Chapitre 2 - La vraie Léonor

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La sonnerie de midi trente du mercredi retentit enfin. Amalrik est à la fois impatient et terrifié à l'idée de passer une après-midi entière avec cette fille qui l'intrigue et l'attire autant. Elle semble tellement à l'aise à l'idée d'accueillir un inconnu chez elle que s'en est troublant. Durant les vingt minutes de marche qui séparent le collège du quartier bourgeois où vit Léonor, elle ne cesse de taquiner Amalrik sur sa manie de regarder ses pompes en permanence, même quand il parle aux gens.

Léonor a un physique de femme malgré son jeune âge, elle n'est pas ronde mais elle a des courbes très féminines, surtout la poitrine mais elle les cache sous des fringues de garçon manqué. Elle a aussi cette gentillesse et cette douceur dans le regard qui dénote avec sa grande gueule et son vocabulaire fleuri. On pourrait presque dire que Léonor est deux personnes bien distinctes, presque en opposition. Quand on la voit, on ne devine pas qu'en fait elle n'habite pas dans la cité mais dans une grande maison bourgeoise et qu'elle a une chambre qui fait la taille du salon d'Amalrik.

En arrivant chez Léonor, Amalrik ne se sent pas très à l'aise, il ne sait même pas si sa mère est là ou si elle a des frères et sœurs. Sont-ils seuls ?

— Je fais une omelette avec du riz, ça te va ? demande Léonor.

— Ouais, on ne mange que tous les deux ?

— Oui ma mère passe la journée chez une amie avec mon petit frère et ma petite sœur.

— Elle travaille dans quoi ?

— Elle est instit en primaire, d'où le fait qu'elle ne bosse pas les mercredis.

Amalrik est impressionné, encore une fois, par Léonor et ses nombreuses compétences. À se demander ce qu'elle ne sait pas faire, son omelette est délicieuse, pourtant Amalrik n'aime pas ça d'ordinaire.

Le repas terminé, il est temps de passer au DM de français. Léonor l'a déjà fait hier soir mais elle préfère le refaire avec Amalrik, consciente qu'il est complètement largué. Elle ressent ce besoin irrépressible d'aider ce garçon tout juste débarqué d'on ne sait où, ou bien est-ce une excuse pour passer du temps avec lui ? Ce n'est pas dans ses habitudes de faire ça, elle aide rarement des camarades pour les cours. Léonor c'est surtout la fille avec laquelle on rigole, avec qui on traîne, avec qui on couche mais personne ne la connait vraiment. Quand des amis viennent chez elle, c'est pour faire la fête, fumer des pétards, boire, faire les cons mais rarement pour passer du temps à discuter ou à réviser, sauf Clara, sa meilleure amie. En fait Léonor dégage une sorte d'aura qui fait que les gens l'apprécie sans vraiment la connaitre et ça lui convient comme ça, elle n'aime pas parler d'elle ou de ce qu'elle ressent. Elle joue un rôle de fille décomplexée et extravertie à la perfection mais ce n'est qu'une façade, une façon de ne pas dévoiler qui elle est. À choisir elle préfère qu'on aime la fausse Léonor plutôt que de prendre le risque qu'on rejette la vraie et souffrir.

— On va se poser dans ma chambre, dit Léonor en prenant son sac et celui d'Amalrik.

— Ok...

— Ne stress pas comme ça, je ne vais te violer, t'inquiètes, dit Léonor en ricanant.

Mon seul regretTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang