Le voyage d'Emeri - Mermay Tibou

5 - Sirène sorcière

Nageant au gré des courants, Emeri se retrouva au large de l'Afrique.

Les eaux y étaient bien différentes, dans leurs couleurs ou leur faune, et la solitaire arctique dut admettre qu'elle aimait la compagnie des poissons !

Alors qu'elle découvrait les paysages aquatiques africains, une silhouette sembla se dessiner au loin. Intriguée, la voyageuse alla à sa rencontre.

Qui es-tu ?

Elle nagea aussi vite qu'elle le put, et bientôt la côte se dessina. L'inconnu entra dans une grotte, et Emeri hésita à l'y suivre, mais elle décida d'y aller tout de même. Elle se rendit compte qu'à chaque tournant, la silhouette semblait l'attendre avant de disparaître à nouveau. Bientôt, le chemin sinueux s'ouvrit en une grotte spacieuse, et la silhouette se dévoila.

Bienvenue.

L'inconnu était une sirène très contrastante avec Emeri. La sirène polaire était presque blanche et avait une peau épaisse et bleu froid sur tout le corps, quand la fameuse autre avait la peau très sombre et des écailles vert vif sur la queue seulement. Elle souriait à la voyageuse, comme si les deux se connaissaient depuis longtemps et venaient de se retrouver.

La conversation s'engagea, et la sirène se présenta. Elle s'appelait Anh et faisait partie des rares sirènes africaines encore attachées à leurs traditions. La plupart avaient fui en Amérique, ou bien s'étaient regroupées au sud du continent, abandonnant leur plus vieille coutume : la sorcellerie. La grotte était remplie d'amulettes diverses et d'algues et de coraux polychromes. Emeri était émerveillée.

Anh lui expliqua qu'elle avait vu dans un rêve une sirène bleue se reposer sous une ancre, et qu'elle savait que celle-ci viendrait lui rendre visite. Emeri se reconnut dans sa description, et la sorcière lui posa une question.

Veux-tu savoir d'où vient ce coquillage ?

D'abord, Emeri ne comprit pas le mot "coquillage", puis quand elle relia celui-ci à l'objet attaché à elle, elle hocha la tête. Oui, elle voulait savoir !

Il vient de l'Atlantide.

Anh expliqua à Emeri que cette cité engloutie était un refuge pour une autre communauté de sirènes, mais que son emplacement était tenu secret. Comment ce coquillage était arrivé jusque chez elle, c'était encore un mystère, mais il n'y avait plus de doute sur son origine. L'africaine lui posa alors une seconde question.

Veux-tu y aller ?

Encore une fois, la réponse fut affirmative. Si Emeri avait parcouru tant de chemin, c'était pour trouver cet endroit ! Et sa curiosité était encore plus poussée depuis que Anh lui avait expliqué ce qu'était l'Atlantide.

Une nouvelle quête se profila pour elle.