Le rouge était incontestablement sa couleur

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Le rouge était incontestablement sa couleur.

Synonyme du désir, de la passion, elle en était l'incarnation même.

Car c'était ce genre de femme fatale que l'on ne voit que dans les films.

Car c'était ce genre de personne que l'on croise dans la rue et que l'on oublie jamais.

Elle était grande, mais mettait toujours des talons, atteignant parfois plus de 1m85. Elle adorait se sentir supérieure aux gens. C'était un péché mignon. Mais ce n'était pas le seul. Elle aimait particulièrement humilier les hommes et les femmes qui osaient l'insulter publiquement. Il faut dire qu'elle avait une mauvaise réputation. Elle faisait ce qu'il lui plaisait, quitte à enfreindre les règles sociales. Cela lui arrivait régulièrement de coucher avec des inconnus ou bien les ex de ses amies, et récoltait alors le surnom de « pute » ou bien de « salope ». Elle s'en fichait, mais prenait toujours un malin plaisir à remettre bien en place la personne qui l'avait insultée, maîtrisant le langage comme personne et sachant toujours retourner la situation à son avantage. Peu importe ses sois-disants torts, elle avait raison, et le clamait haut et fort.

C'était donc ce genre de femme : attirante de par sa beauté, redoutée de par son caractère. Inaccessible, mystérieuse, intriguante... Un siècle n'aurait pas suffit pour qu'une personne réussisse à la connaître entièrement et à cerner la moindre de ses facettes. D'ailleurs, elle-même avait du mal. Malgré son apparence parfaite, elle cachait en vérité une toute autre histoire. Depuis toujours, elle savait qu'elle était différente. Sa beauté à faire pâlir de jalousie Aphrodite, son arrogance démoniaque, et sa confiance en elle n'ont fait qu'accentuer cet écart, qu'elle avait toujours sentie entre elle et les autres personnes. Elle ne se conformait pas au moule que la société lui avait définie, et tentait tant bien que mal de vivre avec.

Cela avait toujours été là. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elles avaient toujours été présentes. Au début, il n'y en avait qu'une. Elle était gentille et semblait innocente, mais au bout d'un moment elle devenait plutôt envahissante, et commençait suggérer des idées de plus en plus étranges. Puis, il y en eu une seconde. Et une troisième. Et une quatrième. Et elle arrêta de compter. Les voix, qu'elle était la seule à entendre, prenait tout l'espace dans sa tête, ne lui laissant jamais de répit. Elle souffrait d'insomnies, ne sachant pas comment les faire taire. Infiltrant constamment son cerveau, ses pensées et son être tout entier, il lui était devenu de plus en plus difficile de différencier sa personne avec ce qu'elle entendait à longueur de journée. Elles lui infiltraient progressivement des pensées sombres, rongeant et pourrissant son âme au fur et mesure des jours qui passaient.

Sa vie n'était plus qu'un éternel combat. Une éternelle tentative de garder le contrôle.

Mais elle n'y arrivait plus.

Elle décida alors de taire ses voix une bonne fois pour toute. En se tailladant les veines, elle se demanda si cela signifiait sa victoire ou bien sa défaite.

Ce qui était sûr, c'est que le rouge était incontestablement sa couleur.


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