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    Ce n'est qu'une bonne heure plus tard que le café commence enfin à se vider. Il est dans les alentours de dix-huit heures trente, et les gens cherchent désormais un restaurant ou rentrent tout simplement chez eux. L'assiette de beignets est finie depuis pas mal de temps, tout comme nos boissons. Devant moi, Sehun a presque l'air de piquer du nez, mais il a trop envie de parler à Seokjin, même l'espace de cinq minutes, pour quitter le Nexa.

    Depuis que nous avons eu cette conversation autour de mon tanga, je n'ai pas émis un seul son. Déjà, parce que j'en veux un peu à mon meilleur ami d'avoir ainsi déballé ma vie privée de cette façon, même si c'est lui qui m'a acheté ce sous-vêtement, mais également parce que je reste mort de honte. J'ai l'impression d'être attiré par Namjoon comme un aimant, et je suis vraiment mal à l'aise rien qu'à l'idée de penser que j'ai pu autant m'emporter. J'étais à deux doigts de lui sauter dessus, devant tout le monde.

    Seokjin finit par s'échouer sur notre table, les joues roses à cause de sa course effrénée. Directement, mon meilleur ami lui lance un regard plein d'amour et son visage prend une teinte rouge. J'en suis déjà à mon troisième livre. Les deux précédents sont posés l'un au dessus de l'autre, sur un coin de la table, attendant sagement que je les range. À vrai dire, j'ai pris leur titre et leur auteur dans l'espoir de pouvoir les dénicher en librairie, ou sur internet. À l'endroit où nous sommes dans le bar, n'y a pas que des classiques français, il y en a aussi des coréens, des américains, des japonais, et également des romans plus fantastiques, ainsi que des thrillers autres genres. Leurs bibliothèques sont très bien fournies, et je dois avouer que j'en suis un peu jaloux.

    — Vous ne vous êtes pas trop ennuyés ? nous demande le blond en ôtant son tablier avec un soupir.

    — Yoongi non, puisqu'il m'a abandonné, bougonne Sehun en faisant la moue.

    — T'avais pas qu'à dire à tu-sais-qui tu-sais-quoi, grogné-je en ne prenant même pas la peine de lever mes yeux du livre.

    — C'est quoi cette histoire, encore ? ricane-t-il en pinçant l'arête de son nez.

    Cette fois-ci, je redresse directement mon regard et le darde sur le noiraud, le défendant catégoriquement d'émettre le moindre mot sur cette histoire. Il semble comprendre, puisqu'il maugrée une énième fois dans sa barbe, même s'il n'a pas un seul poil au menton, et décide de changer de sujet :

    — Et toi ? Pas trop crevé ?

    — Oh que si, j'ai besoin d'une longue douche bien chaude, soupire Seokjin. Avec toi, si possible.

    — Oh mon dieu, murmuré-je dégoûté.

    Il lui adresse un clin d'œil malicieux, et je prends du plaisir à voir la bouille écarlate de mon meilleur ami. Œil pour œil, dent pour dent après tout. Je relis la même ligne pour la troisième fois et je retiens un soupir quelque peu agacé.

    — Seulement si tu me fais des papouilles, répond Sehun en posant sa tête sur son épaule.

    — Oh mon dieu, répété-je en roulant des yeux.

    Avec un sourire tendre, le décoloré pose sa main dans ses cheveux et commence à lui faire des grattouilles. Mon cœur se serre légèrement en me rendant compte que moi aussi, j'aurais aimé avoir des papouilles. J'ai l'impression d'être en manque d'affection, et ça m'agace. Je n'étais pas comme ça avant de rencontrer Namjoon, c'est comme si j'étais devenu dépendant de lui. Je déteste ça.

    Je sens une présence à mes côtés, et quelques instants plus tard, une cuisse se colle à la mienne. Figé, je mordille ma lèvre inférieure, et je sens mon visage commencer à me brûler. Je suis certain que le futur couple en face de moi se fout littéralement de moi et de mes joues couleur tomate, mais je les ignore. Une main se pose sur mon genou, et cette fois, je ne peux pas faire comme si de rien n'était.

    — Tu es magnifique, quand tu lis, me murmure une voix rauque à l'oreille. Enfin, non, tu es tout le temps magnifique.

    Il ne m'en faut pas plus pour ressembler à une pivoine, et je cache mon visage derrière le livre, la respiration lourde. Heureusement, il n'y a que moi qui aie entendu ses paroles. Je lui jette un rapide coup d'œil, et constate qu'il me regarde, le menton posé sur sa paume, et qu'il ne semble pas vouloir regarder autre chose.

    — M-merci... soufflé-je en me recroquevillant sur moi-même.

    Sa main sur son genou me déstabilise énormément, comme ses yeux qui paraissent sonder mon âme. C'est dingue, mais j'ai toujours envie de lui sauter dessus.

    — On finit notre service plus tôt ce soir, exceptionnellement, et... je me demandais si tu voulais qu'on aille au restaurant, tous les deux ?

    Je manque de faire tomber mon livre, n'attirant que brièvement l'attention de Seokjin et Sehun, qui sont obnubilés l'un par l'autre pour faire attention à ce qui se passe de l'autre côté de la table.

    — Au restaurant ? Je-... wow. C'est la première fois qu'on m'invite au restaurant, balbutié-je en ouvrant grand les yeux. Ça me plairait énormément d'y aller avec toi, Namjoon.

    Un sourire timide étire mes lèvres alors que le rose pose un baiser sur ma tempe, souriant également. Mon cœur bat à vive allure, et j'ai presque l'impression qu'il va sortir de ma poitrine. Doucement, je pose ma main sur la sienne, et entrelace nos doigts.

    — Je viendrais te prendre chez toi, si tu veux. Comme ça on pourra se préparer. Après une journée de rush comme aujourd'hui, j'ai l'impression de sentir, et pas la rose, glousse mon aîné.

    — J'adore ton parfum, avoué-je d'une petite voix. C'est l'une des choses qui me plaisent le plus chez toi.

    — Je suis content de le savoir.

    Il ponctue sa phrase d'un clin d'œil complice.

    — Et qu'est-ce qui te plaît d'autre, chez moi ? continue-t-il, taquin.

    — Tes yeux, tes lèvres, les fossettes dans le creux de tes joues quand tu souris, tes mains... ta gentillesse aussi, tu me traites comme si j'étais une pierre précieuse, et j'adore ça, me sentir aussi protégé et... aimé.

    Ma voix se baisse au fur et à mesure que je parle. Je suis gêné à l'idée de lui avouer tout ça, mais je sais qu'il ne me jugera pas. Après tout, il m'a vu complètement ivre et à deux doigts du coma, alors pourquoi porterait-il un jugement sur ce que j'aime chez lui ?

    — J'aime la manière dont tu rougis quand je suis proche de toi, dit-il finalement, l'air doux. J'aime tes petites mains, ta bouille de chaton, ta timidité, le fait que tu sois facilement gêné... En fait, j'aime tout chez toi.

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