Chapitre 5 - Je t'aime (au sens propre)

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Presque 7 ans ont passés depuis les adieux manqués de Léonor et Amalrik. Chacun a fait sa vie de son côté, des études de commerce pour Léonor et une école de design pour Amalrik. Léonor est en couple depuis 5 ans avec ce qui semble être l'homme de sa vie puisqu'elle le laisse l'aimer au sens propre, même si quand il lui a dit « je suis tombé amoureux de toi » son premier réflexe a été de répondre « j'espère que tu ne t'es pas fait trop mal ! ». Elle a fini par accepter de prendre le risque de perdre quelqu'un, parce que comme lui a dit Amalrik un jour, la peur n'évite pas le danger. Elle pense souvent à lui, à leur complicité, leurs délires. Elle a retrouvé tout ça avec son compagnon et quelque part elle ne peut s'empêcher de se dire qu'Amalrik lui a appris à aimer en acceptant de ne l'aimer et d'être aimé qu'au figuré.

Amalrik quant à lui a eu quelques histoires mais rien d'aussi fort qu'avec Léonor. Par contre il s'est fait un super groupe d'amis au lycée avec qui il a gardé contact, Léonor, ses conseils et ses pieds au cul avaient eu raison de sa misanthropie. L'école de design aussi c'était grâce à elle, à ses encouragements et à ses compliments sur son talent de dessinateur.

En fait quand on regarde leurs vies aujourd'hui et qu'on connait leur histoire, elle lui a appris à vivre et il lui a appris à aimer.

Amalrik a retrouvé la trace de Léonor, elle travaille dans une boutique du centre-ville, à quelques kilomètres de la cité de leur adolescence. Il décide d'y passer un matin, lorsqu'il n'y a pas encore trop de monde et qu'ils puissent parler quelques minutes. Il gare sa moto devant la boutique et n'a pas le temps d'en descendre que Léonor est déjà dehors.

— Salut Amalrik. Qu'est-ce que tu fais là ?

— Salut ! Comment tu m'as reconnu si vite ? Je n'avais même pas fini d'enlever mon casque que tu étais déjà sorti !

— J'ai entendu ta moto et je ne sais pas pourquoi mais je suis sorti sans réfléchir.

— Tu as dû me repérer à l'odeur !

— Non...pour une fois tu as l'air d'avoir fait l'effort de prendre une douche !!!

— Ça fait 7 ans et tu ne trouves rien de plus sympa à me dire ?

— ...

— Je déconne, à l'époque tu me vannais déjà à tout bout de champ et j'aimais ça ! Ça m'a manqué pendant toutes ces années !

— Je te malmenais quand même un peu !

— Ouais mais je confirme que j'aimais ça !

— Tu vas bien ?

— Et toi ? J'ai vu sur les réseaux sociaux que tu avais eu une petite fille et que tu bossais ici. Tu es heureuse ?

— Oui. Je suis désolé de ne pas avoir essayé de reprendre contact avec toi. Ce n'est pas l'envie qui manquait mais j'ai trouvé quelqu'un avec qui je suis bien mais il est du genre très jaloux et allergique à mon passé... Tu sais depuis que je suis avec lui, mes insomnies sont parties alors ça doit être le signe que lui aussi est mon âme sœur, vraiment désolé.

— Tu es heureuse avec un autre que moi, ne t'excuse pas pour ça, pour moi il n'y a que les trois premiers mots de cette phrase qui comptent.

— Si je t'avais permis de m'aimer, ce serait peut-être toi...

— Ou alors ça ce serait passé comme tu le présageais et on se serait quitté après s'être fait beaucoup de mal. Tu ne m'as pas permis de t'aimer mais tu m'as laissé faire partie de ta vie et ça m'a rendu heureux le temps que ça a duré.

— Pourquoi es-tu venu ?

— Tu n'es pas contente de me voir ?

— Bien sûr que si mais je te connais, tu ne fais jamais rien sans raison.

— Et bien je comptais te proposer de t'enfuir avec moi et de faire le tour du monde mais si tu es heureuse je me contenterais d'utiliser ceci.

Amalrik sorti de sa poche le fameux « bon pour un baiser d'adieu » et le tend à Léonor.

— J'espère qu'au bout de 7 ans il n'est pas périmé ! dit Amalrik.

Léonor s'approche, Amalrik prend son visage dans ses mains. Ils échangent un baiser doux et langoureux, l'un comme l'autre aimeraient qu'il dure plus longtemps mais Amalrik y met fin, conscient qu'il en demande déjà beaucoup.

— Soit heureuse et ne m'oublie pas, parce que moi je ne t'oublierai pas.

— J'aimerais te revoir...en amis.

— Moi aussi j'aimerais bien... répond Amalrik en remettant son casque.

— Alors à bientôt !

Amalrik lui répond par un sourire avant de refermer la visière et de démarrer. Il part et Léonor reste plantée devant la boutique à regarder la moto s'éloigner. En rentrant elle remarque un papier dans sa poche. Elle réalise que c'est Amalrik qui l'a glissé là pendant qu'ils s'embrassaient. Elle déplie le papier et fond en larmes.


« Quand les médecins m'ont dit que je n'avais plus que quelques semaines à vivre, je me suis rendu compte que mon seul regret dans cette vie était de ne jamais avoir goûté tes lèvres.

Adieu, je t'aime (au sens propre) »


FIN

Mon seul regretWhere stories live. Discover now