- Chapitre premier - Nuit de folie -

33 3 0
                                    

- Nuit de folie -

L'inconnu se met à genoux en gémissant, habillé en costar cravate, il a tout d'un type de bonne famille, le bougre. Je m'avance vers lui avec dédain et pointe mon pistolet sur son front. Il me jette un regard paniqué et semble vouloir glisser un mot mais se ravise. Mon beau pistolet, Un mauser, une bête de combat. Recharge rapide. Cadence prodigieuse. Bleu indigo comme il le faut. Et puis ces gravures d'or... Un petit côté baroque, je trouve. Le canon se colle sur le front de l'individu, qui marmonne en se recroquevillant plus qu'il ne l'était déjà. Le plan de John doit être appliqué à la lettre, je me dis. Le plan que nous avons conçu. J'espère que tout se passera comme prévu. Le pactole est gros, suffisamment pour nous offrir une place V.I.P dans le milieu. Je regarde le type avec amusement. Il à l'air franchement con. Mais il va falloir faire avec. J'ai intérêt à me la jouer gentleman si je veux arriver à obtenir quelque chose de lui.

- Écoute, dis-je, j'aimerais t'emprunter la clé de la chambre forte mais t'as pas l'air d'avoir envie de m'la filer. Si tu me la donnes gentiment, je te jure qu'on fera pas d'histoires. Y'aura peut-être même pas de morts.

- Je... Je, bégaie-t-il.

- On détruira pas les locaux, essayé-je de le convaincre. On fera de mal à personne.

Il relève la tête, laissant apparaître un regard apeuré.

- Ce serait quand même dommage qu'on ait à employer la manière forte. Tu sais, si jamais ça tourne mal, tu risques éventuellement de te retrouver dans une sacrée merde, si tu vois ce que je veux dire. On est pas venu ici dans le but de tuer qui que ce soit. Alors, s'il te plaît, soit aimable.

Je tends la main. Voyant qu'il ne bouge pas, une voix bourrue retentit derrière-moi.

- Bon tu commence à me casser les...

- Du calme, du calme, George, j'interviens. Pas la peine de se mettre dans cet état. Je souris. Ce brave homme sait ce qu'il doit faire.

Je me retourne tout en gardant le mauser braqué sur le pauvre type. Je distingue George à la lumière de la chandelle. C'est un grand homme avec une carrure d'athlète. Des cheveux brun-clair ébouriffés lui tombent sur les épaules. Une barbe mal entretenue lui parcourt la mâchoire. Il devrait songer à en faire quelque chose. Mais c'est ce qui fait de lui George. Vêtu dans des vêtements de tous les jours, bruns verts, tâchés. Mais le hic, c'est qu'on n'est pas tous les jours. Aujourd'hui, c'est le 14 juillet. Le grand jour.

- Ce gentilhomme saura répondre à nos exigences, n'est ce pas ? Répondé-je.

Le banquier pousse un cri plaintif, comme la biche que Betty a tuée l'autre jour, lorsqu'on chassait.

- Cependant, je lance en jetant un regard hautain, il se pourrait que nous nous énervions, en cas de... Tu sais quoi.

- Arrête tes manières, on va la faire sauter à la dynamite, cette putain de porte, dit-George.

- Silence. Je me tourne. Ici, c'est moi qui décide. George, souviens toi seulement qui est le second.

- Que dirait Johanna, maugréé-t-il ? Ton numéro, il nous fait perdre du temps.

- C'est le plan qui a été convenu. Je vais me répéter encore une fois. Il y a deux possibilités, soit on fait sauter la porte de la chambre forte et toute la maréchaussée de Blackwater se ramène, soit on agit avec réflexion et on demande gentiment la clé à ce cher banquier.

George crache sans répondre. Alors je me retourne vers le type. Je m'apprête à hausser le ton. C'est vrai. On n'a pas toute la nuit, non plus.

Soudain, il me saute aux jambes en me faisant chuter.

The Fire InsideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant