𝟷𝟻 - 𝙰𝚞 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚎́

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Rose

A lot of people ask me... am I afraid of death...
Beaucoup de gens me demandent... si j'ai peur de la mort...
Hell yeah I'm afraid of death
Merde ouais j'ai peur de la mort
I don't want to die yet
Je n'veux pas déja mourir
A lot of people think... that I worship the devil. .
Beaucoup de gens pensent... que j'voue un culte au diable...
That I do all types of... retarded shit
Que j'fais toutes sortes de... conneries retardées
Look, I can't change the way I think
Regardez, je n'peux pas changer ma façon de penser
And I can't change the way I am
Et je n'peux pas changer ma façon d'être
But if I offended you ? Good
Mais si j'vous choque ? Bien
Cause I still don't give a fuck
Parce que j'en ai toujours rien à foutre

(Eminen ¹)

— Tu trouves un truc intéressant là-dedans ? Rose ?

Le nez plongé depuis un long moment dans ma lecture, auditivement hypnotisée par les paroles d'Eminem que j'écoute en boucle, je remonte à la surface hameçonnée violemment hors de ma concentration par le gardien du lieu. Encore. Ses doigts rugueux sur mon avant-bras n'y restent heureusement qu'une fraction de seconde, mais suffisamment pour savoir que je n'ai pas aimé ce contact non-désiré. Encore. Je retire un écouteur que je dépose dans sa petite boite fuchsia devant moi. Le grincement désagréable de la chaise qu'il tire sur le sol me fait serrer les mâchoires puis me frictionner mes oreilles qui doivent saigner de l'intérieur. Je déteste ce genre de bruits qui me donnent la sensation d'être allongée sur la table d'occultation d'un dentiste, fraise en main ; odeur d'asepsie médicale en moins.

Remarque, je ne dirais pas non à respirer autre chose que son parfum qui me prend à la gorge et fait se contracter mes narines d'une manière excessive.

Il s'est baigné dans un flacon d'eau de Cologne ou quoi ?

— Tout est fascinant quand on veut s'informer, réponds-je sans même lever les yeux de mon fouillis étalé sur la table.

— Et tu veux apprendre quoi ma jolie ?

À te faire comprendre le sens d'un « non », déjà, ce serait un grand pas en avant pour l'humanité.

Très long soupir intérieur.

Danny se laisse mollement tomber sur le siège qu'il a ramené sur ma gauche dans sa quatrième tentative d'ouvrir le dialogue avec moi. Dommage pour lui et sa persévérance, je n'ai pas la tête à causer aujourd'hui. Ni hier d'ailleurs. Demain ? Seul l'avenir me le dira. Je ne veux pas faire ma sauvage, ni alimenter les préjugés des mauvaises langues ayant soif de s'abreuver d'infos leur permettant d'aller jacasser que je suis « une petite française mal élevée qui se la péte », mais je suis incapable de forcer ma sociabilité à sortir de sa tanière sombre.

En temps normal, je suis déjà peu enclin à papoter par simple élan de politesse quand je n'en ai pas envie, mais prenant en compte que « normal », c'était avant, quand ma vie avait encore un sens, une direction, quand je n'étais pas orpheline avec mes questions sans réponses et des horribles souvenirs, je me dis que j'ai tous les justificatifs nécessaires pour être asociale. D'autant plus que mon escapade dans l'État voisin, loin de me permettre de souffler comme je l'avais prévu, a retiré en moi plusieurs pièces de mon édifice déjà très bancal. C'est une partie majeure de mes fondations qui a été déblayée en quelques minutes ; en quelques phrases ; quelques mots à peine, laissant un canyon ravagé. Donc non, je n'ai pas la tête à répondre à ses avances pachydermiques. C'était non au Black Diamond Bar les dernières fois, rien n'a changé dans mon non-intéressement.

SAUVAGES | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant