Pourquoi te le dire

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 'Pourquoi te le dire' est le préquel de 'Te dire qui je suis' de @Misty1024. Cependant, je l'ai écrit après, à l'occasion de son concours. Je vous conseille donc fortement d'aller lire son OS et sa suite avant de lire le mien, pour faciliter votre compréhension. Sur ce, bonne lecture !

Le front appuyé sur l'immense fenêtre de ma chambre, le regard perdu dans les gouttes qui roulaient sur la vitre, je soupirais.

Toute cette situation était horrible.

Pourtant, tout avait bien commencé. Il y a deux semaines, Mlle Bustier nous avait demandé de réaliser un exposé pour le lundi suivant. Naturellement, au moment de former les groupes, je m'étais tourné vers Nino, Alya et Marinette. Nous y avions passé toutes nos heures de perm. de la semaine, et malgré une certaine gêne au départ, Marinette avait vite arrêté de bégayer. C'étaient vraiment des moments géniaux. Finalement, c'est elle qui emporta l'exposé pour le week-end, nous promettant de le rendre lundi finalisé. Je lui faisais totalement confiance pour ça, c'était une fille de parole. J'étais donc d'excellente humeur en rentrant ce soir là.

Bonne humeur que mon père se fit une joie de briser.

Quand je passai les grandes portes de l'entrée, il m'attendait déjà, debout, les mains dans le dos, un air glacial sur le visage et ses yeux encore plus gris que les lames des couteaux. Cela ne présageait rien de bon. Il m'ordonna immédiatement de le suivre dans son bureau, ce que je fis sans poser de question. Mieux vaut ne pas énerver la bête avant de pénétrer dans son antre.

Une fois assis en face de lui, un simple meuble nous séparant, je ne pus m'empêcher de détailler les environs. J'y venais rarement, à vrai dire. Seulement pour les choses « graves »... à ses yeux. La pièce était étrangement exiguë par rapport au reste de la maison. Une grande fenêtre, qui prenait presque toute la surface du mur à ma droite, était occultée par de lourds rideaux sombres. Un seul rai de lumière parvenait péniblement à passer, éclairant la vieille bibliothèque grisâtre située en face. Je savais que derrière moi se trouvait la porte, qui était, tout comme le mur, tapissé de croquis et d'idées de design jaunies. J'en supposais que regarder ses anciennes œuvres inspirait mon père. En face de moi enfin, un bureau en bois, aux couleurs délavées, porteur d'un petit tas de documents et d'une unique tablette. Les coudes posés de part et d'autre de cette dernière, les doigts joints devant ses lèvres pincées, et le regard froid et scrutateur, mon père me fixait comme s'il se demandait comment résoudre ce problème. Sa chaise devait être surélevée, car il me regardait de beaucoup plus haut. Ou peut-être était-ce une illusion ? Cette pièce poussiéreuse, cette attitude réprobatrice, me firent baisser les yeux, mes mains soudainement bien plus intéressantes. Je n'étais pas peureux, mais il y avait quelque chose de dangereux à fixer les prunelles de l'homme qui me regardait.

C'est alors qu'il parla.

Je pense que peu de monde a pu parler à mon père. De face à face, je veux dire. Il ne sort jamais de chez lui, son seul représentant étant son assistante se baladant avec l'objet électronique qui était alors posé devant moi. En y réfléchissant, je crois bien que même Nathalie lui parlait rarement, autrement que par micro ou écran interposé. A moins que je ne sache pas certaines choses... Ce qui ne m'étonnerait pas venant de lui. Mon père ne dîne même pas avec moi, alors discuter... De mon entourage, je crois que les seuls a avoir tenté l'expérience sont Nino et Ladybug -si on peut la considérer faisant partie de mes proches. On se rappelle comment cela a fini pour ce dernier... Quant à ma Lady, il me semble qu'elle s'en était plutôt bien sortie. Normal : c'est une fille forte, et courageuse. Et il en faut, du courage, pour affronter le discours hypnotisant de mon géniteur. Il peut vous convaincre de tout. Que tout est de votre faute, que vous n'êtes qu'un bon à rien. Ou que vous êtes l'amour de sa vie, comme il l'a fait avec ma mère. Quelques fois, il me faisait penser au Papillon, qui manipule ses victimes pour exacerber leurs émotions. Sauf que lui, étrangement, je le trouvais bien plus humain, en un sens : c'est en comprenant ses akumatisés qu'il peut les influencer. Quant à mon père, il pense tout ce qu'il dit : c'est ce qui fait sa force. Mais moi, ce jour là, il ne me mit qu'en colère.

Miraculous, OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant