Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)

49. Dragon Bleu

Dix heures venaient de s'écouler à l'emplacement où l'escadrille des Bleus avait exécuté son saut dans l'espace-temps. Mais pour Jean et ses compagnons, cela avait duré moins d'une seconde ! Ils se retrouvèrent, à nouveau, au-dessus des vagues du Grand Océan... dans l'obscurité de la nuit. Plus aucun signe ne subsistait des deux chasseurs qui s'approchaient de leur position... à peine quelques secondes plus tôt.

— Bon Dieu, s'exclama l'indiscipliné... Où sont-ils passés ? Et qui a éteint la lumière ? On n'y voit plus grand-chose !

— C'est ma faute, repris-je embarrassé. J'aurais dû y penser ! Il fait nuit noire, la lumière de notre petite lune n'a rien à voir avec l'éclat de Luna...

— Tu as bien fait, répondit la fille. Nous sommes, de toute façon, plus discrets de nuit qu'en plein jour. Enclenchons nos lunettes de visions nocturnes et continuons nos recherches... en espérant que les monstres marins aient enfin décidé d'aller dormir !

— Tu as raison, répliquai-je rassuré. Nous avons assez perdu de temps. Restez à très basse altitude. Plus question de se faire repérer par leurs radars ! On se met en vol circulaire autour de la navette. Marc et Mathieu, reprenez vos recherches. Nous observons vos alentours.

— Ces gros requins doivent faire la sieste, à présent, après avoir ingurgité l'un des leurs, remarqua Luc qui s'apprêtait à descendre son filin... Ça devrait les rassasier pour un bon bout de temps !

Nous attendîmes quelques longues minutes avant que Marc nous informe de la mauvaise nouvelle : l'attaque des Mégalodons avait provoqué tant de remous que les mégalithes qui abritaient les deux crânes restants s'étaient écroulés dans la vase.

Et, chose encore plus macabre, les fonds marins étaient à présent parsemés d'ossements humains ! Ceux-ci devaient provenir des anciennes sépultures construites, au cours des siècles, sous ce site sacré. Ils cherchèrent encore quelques instants jusqu'à ce qu'un aileron fasse son apparition dans nos environs. Marc s'écria alors d'un ton désespéré :

— Pas moyen de les récupérer Jean, et nos amis semblent avoir le sommeil léger. Les deux crânes restants doivent être sous les énormes blocs de granit. Même la navette ne pourra plus les déplacer !

Je décidai, à contrecœur, d'abandonner les recherches. Je n'avais aucune intention d'affronter, à nouveau, ces monstres marins... et certainement pas en pleine nuit ! J'ordonnai donc à Luc de rétracter son filin et de remettre le cap vers le Mont-Saint-Michel afin d'y annoncer la mauvaise nouvelle à nos hôtes.

Notre trajet retour s'effectua sans encombre. Nous arrivâmes en vue des lumières du mont en à peine quelques minutes. Luc et ses passagers devaient être exténués, ils avaient utilisé les limites des performances de leur navette pour voler à de telles vitesses.

L'un des moines nous accueillit lorsque nous fûmes à nouveau posés sur notre plateforme. Il nous amena au sein du « Cloître » : le véritable centre de la Merveille, où nous attendaient les Maîtres Melkisédech et Saint-Germain.

Cet endroit magique devait avoir été jadis un lieu de méditation et de prière ; il s'agissait d'une construction carrée, cernée de colonnades agencées de façon asymétrique afin de lui permettre de résister aux assauts du vent et des marées.

Nous arpentâmes ce long couloir, d'un pas lent et serein. Cela nous apaisa enfin, après les aventures que nous venions de vivre ! Le Maître Melkisédech s'adressa alors à nous :

— Je vois que l'exécution de votre mission n'a pas été aussi facile que ce à quoi vous vous attendiez... Vous comprenez à présent pourquoi nous avons grandement besoin de votre aide ! Que s'est-il passé ?

Je lui expliquai brièvement la raison de l'échec partiel de notre mission. Il sembla fort intéressé par la description de notre saut spatio-temporel. Mais il ne fit preuve d'aucun étonnement quand il fut mis au courant de l'issue de nos aventures sous-marines. Il m'interrompit avant même que j'arrive au terme de mon récit :

— Nous nous doutions bien que vous n'arriveriez pas à récupérer la totalité des crânes... C'est d'ailleurs pour cela que je me suis fait accompagner du Maître Saint-Germain, mieux connu jadis sous le nom de « Merlin l'enchanteur » ! Il vous accompagnera, dès le petit matin, pour vous aider à récupérer les deux crânes restants. Mais vous feriez mieux d'aller vous reposer à présent ; la journée de demain s'annonce mouvementée !