Chapitre 13 : Prisonniers

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            Un homme aux drealocks entra dans son champ de vision. Un sourire belliqueux plaqué sur son visage, il adressa un signe de main à sa prisonnière. Diaz, le psychopathe aux yeux fous. Avec sa veste de cuir et ses bottes ferrées, il ressemblait à un vieux cliché sur les méchants de récits futuristes apocalyptiques.

            -Alix, Alix... Ravi de te revoir.

            En réponse, elle frappa contre le verre, des promesses de milles morts dans le regard. Cela fit rire le rebelle.

            -Je te torturerais en temps et en heure. Mais je n'ai rien à te demander, donc tu passeras après ton... ami Constance, fit-il en se tournant vers lui.

            Darius soutint son regard, sans broncher. Le sourire du rebelle s'élargit, sur des dents d'une blancheur douteuse.

            -J'aimerai savoir qui vous êtes réellement... Mon cher Trivari.

            *

            Le pire de tout ce que j'avais pu envisager arrivait. Ils s'en prenaient à Darius, car il avait eu le malheur d’être avec moi. De m'aider. Il était devenu leur cible, et maintenant, leur nouveau jouet de torture.

            L'horreur m'écrasait la poitrine, à tel point que je tambourinais sur la vitre, encore, encore et encore. Je devais aller l'aider ! Je devais l'arracher de là ! Il n'était pas fait pour ce genre de chose, il n'était pas... Il était Trivari bon sang ! Un milliardaire, baigné d'une lueur dorée qui attirait toutes les femmes dans son lit.

            Pas un homme torturé pour avoir aidé son ex à sauver son fils !

            Une heure après son départ, je fouillai ma nouvelle cellule, à la recherche de la moindre faiblesse. Le verre, les murs couverts de moisissure, la porte, tout y passa. Mais rien ne bougeait, même à coups de pieds.

            Trois heures plus tard, j'étais assise face à la cellule de Trivari, les yeux rivés sur sa porte. Je ne pouvais rien faire. Bloquée tel un rat, je ne pouvais qu'attendre son retour. La fureur et le stress faisait jaillir l’électricité de mes doigts, avec laquelle je jouais, inconsciemment.

            Il était là par ma faute. Je ne pouvais pas l'aider. Si seulement ils m'avaient torturé à sa place... J'aurais trouvé un moyen pour sortir, venir le chercher, et rejoindre la ville au-dessus de nous. Mais non.

            Diaz, ce monstre, s'en prenait au seul homme que je n’ai jamais aimé.

            La torture morale était peut-être la pire de toutes.

            C'est après cinq heures d'attente, me semblait-il, que sa porte s'ouvrit. Darius fut jeté dans sa cellule, toujours conscient. Le battant se referma aussitôt, mais je n’en avais cure. Les mains contre la vitre qui nous séparait, je le dévorai du regard. Allait-il bien ? Que lui avaient-ils fait ? Qu'est-ce que...

            Il était intact. Les cheveux mouillés, il me rejoignit à la vitre. Sa lèvre était fendue, une ecchymose fleurissait sur son menton, mais hormis ça, il n'y avait aucun signe extérieur de torture. L'eau... Plusieurs tortures me vinrent à l’esprit, me glaçant le sang. Et pourtant, il me sourit.

            -Hé, hé... Tout va bien, fit-il, suffisamment fort pour que je puisse l'entendre.

            Il posa sa paume sur la vitre, au niveau de la mienne. Ses fossettes creusaient ses joues, ses yeux verts pétillaient de malice. Comment pouvait-il être ainsi, après cinq heures de torture ?

            -Et toi ? Ils t'ont...

            Je secouai la tête, incapable de parler, tant ma gorge était nouée. Je pouvais tout endurer. La douleur. La torture. L'angoisse, les missions suicide. Mais pas ça. Ça, je ne le pouvais pas.

            -Parfait, dit Darius avec soulagement. Je ne pense pas que Diaz te touche. Il préfère la torture morale, dans ton cas. Si seulement...

            Sa voix mourut, son visage tendu par le regret. Quoi ?

            -Si seulement je ne m'étais pas confessé... Les choses auraient été moins rudes pour toi. Considères moi comme un sale con sans cœur, Alix. Oublie-moi. Ne le laisse pas t'abattre de cette façon.

            -On ne m'abat pas si facilement, fis-je avec un sourire triste. Ne t'en fais pas pour moi, Darius.

            -J'aimerai tant te serrer contre moi, soupira-t-il en posant son front contre la vitre.

            -Moi aussi...

            Nous restâmes un long moment sans rien dire. Le simple fait de voir l'autre, en plus ou moins bon état, nous rassurait. C'était déjà ça. Il nous restait la nuit à passer, si mes déductions étaient exactes. Néanmoins, le sommeil me fuyait. Darius aussi.

            Finalement, il souffla sur la vitre créant une plaque de condensation... Sur laquelle il dessina la grille d'un morpion. C'était une blague. Il me fit un sourire amusé, avec un haussement d'épaule signifiant « on a que ça à faire, non ? ». Bah... Il n'avait pas tort. Nous passâmes donc une bonne partie de la nuit à jouer au morpion, après quoi l'épuisement et les résidus de sédatifs dans notre circulation sanguine l'emportèrent. Dos à dos contre la vitre, nous passâmes une nuit difficile.

            Puis le lendemain, on emporta de nouveau Trivari.

            Et moi, je ne pouvais qu'attendre, bloquée dans cette maudite cellule. A attendre de voir un vivant passé la porte. Ou un cadavre qui n'aurait pas survécu à cette nouvelle séance de torture.

2. Un Agent en Tenue CollanteWhere stories live. Discover now