Chapitre III « Vente de rose »

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― Je pense que nous en avons fini pour aujourd'hui, dis-je aux trois hommes face à moi. Cette réunion est terminée. Bonne soirée messieurs.

Ils me saluent comme ils le doivent vis-à-vis de mon rang. Je hoche la tête et je sors pour ramener mes dossiers dans mon bureau privé. Une fois passé les portes, je les referme à clef et vais m'asseoir dans mon gros siège en cuire. La journée a été longue... comme toujours j'ai envi de dire...

Pour éviter de passer ma journée à penser au plus gros problème de mon existence, je me suis noyé dans le travail. J'ai enchaîné les réunions, j'ai rempli des dossiers à la pèle, j'ai prévu des dates pour d'autres réunions, j'ai donner des dossiers à travailler à d'autre personnes, j'ai organisé des dates de visite dans d'autre villes, j'ai passé des coups de fil, etc, etc...

Mais je crois que maintenant que je m'accorde un instant seul, je ne peux plus le renier. Je dois réfléchir à ce problème. Ma sultane. Ou plutôt mon absence de sultane...

Je me prends la tête entre mes mains en laissant échapper un petit râle désespéré. Non. Plutôt frustré. Le problème est que j'ai trois maîtresses à charge. J'espérais que l'une d'entre elle ferait une bonne dirigeante. Mais je ne crois pas que ce soit le cas. Je ne crois pas que l'une d'entre elles aurait les capacités pour être à la tête d'un pays... ce sont encore et toujours les même arguments qui reviennent en boucle. Je décide donc d'appeler ma sœur, ma petite sœur, Malika.

Halo ?
― Malika, c'est moi.
Je sais que c'est toi, gros malin. Je vois ton nom affiché sur mon portable, me lance-t-elle. M'enfin... au son de ta voix, ça n'a pas l'air d'aller. Que se passe-t-il ?
― Comme d'hab...
Ah...

Je comprends à sa voix et à quelques bruits de fond que jusqu'ici elle était avachie et que maintenant elle se redresse.

Ta sultane...
― Oui. Ma sultane...
Que veux-tu que je te dise Kail ? Rien n'a changé depuis la dernière fois...

Je me cale un peu plus dans le fond de mon fauteuil pour continuer cette discussion.

― ... que tu me remettes les idées claires ? demandé-je.
Bien... Tu as besoin d'une sultane, d'une jeune femme en forme avec qui tu auras une descendance, qui saura être une bonne mère, une femme intelligente qui pourra diriger le pays à tes côtés, qui aura les nerfs pour ça, mais surtout une femme qui saura t'aimer car tu es capable de passer ta vie à diriger auprès d'une sultane sans amour, mais tu ne seras pas capable de la mettre dans ton lit juste pour la mettre enceinte telle une poulinière.
― Malika, ton langage...
― Ensuite, tu as, aux dernières nouvelles, toujours trois maîtresses dans ton harem, Ady, Isis et Blossom. Ady est noble mais c'est une vrai vipère à corne, je me demande toujours pourquoi tu l'as choisi...
― Erreur de jeunesse...
Mouais... de toute façon elle n'a pas les capacités d'une sultane, juste la présomption du titre. Isis est mieux, elle a un bon fond pollué par Ady. Mais elle n'a pas les épaules d'une dirigeante.
― Mais elle serait une bonne mère ?
Mmh... Je pense qu'elle aimerait réellement ses enfants, mais toi... Quand à Blossom, elle est douce et intelligente. Je pense qu'en tant que mère elle serait formidable. Je crois également qu'avec un peu d'expérience elle pourrait largement t'aider dans tes tâches. Mais saurait-elle allier maternité et royauté ? Je ne crois pas. Sans parler d'amour !
― Alors quoi ? Aucune d'elles n'est validée. J'abandonne ?
Bien sûr que non ! Au mieux, ce serait Blossom. Mais le mieux est l'ennemi du bien. Alors continu tes recherches mon frère, m'encourage-t-elle. Tu finiras par trouver la perle rare, mais ne précipite surtout pas les choses. Ce n'est pas un choix anodin.
Sauf que je m'approche dangereusement de mes trente ans, Malika, rappelé-je.
Et alors ? Sérieusement tu me gonfles avec ça ! Pour peu que la fille soit plus jeune, tu ne deviendras pas infertil le jour où tes trente ans auront été sonnées. Et puis nous ne sommes plus au XVIIIème ou les femmes risquaient leur peau à l'accouchement et où la mortalité infantile était extrêmement élevée !
― Oui, tu as raison Malika... je ne peux me hâter pour une telle question. Je te remercie de m'avoir remis les idées en place.
C'est toujours un plaisir frangin. De toute façon, je me doutais que tu m'appellerais. Cela faisait bien un mois que tu n'avais pas eu un coup de mou dans ce genre à te demander ce que tu allais faire de ta vie... raille-t-elle.
― Ha-ha ! Je te rappellerai plus tard pour des choses plus intéressantes, alors.
Ouais, ouais... à plus !

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