Chapitre 3 : Scellé Part. 2

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« Issa, tu peux détacher les filets de ballons encore scellés ? J'en ai besoin pour l'échauffement de l'équipe une. ». L'entraîneur du groupe masculin du club de basket-ball des Lilas demeurerait toujours un peu stressé avant les matchs qui jouaient les samedis soirs.

Le stade couvert municipal était bondé en cette soirée de qualification pour le championnat régional. Toutes les générations avaient déplacé leurs meilleurs moyens afin d'encourager les joueurs plus motivés que jamais à représenter leur ville et habitant. Lorenzo aimait ce sport aussi loin qu'il puisse se remémorer ses souvenirs. Il adorait l'ambiance et la détente lors des entraînements. Se concentrer sur les passes lui permettaient éphémèrement de ne plus penser et surtout par son bénévolat dans le club. Il passait en quelque sorte inaperçu parce que les jeunes avaient grandi avec lui. Ce volontariat permettait un retour à la réalité dont la majorité des artistes devraient s'obliger d'accomplir.

Lorenzo arracha les protections et s'accorda même la patience de vérifier l'état de gonflage qu'il considéra correct. Le seul défaut qu'il jugea à son environnement fut la chaleur régnant dans le gymnase. Les juniors avaient conquis le public par leur jeu honnête et fougueux. Il était fier de ce travail et cette image sérieuse.

Les joueurs saluèrent Lorenzo et retournèrent hâtivement à l'échauffement. Il rangea une dernière fois la réserve et se dirigea vers les tribunes. Il était habitué aux derniers rangs dont il appréciait la vue d'ensemble. Il monta ainsi le premier escalier menant aux gradins puis rejoignit le haut de l'estrade. Il appréciait cet anonymat en dépit de la capuche de son sweat rabattue sur sa casquette. Cependant, à peine la dernière marche franchie qu'il maudit son oubli de boisson et d'en-cas. Il s'assit pourtant seul et profita de ce moment d'euphorie qui lui accordait une source d'inspiration pour ses sons. Le public attendait à présent l'entrée officielle des équipes dans un calme bien trop paisible .

Le gardien éteignit les lumières, enclencha la musique et les spectateurs réveillèrent leurs voix et mains. Lorenzo applaudit aussi et se laissa rapidement emporter même s'il garda un œil attentif sur le chronomètre. Il était en effet habitué à descendre vers la buvette avant que les parents soient agacés par les comportements dépensiers de leurs enfants. Il salua alors de la tête l'un des bénévoles, commanda une boisson gazeuse sucrée et un hot-dog. Il ôta par précaution son pull, fut en plus servi vite et tendit un billet dont il refusa que monnaie lui soit rendue. 

« Lorenzo ? ». Ce ton féminin ne lui étant désormais plus inconnu, il releva aussitôt sa tête puisqu'il savait qu'une seule personne au monde l'appelait par son second prénom.

« Giovanna ? Mais qu'est-ce que tu fous là ? ». Lorenzo s'exaspéra car il remarqua pour la seconde fois qu'il ne respecta pas les règles basiques de la politesse... Salut, sourire, comment vas-tu ?

« Je pourrais aussi te le demander mais tu ne trompes personne avec ton maillot Brooklyn. J'encourage la majorité des clubs sportifs des Lilas pour répondre à ta question. », indiqua Giovanna surprise par la présence de celui qu'elle ne pensait pas revoir. Ils s'étaient effectivement quittés de façon simple la dernière fois qu'ils s'étaient vus et sans promesses ni engagements.

Cette femme était étonnante. Giovanna vivait son quotidien sans solliciter une quelconque présence. Elle décidait de se promener seule, profitait des abords du terrain de rugby lorsque le soleil offrait ses rayons agréables ou se réfugiait au chaud afin d'encourager les divisions amateurs de football, handball et même les nouvelles compétitions de skateboard. Lorenzo s'accorda du temps pour la regarder avant que son cerveau ne décide en une seconde que : « On regarde ensemble la partie 2 ? ».

Giovanna dévisagea Lorenzo d'une telle surprise que lui-même fut stupéfait de sa demande. Il n'était d'ordinaire pas bavard et sociable, notamment avec les femmes. Giovanna dégageait néanmoins une certaine quiétude et une conscience de converser utilement : « Avec très grand plaisir, merci ! », dit-elle en plongeant son regard qui reflétait des dizaines de questionnements.

Ce qui nous lie - Freeze CorleoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant