Chapitre 26 - prendre l'air

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— Tu en as encore pour longtemps ? Le film ne va pas t'attendre ! je gueule à travers la pièce

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— Tu en as encore pour longtemps ? Le film ne va pas t'attendre ! je gueule à travers la pièce.

Pour faire en sorte que Jane ne débarque pas en pyjama chez ses parents, et qu'elle ne se doute pas qu'un diner se prépare chez elle, j'ai inventé l'histoire du cinéma. Le mensonge le plus commun de l'histoire. Elle a l'air d'y avoir cru, bien que je n'en sois pas certain. Je ne suis pas doué en mensonge. Et elle est très douée pour découvrir les surprises.

— J'arrive ! Une seconde, je mets mon rouge à lèvres.

— Personne ne le verra dans le noir.

Je l'entends soupirer à travers la porte. Nous avons déjà presque dix minutes de retard. Je pensais qu'en prenant l'excuse du cinéma, elle serait à l'heure, mais je m'étais trompé.

Quelques longues minutes plus tard, Jane sort de la pièce en petite robe florale verte, aux manches longues bouffantes et transparentes. Ses cheveux bouclés plongent dans son décolleté - un peu trop ouvert à mon goût -, encadrant un maquillage naturel, auquel elle ajoute des escarpins beiges. Elle a vraiment fait tout ça pour une simple sortie au cinéma ? Elle doit se douter de quelque chose, impossible autrement. Pourquoi autant d'artifices sinon ?

— Tu ne vas pas avoir froid en petite robe ?

— Il fait chaud dans une salle de cinéma, non ?

Là, il risque de faire encore plus chaud qu'avant.

Je hoche la tête. Un sourire étire ses lèvres tandis qu'elle attrape ma veste en jean sur sa chaise de bureau pour l'enfiler. Je n'ai pas eu la force de la lui réclamer - elle lui va tellement bien. En plus, elle la met presque tous les jours.

Après avoir fait un tour de clef à son appartement, nous rejoignons la voiture en direction de chez elle. Je suis certain qu'elle va vite reconnaitre le chemin. Bien qu'un cinéma se trouve à proximité, pourquoi aller aussi loin ? Elle est loin d'être stupide, mais j'essaie tout de même de garder la surprise.

Le gâteau repose dans une glacière dans le coffre de la voiture. Je l'ai évidemment préparé sous les conseils avisés de mon frère, avec qui j'ai dû passer l'après-midi au téléphone. Je ne suis même pas certain du résultat. Tant pis, j'aurais au moins essayé.

Jane monte le son de la musique, se met à chanter toujours plus fort, comme à son habitude. Je la laisse faire, en espérant que cela lui permette d'oublier la route et l'endroit où nous allons. Je garde tout de même une pointe d'appréhension pour cette soirée. D'abord à l'idée que le gâteau soit un échec, mais aussi à celui de revoir toute la famille Atkins. Cela fait très longtemps que je n'ai plus vu ses grands parents maternels, et son parrain - que je n'ai pas du tout hâte de revoir.

Lorsque je m'approche de son quartier, elle baisse le volume, intriguée.

— Ce n'est pas la route.

The spell of timeWhere stories live. Discover now