Chapitre 2 [Partie 2 - Going Home]

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Malgré nos recherches, aucune trace visible d'un potentiel assaillant. Plus rien aux alentours ne laisse sous-entendre que nous sommes traqués et, aussi étonnant que cela puisse paraître, nous sommes presque rassurés d'avoir entendu du bruit, il y a toujours de la vie autour de nous. Tom n'ose cependant toujours pas s'aventurer à un périmètre de plus de 5 mètres de ce qui est maintenant devenu notre refuge depuis 3 jours. J'ai cru comprendre qu'il était extrêmement peureux, ce qui ne présage malheureusement rien de bon pour la suite. Ma jambe commence à vraiment aller mieux et je peux désormais marcher, sur de courtes distances certes, mais sans réellement avoir besoin d'aide. Si je veux aller plus loin cependant, j'ai toujours besoin de cette foutue canne en bois confectionnée à partir d'un bout de bois.

Nous devons nous rendre à l'évidence, les secours ne viendront pas. Nous avons été bloqués ici depuis trop longtemps pour que cela ne passe inaperçu. Jusqu'ici, nous avions été capable de nous nourrir grâce à la fâcheuse manie qu'ont les gens d'emporter toute sorte de nourriture dans leur valise. En effet, le peu de valises qui n'étaient pas complètement carbonisées nous avaient permis de nous sustenter pour quelques temps, mais malheureusement, nous arrivions au bout. Il fallait trouver une solution, aller explorer les alentours, découvrir ce qui se cachait derrière cette ambiance malsaine. Après un rapide tour d'horizon de la zone, Tom m'affirme qu'il n'y a rien à y trouver. Difficile d'imaginer le contraire, nous sommes en plein milieu d'un immense complexe hôtelier abandonné depuis une trentaine d'années. L'intégralité des parties extérieures est recouverte d'une énorme friche dont on ne peut que distinguer l'épaisseur. Seul fait notable, une sorte de feu de camp, qui a dû servir il y a quelques semaines, selon ses dires. Bien que déçu de son échec cuisant, je souligne le fait qu'il n'est ni démoralisé, ni abattu. Il a dû connaître pire que ça par le passé ... j'en suis même sûre ...

Ces plusieurs jours nous ont permis de discuter un peu, et il est vrai qu'il ne se rappelle réellement de rien. Sa vie d'avant, les cours, les humiliations, rien. Je n'ai pas su lui dire explicitement, mais j'ai peur qu'il comprenne que je sais quelque chose. Pour lui je ne suis qu'une inconnue de plus qui a eu la chance de survivre à ses côtés.

Cet accident n'aura donc pas su entacher ma lâcheté sans limite. J'avais enfin une chance de pouvoir être moi-même, de présenter mes excuses, voire même de l'écouter, mais non. J'étais une fois de plus la première à me défiler, à laisser pour mort l'idée d'un jeune garçon à qui j'ai volé une partie de son enfance. Cela m'arrangeait bien qu'il ait perdu la mémoire. Mon esprit me disait de laisser tomber, après tout il n'en saurait jamais rien, et ce n'était pas plus mal. Mais mon cœur n'arrivait pas à se résoudre à l'idée que je puisse me reconstruire de cette manière. Lui avait oublié, mais moi non.

"Il faut partir ... On ne trouvera rien ici, cherchons une ville, quelque chose" me lança-il, avec une lucidité qu'il n'avait encore pas montré jusqu'ici.


Tom et moi n'échangeons que très peu, simplement des banalités et des suggestions de route, et l'ambiance des derniers jours s'était trouvée être très silencieuse, presque mortuaire. En même temps, que voulez-vous attendre de quelqu'un qui a perdu la mémoire, qu'il vous raconte sa vie ? J'étais censée être le moteur de conversation, mais cela m'était malheureusement impossible, je n'arrivais toujours pas à passer cette barrière du passé.

J'avais l'impression que ces quelques jours avaient fait de lui un survivant. Le temps du petit gamin chouinant à la moindre occasion, avait laissé place à un garçon qui ne souhaitait plus qu'une chose, survivre.

Tom m'indique une sortie, qu'il avait trouvé quelques heures auparavant. Je suis tout aussi excitée que triste alors que je repense à ma vie. Que doivent penser toute ma famille, mes proches. Je n'ai pas donné de nouvelles depuis maintenant plus de 72 heures, et connaissant ma mère, elle doit être morte d'inquiétude. Mon téléphone portable avait dû prendre un choc pendant l'accident, mais de je ne sais quelle manière, il ne fonctionnait plus. Aucun moyen de l'allumer, à moins que ce soit la batterie. J'essayerai lorsque nous aurons trouvé des gens prêts à nous expliquer ce qu'il se passe.

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