Chapitre IV « Rose libéré »

191 15 0
                                    

* * * * *


Je me suis réveillée quelques heures après mon enlèvement avec un mal de tête horripilant. Je me trouvais enfermée dans une petite pièce sur un vieux matelas miteux. J'ai observé le lieu exigu, sentant mon cœur se mettre à battre plus fort, accompagné de sueurs froides, réalisant ma situation au fur et à mesure que j'émergeais.

Un homme est entré. Je l'ai reconnu à sa voix lorsqu'il m'a ordonné de me changer avec une robe de catin laissant paraître plus de peau qu'il y a de tissu : le chef de cette bande de trafiquants.

Je lui ai évidemment dit d'aller au Diable, mais il s'est énervé, m'a jetée au sol et m'a donné un coup dans les côtes. A cause de ma migraine et de la violence de son acte, je n'ai rien pu répliquer. J'ai donc obéi en rangeant ma robe et mes effets personnels dans un sac. Avec difficulté puisque mes côtes se faisaient alors de plus en plus douloureuses, j'ai enfilé la robe, gardé mes chaussures et détaché mes cheveux en jetant les roses rouges qui avaient péri dans la bataille.

Puis j'ai dû sortir. Il m'a emmenée me faire photographier les pieds et poings liés, dans des pauses plus ou moins suggestives. J'ai obéi mais je regardais par-dessus l'objectif avec rage, comme pour prévenir l'acheteur que je ne me laisserais pas faire si facilement. Ensuite, j'avais été ramenée dans ma cellule, mais je ne retrouvais pas mes affaires. J'ai crié à travers la porte pour savoir où elles étaient. Plusieurs fois, fort, longtemps. Mais on ne m'a jamais répondu...

Puis on m'a apporté un pichet d'eau et du pain. C'est tout. Une personne est de nouveau venue me déranger pour me dire que ça y est, j'avais été vendue. On m'a donné le prix. J'ai répondu que j'aurais pensé partir pour plus. Je ne savais plus vraiment qu'elle jour j'étais. La nuit ? La journée ? C'est alors que l'une des pires choses que je pouvais imaginer s'était produite : le chef de ses barbares était entré dans ma cellule. Il avait bu, ça se voyait. Il tenait des propos incohérents, disait des choses telles que "sale pute, je vais te baiser", "je vais avoir des problèmes à cause de toi. Il veut me parler".

Je répondais que je ne comprenais pas de quoi il parlait tout en reculant. Mais il continuait ses divagations. "Tu ne sais pas ? Les acheteurs c'est pas des gens qui discutent autour d'un bon verre de champagne comme t'as l'habitude... ils discutent pas vraiment eux..." continuait-il de sa voix pâteuse. Je comprenais seulement que mon acheteur devait être en colère contre lui pour une quelconque raison. Moi je m'en fichais bien. Tout ce que je voyais c'était qu'il avait une poutre dans l'oreille. Ivre, il était mou, lent et sans réflexe.

Alors quand il s'est jeté sur moi pour me faire tomber sur le matelas, je l'ai évité de justesse. Il s'est mangé le mur et s'est laissé lourdement retomber au sol. La porte de ma cellule restée ouverte j'ai saisi l'occasion. Malgré la précipitation, j'ai pensé à refermer la porte de métal derrière moi et à abaisser le levier afin que l'homme ne puisse pas me poursuivre.

J'ai tant bien que mal couru dans les couloirs malgré les douleurs qui percluaient, et qui percluent toujours d'ailleurs, mon corps fatigué. Je ne suis pas allée bien loin car j'ai vite rencontré un second homme qui m'a stoppé net. De toute façon, je n'avais pas espoir de m'évader si facilement. Il me fallait juste quelqu'un pour empêcher l'autre individu de m'approcher à nouveau. Je n'avais plus qu'à supplier pour qu'on ne me fasse pas plus de mal...

Contre toute attente, cet homme aux allures de soldat passé du côté obscur s'est contenté de me ramener à ma cellule sans rien me faire, relever l'homme ivre de lui-même et l'engueuler : « Tu veux te faire tuer ? T'es menacé en l'ayant frappé. Si tu la viole il va se passer quoi à ton avis ? Espèce de génie... va dormir et dessoûler, je m'occupe de la marchandise ». Il m'avait en effet enfermé à quintuple tours dans la cellule avant de rester poster près de la porte, au cas où, je suppose. Au cas ou de quoi ? Je ne pouvais aller nulle part. Je ne traversais pas encore les murs aux dernières nouvelles ?

La Rose Des SablesWhere stories live. Discover now