Chapitre 25

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Les rayons du soleil qui filtraient à travers les persiennes réveillèrent Caelan. Il se frotta les yeux en gémissant. Tous les muscles de son corps étaient endoloris. Aux alentours de cinq heures du matin, il s'était endormi dans le fauteuil près de la fenêtre. Durant trois heures, il n'avait pas réussi à fermer l’œil, guettant une réaction autre que les cris et les larmes chez sa sœur. Même dans son sommeil, elle pleurait la mort de Dale, se débattait et hurlait sa détresse.

Jamais il n'avait encore été confronté à pareille souffrance et le fait qu'elle provienne de sa sœur le torturait jusqu'à l'âme. Il ne savait pas comment l'aider ni soulager sa peine et il se sentait réellement impuissant, chose inhabituelle pour lui. Avoir une famille à aimer était nouveau et il voulait agir au mieux. Il grommela en se levant, étirant son corps fourbu. Il passa une main dans ses cheveux et bâilla à s'en décrocher la mâchoire.

Un murmure étouffé le fit se raidir. Il jura intérieurement en s'approchant du lit. Il se pencha légèrement et observa sa sœur. Son visage d'une pâleur presque cadavérique. Ses yeux étaient grands ouverts. Une douleur sourde lui martela la poitrine. Son regard avait perdu son éclat, sa joie de vivre. Seul le vide régnait, insondable. Il s'assit au bord du lit et écarta une boucle argentée de sa joue.

Elle émit un gémissement de protestation et lui tourna le dos. Il serra les poings, ne sachant comment se comporter avec elle. Bien qu'il soit habitué à la souffrance, celle de Kara le touchait beaucoup plus. Quoi de plus normal, songea-t-il. Elle était sa sœur et, pour lui, la notion de famille revêtait un sens particulier. Lui qui avait vécu seul durant la majeure partie de son existence, voilà qu'il était devenu frère du jour au lendemain. Ce changement était bénéfique et pénible à la fois.

Il soupira, faisant écho aux soupirs de Kara. Il brûlait de la secouer pour la sortir de sa léthargie. Seulement était-ce conseillé ? Il l'ignorait, mais son cœur lui dictait de se comporter avec douceur. Or, l'écouter n'avait jamais été son cas. La raison et la logique étaient préférables surtout avec son mode de vie.

– Kara, je sais que tu ne dors pas.

Elle s'emmitoufla sous la couette en marmonnant.

– Crois-tu qu'il soit sage de ressasser ton chagrin ?

– Laisse-moi tranquille...

– Hors de question ! Sors de ce lit et lève-toi !

Un sanglot déchirant lui fit prendre conscience de sa maladresse. Bon sang, s'il savait comment soulager sa peine, il l'aurait fait dans la seconde. Il ferma les yeux un bref instant, accablé d'impuissance.

– Je sais que tu souffres, mais tu dois réagir maintenant.

– S'il te plait, laisse-moi...

Exaspéré, il tira la couette et la jeta sur le sol. Elle se tenait en position fœtale, ses cheveux masquant son visage. Les lambeaux de ses vêtements maculés de sang et carbonisés dévoilaient son corps. Il détourna les yeux, gêné.

– Je vais te préparer ton petit déjeuner. Va prendre une douche, fit-il d'une voix autoritaire.

– Je n'ai pas faim...

Il ne voulait pas la blesser, mais il n'avait pas le choix. La choquer était le seul moyen pour la faire réagir. Les regrets viendraient en temps voulus. Il la tira hors du lit sans ménagement, posa ses mains sur ses épaules voutées et la força à lever la tête. La peine qu'il lut dans son regard le bouleversa. Il refoula avec force l'émotion s'emparant de lui.

– St James est mort et pleurer ne le ramènera jamais !

– Je te déteste...

– Tant mieux ! Haïs-moi si ça te chante, mais réveille-toi une bonne fois pour toute. Dois-je te rappeler que ta vie est en danger ou préfères-tu l'oublier en te comportant comme une mauviette !?

Sombres Héritages-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant