Chapitre VI « Une rose unique n'a pas de prix »

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Je m'appuie contre le mur en face de la porte, la clef toujours dans la main. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Putain ! Elle doit avoir raison, je suis devenu fou. Mais elle a tellement bien réussi à me faire sortir de mes gonds que j'en suis venu à penser que la laisser tranquille trois jours dans sa chambre lui permettrait de se calmer. Sauf que lorsque j'entend ses cris, ses suppliques et ses coups, je me rends bien compte que ce n'était pas une bonne idée. Je me passe une main dans les cheveux et la barbe en une mimique stressée. Peut-être n'est-il pas trop tard ?

C'est lorsque je refais un pas en direction de la porte que j'entends un coup encore plus fort que les autres précédés d'un grand juron. Puis plus rien hormis quelques bruits de pas rageurs qui s'éloignent.

Bon.

Finalement, si, c'est peut-être trop tard.

Merde...

Alors je préfère me hâter vers les cuisines afin de dépêcher deux femmes de chambres croisées au hasard et me fichant totalement de savoir si elles ont déjà quelqu'un à gérer. Cette autre personne peut très bien patienter. Une fois cela réglé, je me dirige vers mon bureau privé. À moitié étonné seulement, j'y trouve Adil qui m'attend déjà dans un fauteuil.

― Comment cela s'est passé avec Marie-Mette Rosenkrantz ? demande-t-il avec un petit sourire en coin tout en me tendant un bon verre de whisky sec.

Je vais en avoir besoin... D'ailleurs je devrais peut-être de suite aller m'en chercher un second...

― Mal. Très mal, dis-je avant d'avaler cul sec et d'attrapper la bouteille pour me resservir deux doigts, peut-être trois en fait.
― Tu t'attendais à autre chose ?
― Oui... non... je ne sais pas ... tu es censé être mon conseiller. Conseille-moi !

Adil soupire en posant son verre sur la table basse.

― D'accord, d'accord. Raconte-moi tout depuis le début alors.

Je prend une lampée afin de me donner du courage et j'entame mon récit en lui racontant tout de A à Z. Plus j'avance, plus le dépit se peint sur son visage...

― Ah oui... ça... commence mal, dirons-nous. Mais à quoi t'attendais-tu sérieusement ? Tu dois lui expliquer qui tu es et d'où tu la connais si tu espères arranger les choses.
― Je sais... je devrais mais... je peux pas. J'ai peur que ça empire les choses, au contraire.
― Mais comment est-ce que, sérieusement, cela pourrait empir...
― Je fais quoi ? le coupé-je en me rejetant dans mon siège et passant machinalement une main dans mes cheveux.

Je l'entend souffler d'exaspération. Il n'aime pas cette situation, pas du tout même. Mais je suis son sultan, alors il ne peut pas vraiment aller à mon encontre.

― Bon, très bien. Calme-toi et trouvons une solution dans ce cas. Disons que cette histoire de trois jours aura au moins le mérite de la laisser tranquille afin qu'elle puisse digérer les derniers événements... dit Adil avec bien plus de calme que moi face à cette situation improbable.

Non. Improbable n'est certainement pas approprié. Catastrophique. Voilà, c'est exactement ça le mot, catastrophique.

― Ton but premier est bien qu'elle reste ici, n'est-ce pas ?
― Oui.
― Dans ce cas là, tu dois apprendre à la connaître. Discute avec elle, découvre ce qu'elle aime et inspire-t-en. Il n'y a pas non plus trente-six-mille façons de s'attirer les faveurs d'une femme.
― Ce qu'elle aime... des cadeaux donc ?
― Par exemple, même si je ne pense pas que ce soit vraiment le plus adapté. Cette jeune-femme vient de la haute, que tu lui offres de précieux objets ne lui fera ni chaud, ni froid à mon avie.
― Alors quoi ?
― Peut-être... et bien fais-lui découvrir le palais, la ville, les gens. Intéresse-toi tout simplement à ses passions, à elle. Fais en sorte qu'elle découvre que le pays est magnifique et qu'elle voit que tu es quelqu'un de bien malgré les premières impressions. Disons que... tu devrais plutôt lui offrir de l'attention et de la bienveillance plutôt que des objets fastueux.
― OK, OK... je vais faire ce que je peux.
― Tu as intérêt à réussir. Parce que tu as le chic pour te fourrer dans des situations infernales. Surtout avec les femmes. Ah ça... dit-il en levant son verre vers moi.
― Merci Adil, c'est toujours extrêmement agréable de se le faire rappeler, dis-je ironiquement.
― Mais de rien mon ami.

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