𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚌𝚒𝚗𝚚

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— Un garde vous emmènera personnellement, nous ne sommes pas habilitées à vous —

— Très bien, cela veut dire non. C'était assez évident au vu de l'heure tardive, mais j'aime être certain des choses.

Au-dehors, la nuit était tombée et la présence de tous ces gens dans sa chambre avait créé une petite buée aux extrémités des fenêtres.

— Je n'ai pas besoin de ces vêtements. Ses yeux ne vont pas brûler en me voyant.

Les doigts de la plus âgée se resserrèrent autour des étoffes, et Oikawa rencontra son regard courroucé.

— Vous ne pouvez pas parler ainsi du roi. Si quelqu'un vous avez entendu, on aurait pu vous accuser de...

Il agita la main.

— Oui, oui. Je suis au fait de toutes ces choses : je suis un prince, vous vous souvenez ?

Utiliser le passé n'aurait servi à rien. « J'étais un prince » : si cela était le cas, alors on ne l'aurait pas traité ainsi. Si lui même ne se considérait pas comme tel, alors personne ne le ferait.

Derrière, Iwaizumi l'observait avec une crainte légitime. Un mot de trop, et ils finissaient tous les deux sous la lame d'une épée.

Mais ce rappel eut tout de même l'effet escompté : il n'était qu'un prisonnier, un prince déchu, un jeune homme arrogant au regard froid. Mais même avec cela, c'était tout de lui qu'on servait, lui qui vivait dans le luxe, lui qui pouvait se permettre de donner les ordres.

Elles n'étaient que des servantes. La femme serra les dents.

— Je vais choisir quelque chose parmi tout ça, dit-il en pointant le doigt vers l'armoire en bois. C'est une entrevue, vous l'avez dit vous même.

— Nous n'avons...

— À moins qu'il y ait une raison plus précise à votre demande ?

Il sourit encore plus largement. La chambre s'était faite un peu plus fraîche au fil de la soirée, et ses jambes nues qui dépassaient de son peignoir laissèrent apercevoir des frissons amusés. Tout cela était fascinant, chaque mot qui sortait de sa bouche lui donnait envie de rire : l'adrénaline était un poison dangereux, il s'en était rendu compte depuis longtemps.

Mettre sa vie sur le fil du rasoir, voir où la patience de ses opposants se terminait. Un frémissement de lèvres, un tic de la paupière. Ces femmes étaient fatiguées, il était tard, et ces vêtements étaient lourds. Oikawa agissait comme un noble arrogant.

Il ajouta ;

— Je sais que les rumeurs à mon propos sont parvenues jusqu'ici. Le contraire serait étonnant. Est-ce pour ça ?

Elles eurent toutes la décence de paraître gênées.

— Ma déviance n'était pas un secret, continua-t-il et, derrière, Iwaizumi compris enfin de quoi il parlait. N'avez-vous pas peur que je tente de séduire votre roi avec de tels habits ? Est-ce peut-être ce que vous désirez ? Ce ne serait pas correct...

La plus âgée ne cacha pas son dégoût. Elle fronça le nez et releva le menton en resserrant ses bras autour des vêtements. Les deux autres rougirent furieusement et détournèrent le regard. À côté de la porte, son chevalier fit un pas de côté pour leur libérer le passage.

— Sortez, ordonna-t-il finalement en voyant qu'elles ne répondraient rien de plus.

— Le garde viendra bientôt vous chercher. Soyez prêt.

La femme la plus imprudente s'inclina poliment, les traits tirés, puis fit un signe de tête aux autres pour leur montrer la porte. Quand elles furent toutes dehors, Oikawa se releva lentement. Les cheveux à présent secs, il se dirigea vers l'armoire.

Iwaizumi paraissait inquiet.

— Apporte-moi mes bagues, souffla le prince en sélectionnant des vêtements sobres et ennuyeux. Elles sont restées à côté de la baignoire.

— Votre Altesse....

Il se retourna vers lui. La main de son chevalier n'avait pas quitté son épée, et encore une fois il regretta la sienne.

Oikawa sourit.

— Oui ?

— Faites attention à vous.

— N'est-ce pas ce que je fais toujours ?

Iwaizumi fronça les sourcils.

— Je ne suis pas sûr. Savez-vous pourquoi le roi vous demande ?

On frappa à la porte. Deux fois. Oikawa ne détourna pas le regard pour autant, et répondit d'une voix forte : « je suis nu ! ». Un grognement lui répondit, de l'autre côté de la cloison.

Quand il répondit, un peu plus bas, son visage n'afficha qu'une vague expression rassurante.

— Non, Hajime. Je ne sais pas. Je reviens vite, ne t'en fais pas.

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Ad Vitam Aeternam | UshiOiWhere stories live. Discover now