Ce qui nous lie - Freeze Corleone

Chapitre 16 : PDM

« Et cette commande sert à modifier la basse. ». Osirus expliquait à Giovanna l'utilité des boutons de la grande table de mixage, et notamment les fonctions principales de l'ordinateur. Elle, lui, Lorenzo et Zuukou étaient réunis au studio après des mois de repos intellectuel et musical.

« Faudrait qu'j'dise à Diabi d'changer la... ». Giovanna fut interrompu par Lorenzo qui coupa le micro, parce qu'il savait qu'elle aimait bien comparer l'écriture de Lorenzo à celle de Nekfeu, mais seulement dans un but d'amélioration. « Peine de mort pour les pédo-satanistes comme Kelly ekip. ». Elle se moquait toujours gentiment de Lorenzo, bien qu'il regarda Osirus et Zuukou avec une expression mi-agacée, dont les rires lézardaient les murs.

Lorenzo aspira une autre bouffée de fumée de sa cigarette en réalisant l'improbabilité de la scène qu'il vivait. Il était arrivé avec une Giovanna au pull blanc et jean bleu clair intentionnellement assortis à sa tenue. Lorenzo portait également une casquette noire, ses fameuses lunettes de vues et l'une de ses très nombreuses montres de sa collection. Elle, lui, Osirus et Zuukou finalisaient un son inédit du rappeur au pseudonyme froid, mais dont la concentration était plus que jamais visible. 

« J'suis fier de oit mon pote que tu aies perdu ton petit bide à lean. ». Zuukou tapota affectueusement la peau du ventre de Lorenzo, qui affichait le retour des abdominaux. En effet, il effectuait davantage des exercices de musculation dans les jardins publiques où il se promenait avec Giovanna. Cette activité leur permettaient de se dégourdir les jambes et surtout conclure inconsciemment leurs sessions intensives d'écriture, de relecture, correction et modification qu'ils effectuaient la plupart des après-midi dans le jardin ensoleillé de Giovanna. Lorsque la pluie décidait de revenir, ils s'enfermaient chez Lorenzo afin de tester entre autres les nouvelles sorties des jeux vidéos.

Lorenzo aimait la discrétion de Giovanna, et leur présence suffisait à l'autre. Leur histoire était basée sur une logique précise, celle de ne pas gêner l'un avec des déclarations expressives. Ils fonctionnaient par instinct, et se cachaient derrière l'image impétueuse et insolente de Freeze Corleone. Elle distinguait parfaitement l'homme qui partageait son quotidien, et celui qui combattait ses démons. Le plan de Dieu ne se révélaient jamais en retard, même si les rechutes étaient inévitables. Ils se sentaient désormais assez forts pour avancer sur le chemin de la vie.

...

Les enceintes diffusaient une musique forte, étonnamment dansante pour l'équipe de Lorenzo. Zuukou essayait de rapper aussi vite que le rappeur américain, tout en essayant de ne pas laisser tomber son joint. Giovanna était encouragée par Osirus de partager avec lui quelques pas de danse. Norsacce choisissait les sons et Luv Resval triait les bouteilles d'alcool, bien qu'il avait également préparé un cocktail composé uniquement de jus de fruits pour Giovanna. Quant à Lorenzo, il ne sentait pas bien.

Sa vue et ses tympans ne semblaient plus supporter les mouvements incontrôlables des projecteurs, et encore moins la présence de ces personnes pourtant proches de lui. Ses autres sens du toucher, goût et de l'odorat étaient en vérité tout aussi perturbés. Lorenzo essaya plusieurs fois de fermer ses paupières, d'essayer de se concentrer sur n'importe quel autre détail qui aurait pu l'isoler de cette...

Lorenzo aperçut subitement une ombre grandissant à partir du sol comme si elle provenait des enfers. Il essaya de bouger afin d'y échapper mais la terreur le retint. Il ressentit malgré lui cette angoisse qui étouffait ses victimes. Lorenzo tendit alors la main pour saisir quelconque objet pour se défendre. Une bouteille d'eau... Remplie d'un liquide violet. 

« Je te déconseille de succomber à la tentation. Pas celle-ci du moins. Pense au plaisir que je procure lorsque nos corps entrent en apesanteur. Nous flottons sans subir de douleur. La menace fantôme est une partie de ta vie Lorenzo mais Ed Warren disait, selon mes souvenirs, que le diable existe, Dieu également mais notre destin dépendait de celui que nous choisissions de suivre. ». Giovanna. Lorenzo ne fut jamais autant heureux de la voir apparaître de nul part. Il savait qu'elle détestait ce fameux syndrome de l'infirmière, bien qu'elle le sauvait encore une fois de ses démons. « Tu devrais plutôt goûter ça. ». Elle lui tendit son gobelet où une boisson ressemblait à de la purple drank. « Du simple raisin qui est un peu amer, mais il me rappelle ce goût si particulier que tu poses sur mes lèvres à chaque fois que tu m'embrasses. ». Giovanna était une femme décomplexée dont la singularité déstabilisait définitivement Lorenzo. La bouche de sa femme contre son oreille provoqua en lui une envie irrépressible de...

Lorenzo se leva, piqua la fin de la cigarette d'Osirus, inspira une dernière grande bouffée et rapprocha Giovanna de son corps. Il lui devait sa vie et son avenir.