de tous les noms possibles et imaginables, mais elle manquait de souffle.

Ne quittant pas des yeux le walkman et plus précisément la flèche verte qui pointait droit devant elle, Enora entendit les pas s'approcher. Ces démons courraient vite. Trop vite pour elle.

Entrée 18392 du carnet d'Enora dans le monde du bordel : les démons à queue rouge court bien trop vite. Peut-être que leur queue agit comme les pales d'un hélicoptère.

Alors qu'elle allait de nouveau s'insulter de tous les noms pour son cerveau qui préférait s'enterrer telle une autruche dans le sarcasme et l'ironie que réfléchir à sa situation sans solution, la flèche verte se mit à changer de direction et pointa... le sol.

Ses réflexes allant de toute évidence plus vite que son esprit, Enora se baissa soudainement manquant même de faire rencontrer sa tête avec le sol. Dans un cri, les Actryx, emportés par leur vitesse se prirent Enora et dans leur tentative d'éviter la confrontation, ils tentèrent une esquive maladroite et se percutèrent ensemble. Le tout roula un instant pour s'immobiliser dans un amas de corps et de bras emmêlés.

Time FamilyWhere stories live. Discover now