𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚝𝚛𝚘𝚒𝚜

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Bonne lecture !

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La vieille taverne sentait la sueur, l'urine, et l'alcool.

Si Oikawa ne se trompait pas, la table sur laquelle il était en train de déguster sa bière immonde avait connu des jours meilleurs. Il n'avait pas osé y poser un coude, de peur de toucher les taches noirâtres un peu étranges qu'il devinait sur le bois. Dans un coin reculé de la pièce, caché par la foule qui écoutait presque sagement (il ne fallait pas abuser, certains parlaient forts et d'autres semblaient sur le point de se battre, le nez rouge d'alcool) Oikawa porta sa pinte à ses lèvres et laissa le liquide amer descendre dans sa gorge.

Au loin, sur l'estrade éclairée par les seules bougies de la pièce étroite, un homme faisait un nouveau discours. C'était le troisième de la soirée, et certainement le dernier qu'il écouterait : son horloge interne lui indiquait que le temps de repartir s'annonçait, s'il ne voulait pas retomber sur une servante matinale une fois au palais.

— Ils ne se méfient même plus de nous ! Ils nous considèrent tous comme de gentils esclaves, des travailleurs sages et obéissants ! Mais est-ce que c'est ce qu'on est ? De simples chiens sans maison ?

Certains cris retentirent, et ceux du bar levèrent les bras en l'air pour montrer leur approbation.

— Les soldats de ce foutu pays nous regardent comme la merde de leurs gentils clébards, et tant mieux. Ils n'ont aucune idée de ce qui se prépare : il faut parier gros, tout de suite. En un coup, l'effet de surprise ! Ce château est aussi bien protégé que la maison de ma grand-mère en hiver : les gardes sont fainéants et fatigués, et les failles plus que visibles. Ils ont une armée ? Nous aussi !

L'homme qui parlait avait tout d'un leader. Homme du peuple, grand, sérieux : Oikawa l'avait observé parler à presque tout le monde avant son temps de parole, et aucun doute que c'était lui qui allait mener les trois quarts de l'opération.

Mais malgré ce qu'il essayait de faire croire, ses yeux n'étaient pas fournis de cette étincelle de ruse, d'intelligence. Il n'était pas bête, mais ses plans étaient simples. Ce n'était pas un stratège ; aucun d'eux ne l'était.

Oikawa but encore un peu.

Quand il arriva au bout de son discours, à peine quelques minutes plus tard, il descendit de l'estrade sous une foule d'applaudissements. Les réunions de leur révolution se faisaient toujours dans ses bars, des endroits communs et populaires.

Tous ceux qui l'entouraient venaient de peuples différents, de frontière que Shiratori avait étendue. L'esclavage ne se faisait plus tellement, ici : ils ramenaient quelques personnes, pour pallier à ceux qui partaient à l'étranger pour garder l'ordre. Mais personne d'important.

Oikawa était sur le point de se lever quand la chaise en face de lui racla le sol. Le leader s'y laissa tomber sans aucune grâce, et leva le bras pour commander une bière au patron qui lui renvoya un signe.

Son regard se posa sur Tooru, et il eut envie de lever les yeux au ciel.

Il n'aimait pas servir de point sur un autre échiquier que le sien. Mais cet homme pensait réellement le tenir dans sa paume.

— Alors, monsieur le prince ? Qu'en pensez-vous ?

Cette appellation manqua de lui arracher une grimace. Faisait-il semblant de ne pas connaître les bons titres ou n'avait-il pas eu l'éducation nécessaire ? C'était risible. Oikawa haussa un sourcil.

— Suis-je censé en penser quelque chose ?

Il l'avait pris au dépourvu, et son expression le fit sourire. Il ricana.

Ad Vitam Aeternam | UshiOiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant