5: Escapade

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Quelque chose sembla me tirer en arrière sans attendre que mes jambes ne daignent m'obéir. Je me retrouva traîné par terre, dans la poussière et arriva aux pieds de Malefoy qui me toisa de toute sa hauteur. Vu d'en bas, il était grand et je me sentais vraiment toute petite, aussi insignifiante qu'un insecte.

Tant bien que mal, je me redressa, mettant de côté cette humiliation et oblitérant les sourires moqueurs des autres. Une main prit mon poignet et je me retrouva à suivre le petit groupe.

Se rebeller ne servirait à rien. Si je fuyais, Malefoy parviendrait à me ramener à lui, à moins que je ne court à toute allure et encore, même de cette manière, je ne pourrais pas lui échapper. Pas sans l'assommer et faire de même avec les autres.

– On va où ? maugréais-je en me laissant tracter.

Cette journée déjà maussade promettait en cet instant d'être pire que tout. À se demander pourquoi je m'étais levé, avant de me souvenir que je n'avais pas eu bien le choix.

– Dans notre salle commune.

– Oh génial ! grommelais-je.

L'antre des Serpents. Leur nid. Je frissonna rien qu'à cette idée. Selon les rumeurs, ils étaient sous le lac. Ce qui, de mon avis, était bien loin d'être aussi attrayant et attractif qu'être proches des cuisines avec une vue donnant sur le parc et une bonne odeur de pain chaud qui venait titiller les narines des adolescents le matin. D'autant que la vue sous l'eau devait rendre l'atmosphère de la salle commune lugubre. Il devait faire frais et humide.

– Quelle démonstration de joie. Tu devrais être flatté.

– Je suis au comble du bonheur, ça ne se voit pas ? Je rayonne de joie et suis transporté par cette nouvelle. Non vraiment, on va où ?

Cette fois, je n'obtins aucune réponse. Aller chez les Serpentard était une aberration. Personne de sain d'esprit n'irait emmener un membre d'une autre maison dans sa salle commune alors qu'ils ne se connaissaient qu'à peine.

Nous nous arrêtions soudainement au beau milieu d'un couloir, près d'un escalier qui descendait vers les cachots.

– Caecus, entendais-je.

Un voile noir tomba devant mes yeux. Je paniqua un instant en me rendant compte que je ne voyait plus rien. Et puis je me rappela du sort. Ce qui ne m'aida pas à me détendre. Bien au contraire. Tout pouvait m'arriver. Qui sait qui se cachait dans les escaliers. Quelqu'un allait arriver et me frapper. Moi, aveuglé, ne pourrais pas me défendre. Ma baguette n'était même pas à portée de main. Je l'avait bêtement laissée dans mon dortoir, parce que je n'aurais jamais pensé devoir aller ailleurs que dans ma salle commune et encore moins chez les Serpentard.

– Doucement, souffla la voix de Malefoy. Il n'est pas question que tu vois l'entrée de notre salle commune.

Elle était très proche. Tout comme son corps qui se colla à lui. Je sentis un bras entourer ma taille et une main s'emparer de la mienne, se glisser entre mes doigts. Malgré moi, je ne put que m'agripper à cette main lorsque je fus poussé à avancer.

– Je croyais que c'était une blague ! Vous faites ça à tous ceux que vous invitez ?

– Eh bien maintenant tu vois que c'en n'est pas une. Attention il y a une marche.

Tâtonnant du bout du pied, je trouva la fameuse marche et remercia mentalement Malefoy de m'avoir averti. Ce dernier m'indiqua chacune d'elles et me serrait contre lui au moindre mouvement.

Nous étions proches l'un de l'autre. Si proches que je pouvais sentir le parfum doux, léger et la chaleur de mon voisin. Je frissonna de nouveau, sans savoir si c'était de peur ou d'autre chose.

– On y est, annonça Drago en m'entraînant à sa suite dans ce qui était un long couloir.

Je n'étais pas rassuré. Je se retrouvais en territoire ennemi, inconnu, avec des Serpentard.  J'allais d'ailleurs me retrouver dans leur nid assez rapidement.

Normalement, je ne risquais rien. Les Serpents et les Blaireaux s'entendaient assez bien. En temps normal et lorsque les chances étaient équilibrées.

Après ce qui me parut être des kilomètres, des tournants et d'autres escaliers, je fus immobilisé. Malefoy s'éloigna de moi. Un courant d'air froid s'empara de moi, de même qu'un affreux sentiment de manque. Mais avant de se fustiger sur ce comportement niais et stupide, je n'entendis qu'un murmure puis plus rien. Le silence. On venait de me jeter un autre sort destiné à me rendre sourde. La présence autour de ma taille revint presque aussitôt, me rassurant un peu. Au moins ils n'avaient pas l'intention de m'abandonner au beau milieu de nulle part, aveugle et sourd.

Nous passions dans une pièce plus chaude que ce qui devait être un couloir. Sans doute la salle commune. Un feu de cheminée devait réchauffer l'endroit. Le son éclata soudainement de conversations, me faisant bondir et une lueur blafarde me fis cliquer les yeux. Je pris quelques secondes pour assimiler le fait que je voyais et entendais de nouveau avant de regarder autour de moi. 

Devrais-je t'aimer?Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin