Les trois résistants se levèrent, habillés d'une tenue passe-partout. Les parachutes étaient dans l'avion, tout était prêt, du moins matériellement. Leurs esprits hésitaient encore, cependant, dès qu'ils seraient dans les airs, plus aucun retour en arrière ne serait possible.

— Hé bien, allons-y puisqu'il le faut, hasarda Louis, la voix tremblante.

Il se mit en marche, suivi de ses deux compagnons. Leurs semelles claquaient sur le sol de béton, les échos s'amplifiaient dans les oreilles d'Elias. Le moindre petit bruit était retransmis plus fort.

Ils débouchèrent sur un petit hangar et à l'extérieur, le minuscule avion les attendait, le chef de leur mission sur le pas de la portière. Il serait avec eux lors du largage et pourrait ainsi leur donner les dernières recommandations.

Le groupe embarqua dans l'engin, le corps tremblant, les pas hésitants. Les sièges étaient rustiques, mais ils étaient habitués à peu de confort. Ils avaient déjà voyagé dans ce genre d'avions pendant leur entraînement.

Le pilote donna le départ, les portes se refermèrent en un claquement, scellant leur futur. Le moteur commença à tourner et rapidement, l'avion commença à rouler sur la piste. Elias retint sa respiration, il détestait cet instant, suspendu entre ciel et terre. Son vertige désormais apprivoisé ressortait parfois à certains moments et le résistant n'allait pas bien.

Louis le remarqua et sourit.

— Hé bien, monsieur a le peur du vide ?

— Oh, ça va ! Tais-toi ! répliqua Elias d'un ton colérique.

C'était la première fois qu'ils s'adressaient la parole depuis la veille et Elias fut heureux de ne pas entendre d'animosité dans la voix de Louis. Eugène leur lança un regard noir tandis que le chef de la mission leur faisait les gros yeux. Les deux amis rirent dans leurs capes, malgré la réponse violente d'Elias. Puis, ils se renfoncèrent dans leurs sièges.

Les roues avant de l'avion ne touchèrent bientôt plus le sol et celles de derrière ne tardèrent pas à suivre. Elias sentait son petit déjeuner remonter à cause de la vitesse. Au contraire, Louis semblait exalter.

La ville se rapetissait sous eux, les maisons devenaient minuscules tandis que les voitures et les habitants disparaissaient. L'immensité de la terre apparaissait sous leurs yeux ébahis. Aucun n'avait pris l'avion pour un si grand trajet, ils allaient traverser la mer, survoler des villes et villages par milliers.

Les champs verts s'étalaient sous leurs pieds. Ils fusaient dans les airs, parcourant des dizaines de kilomètres en seulement quelques minutes.

Elias se sentait si petit face au monde, totalement insignifiant. Il se disait ne jamais pouvoir trouver sa place dans cette Terre gigantesque. Sa peur du vide venait peut-être de là, l'univers était trop grand pour lui, tous les habitants ne pourraient pas admirer sa force.

L'avion volait toujours plus haut, côtoyant déjà la couche de nuages. Un espace cotonneux s'étendait désormais autour de l'engin, rien que du blanc à perte de vue. Des turbulences venaient parfois faire trembler les passagers qui, le dos meurtri par les dossiers de bois, grimaçaient.

Les parachutes, eux aussi, glissaient d'un bout à l'autre de l'avion. Dans une heure tout au plus, Elias allait devoir en accrocher un sur ses épaules et sauter dans le vide. Il l'avait déjà fait plusieurs fois, mais jamais dans un endroit inconnu... Qui sait ce qu'il pourrait se passer à terre ? Son vertige revint, il comprima sa peur dans un coin de son esprit, tentant de l'oublier une fois pour toutes.

Une heure plus tard, l'avion commença à amorcer sa descente. À travers les hublots, Elias ne discernait plus rien, seulement du blanc qui l'aveuglait. Son ventre se noua et ses joues s'enflammèrent. Il tournait ses mains dans tous les sens, ne sachant que faire.

RésistantWhere stories live. Discover now